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Le tribunal devrait rendre son verdict d'ici le 20 décembre.
Le mégaprocès pour viols en France est entré dans une nouvelle phase, lundi, alors que les procureurs ont commencé à présenter les verdicts et les peines qu'ils réclament au tribunal pour les dizaines d'hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pélicot alors qu'elle était droguée et rendue inconsciente par son mari.
Après des audiences s'étalant sur près de trois mois, le procès de 51 accusés à Avignon, dans le sud de la France, commence à se conclure. Le courage de Mme Pélicot pendant cette procédure pénible a contribué à la transformer en une icône, même au-delà de la France, pour les militants luttant contre les violences sexuelles.
Les procureurs ont amorcé lundi leurs plaidoiries en se concentrant sur Dominique Pélicot, l'homme avec lequel Gisèle Pélicot, âgée de 71 ans, a été mariée pendant près de 50 ans et qu'elle croyait être un mari aimant et attentionné.
Mais le principal accusé dans cette affaire a admis avoir, pendant des années, mélangé des sédatifs à sa nourriture et à ses boissons pour pouvoir la violer et également inviter des dizaines d'étrangers qu'il avait recrutés en ligne à la violer également.
L'avocate générale Laure Chabaud a demandé aux juges de prononcer la peine maximale pour viols aggravés, soit 20 ans de réclusion, contre l'ex-mari de la victime. Dominique Pélicot, qui fête cette semaine ses 72 ans, regardait le sol, une main sur le manche de sa canne, pendant que parlait la procureure.
L'avocate générale a soutenu que la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle, «c'est à la fois beaucoup et trop peu».
Le tribunal devrait rendre son verdict d'ici le 20 décembre.
Gisèle Pélicot, qui a renoncé à son droit à l'anonymat, a demandé que des images explicites filmées par son mari lors des viols soient présentées au tribunal, montrant qu'elle était inconsciente et inerte, ronflant de manière audible.
L'avocat général Jean-François Mayet a d'ailleurs salué à nouveau lundi le «courage et la dignité» de Gisèle Pélicot, pour que «la honte change de camp».
Il a par ailleurs souligné que lundi marquait également la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et a déclaré que la France avait un long chemin à parcourir pour que la société change son regard sur la culture du viol.
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Gisèle Pélicot est restée assise tranquillement, parfois les yeux fixés sur le plafond, tandis que les procureurs expliquaient comment Dominique Pélicot avait amassé et soigneusement catalogué une bibliothèque de 20 000 photos et vidéos des viols qui se sont étalés sur près d'une décennie. Les preuves qu'il a stockées sur des disques durs, des clés USB et des téléphones ont conduit les enquêteurs à des dizaines d'hommes qu'il avait recrutés, bien qu'une vingtaine d'autres n'aient pas encore été identifiés.
Tous les accusés, sauf un, sont jugés pour viol aggravé ou tentative de viol. Dans un témoignage précédent, Mme Pélicot a déclaré qu'ils l'avaient traitée «comme une poupée de chiffon», comme «un sac poubelle».
«À quel moment se sont-ils posé la question du consentement? Ni avant, ni pendant, ni après», a déclaré l'avocat général Mayet, lundi.
Des membres du public qui espéraient assister au procès et qui faisaient la queue à l’extérieur ont hué certains accusés à leur entrée dans le palais de justice, en criant: «Nous vous reconnaissons» et «Honte». Des banderoles accrochées devant le bâtiment par les militants clamaient «20 ans pour chacun» et «Un viol est un viol». Gisèle Pélicot a été accueillie à l’extérieur par des acclamations et des applaudissements.
Les procureurs ont décrit un par un les viols que les coaccusés de Dominique Pélicot auraient commis sur sa femme inconsciente et avec son aide et ses règles, notamment de ne pas faire de bruits forts et de se réchauffer d'abord les mains pour ne pas la réveiller.
Les accusés et les viols présumés sont si nombreux que les procureurs devaient prendre trois jours pour résumer les preuves et détailler les verdicts et les peines qu'ils souhaitent pour chacun. Dans les premiers dossiers sur lesquels les procureurs se sont concentrés lundi, après avoir requis 20 ans de prison pour Dominique Pélicot, ils ont demandé des peines de 10 ans ou plus pour les coaccusés également jugés pour viol ou tentative de viol.
Dominique Pélicot a déjà reconnu en larmes devant le tribunal qu'il était coupable des accusations portées contre lui. Il a déclaré que tous ses coaccusés comprenaient exactement ce qu'ils faisaient lorsqu'il les a invités chez lui à Mazan, en Provence, entre 2011 et 2020, pour avoir des relations sexuelles avec sa femme inconsciente, qui a divorcé de lui après avoir appris ce qu'il lui avait fait. Il n’a eu aucune difficulté à trouver des dizaines d’hommes pour participer.
Lors de témoignages précédents, de nombreux accusés ont déclaré au tribunal qu’ils n’auraient pas pu imaginer que Dominique Pélicot droguait sa femme, et qu’on leur avait dit qu’elle était une participante consentante à un fantasme pervers.
L’avocate de Dominique Pélicot, Béatrice Zavarro, a déclaré que la demande du parquet de la peine maximale possible à son encontre n'était pas une surprise, puisque le principal accusé «est le dénominateur commun de ces scènes sexuelles qui se déroulent de 2011 à 2020».
Le premier ministre Michel Barnier, s’exprimant à Paris dans un centre pour femmes victimes de violences, a déclaré que «ces derniers mois, les Français ont été profondément marqués par le courage incroyable de Gisèle Pélicot».
«Ce procès nous touche tous, et nous attendons tous l'issue de ce procès avec beaucoup d'attention.»