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Certains progrès ont été réalisés sur des cibles moins controversées telles que l’équité entre les sexes, mais les cibles phares sont encore couvertes par des «peut-être».
Le projet de texte d'un nouvel accord visant à protéger la nature contre les comportements humains destructeurs est toujours jonché de désaccords alors qu'il ne reste que trois jours sur le calendrier officiel de pourparlers de la COP15 à Montréal.
Avec un million d'espèces menacées d'extinction au cours de ce siècle et une majorité d'environnements terrestres et marins déjà considérablement modifiés par les activités humaines, les 196 nations de la convention des Nations Unies sur la biodiversité recherchent un nouvel accord audacieux qui arrête la destruction de la nature et cherche à restaurer ce qui a déjà été perdu.
La finalisation de cet accord est un processus délicat qui a commencé il y a quatre ans et qui devrait se concrétiser lundi à Montréal. Mais les progrès ont été lents, en particulier sur le degré d'ambition de l'accord et sur la manière dont tout sera financé.
Des progrès significatifs ont été réalisés tôt samedi sur l'un des éléments clés du cadre lié à la manière dont il sera mis en œuvre une fois que les parties auront accepté le texte. Les détails de mise en œuvre manquaient dans le dernier accord mondial sur la biodiversité conclu à Aichi, au Japon, en 2010 et cela est considéré comme l'une des principales raisons pour lesquelles il n'a atteint aucun de ses objectifs.
L'autre raison pour laquelle le cadre d'Aichi a échoué était le manque de financement, et cela s'avère être le plus gros point de friction à Montréal.
Les ministres de l'Environnement du Rwanda et de l'Allemagne ont passé les deux derniers jours à essayer de combler un fossé important entre les pays en développement et les pays développés sur le montant d'argent que les pays riches offrent et si un nouveau fonds est créé pour faire transiter cet argent.
«En écoutant tous les groupes, nous avons eu le sentiment qu'au cours des 36 dernières heures, les parties ont assoupli leurs positions, mais pour être honnête, pas dans la mesure nécessaire», a déclaré la ministre allemande de l'Environnement, Steffi Lemke.
La ministre rwandaise de l'Environnement, Jeanne d'Arc Mujawamariya, a déclaré samedi que les parties semblaient convenir que les pays développés devaient s'engager à verser l'équivalent de 275 milliards $ par an d'ici 2030 de toutes sources, y compris les fonds publics et les contributions du secteur privé.
C'est au moins 100 milliards $ de plus que ce que l'organisme américain Nature Conservancy a estimé avoir été dépensé pour la conservation de la nature en 2019.
La cheffe de la direction de Nature Conservancy, Jennifer Morris, a souligné qu'environ 6 milliards $ de nouveaux fonds publics avaient été promis au cours des 18 derniers mois pour protéger la biodiversité, ce qu'elle a qualifié d'«acompte» important pour sauver la nature.
Au cours des derniers jours, les pays développés se sont efforcés de prouver leur engagement envers le financement. Le Canada, par exemple, a ajouté 255 millions $ supplémentaires à ses offres vendredi, portant son engagement total au cours des cinq prochaines années à plus de 1,5 milliard $.
Mais les pays développés, dont le Canada, ont prévenu qu'ils ne pouvaient pas combler tout l'écart à eux seuls et accusent les pays en développement de faire des demandes qui ne peuvent tout simplement pas être satisfaites.
«Certains des chiffres qui ont été mentionnés sont irréalistes», a déclaré Katrin Schneeberger, directrice de l'Office fédéral suisse de l'environnement, lors de la session plénière de samedi.
«Nous concentrer sur des éléments irréalistes et irréalisables ne nous fera pas avancer.»
Cependant, plus que le montant d'argent proposé, le désaccord qui freine les progrès sur un texte final est de savoir s'il faut ou non envoyer l'argent via un tout nouveau fonds mondial pour la biodiversité.
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La Commission européenne et certains de ses États membres ont été catégoriques sur le fait que le Fonds pour l'environnement mondial existant est le meilleur choix, affirmant que la création d'un nouveau fonds prendrait des années.
Les pays en développement pensent qu'un nouveau fonds dédié à la biodiversité est la seule voie à suivre, car le FEM, comme on désigne généralement le fonds existant, est volumineux, inefficace et a de nombreuses contraintes.
La ministre allemande Lemke a indiqué qu'il existe un potentiel de compromis proposé par la Colombie pour créer un fonds dédié à la biodiversité au sein du FEM, mais cela n'a pas encore été accepté.
L'autre objectif controversé du projet de cadre visant à conserver 30 % des zones terrestres et marines du monde d'ici 2030 n'est pas non plus finalisé, bien que des progrès aient été réalisés ces derniers jours.
La ministre égyptienne de l'Environnement, Yasmine Fouad, et le ministre canadien de l'Environnement, Steven Guilbeault, ont été dépêchés mercredi pour faire avancer cet objectif, qui est l'un des plus critiques pour l'objectif d'arrêter la perte de biodiversité et de commencer à restaurer ce qui a été perdu d'ici la fin de cette décennie.
Mme Fouad a déclaré à la plénière qu'il y avait des recommandations pour aller de l'avant, mais n'a pas donné plus de précisions.
M. Guilbeault et les ministres européens ont été clairs sur le fait que l'augmentation du financement doit être satisfaite par la coopération des pays en développement pour atteindre l'ambition de l'objectif «30x30».
Certains pays en développement s'inquiètent d'une perte de contrôle ou d'utilisation de leurs ressources naturelles si autant de terres sont conservées, tandis que les communautés autochtones craignent d'être chassées de leurs propres terres qu'elles ont contribué à protéger pendant des siècles.
M. Guilbeault a demandé samedi aux délégués de la COP15 de veiller activement à la conclusion d'un véritable accord ambitieux, à l'instar des ministres réunis à Paris en 2015.
«On a fait ça à Paris, on peut le faire ici à Montréal, a-t-il dit. Le monde entier regarde. Nous avons le pouvoir de changer le cours de l'histoire. Donnons à la nature le moment parisien qu'elle mérite.»
Avec des informations de Morgan Lowrie et Sidhartha Banerjee à Montréal.