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Dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées, le RAPLIQ a tenu samedi à Montréal une conférence-panel sur l’assistance sexuelle afin de lutter contre les tabous liés à cet enjeu.
Le recours à l’assistance sexuelle se doit d’être décriminalisé et accessible au Québec: c’est ce que revendique le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), qui œuvre pour la protection des droits des personnes en situation de handicap.
Dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées, le RAPLIQ a tenu samedi à Montréal une conférence-panel sur l’assistance sexuelle afin de lutter contre les tabous liés à cet enjeu.
Pour Linda Gauthier, cofondatrice, présidente et porte-parole de l’organisme, cette discussion est l’occasion de mettre en lumière l’incompréhension des Québécois par rapport à ce type de service.
«La majorité de la société pense que les gens handicapés sont des êtres asexués et qu’ils n’ont pas de pulsions sexuelles, ce qui est complètement faux. Par contre, certains ne peuvent pas se soulager eux-mêmes, et donc ils ont besoin d’un service adapté», a-t-elle expliqué en entrevue.
L’assistance sexuelle est donc l’ensemble des services offerts qui consiste à accompagner le plaisir des personnes en situation de handicap, que ce soit de nature érotique ou sexuelle. Selon Mme Gauthier, l’État se doit de considérer cette activité «comme n’importe quel autre service thérapeutique».
«Nous, on veut prendre position pour dénoncer sur le fait que ce soit considéré comme de la prostitution, soutient la porte-parole. En Suisse et en Allemagne, c’est légal et encadré, et on veut la même chose ici», revendique-t-elle.
L’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et le Danemark, entre autres, reconnaissent tous l’assistance sexuelle comme un droit, la plupart depuis des décennies. Certains pays remboursent même les prestations issues de ce genre de soin.
Sandra Wesley, directrice générale de l’organisme Stella et panéliste de la conférence, ne fait pas de distinction entre l’assistance sexuelle et les autres services offerts au sein de l’industrie.
«La majorité des travailleuses vont rentrer en contact avec des personnes en situation de handicap ; ça fait partie du métier. Et au niveau de la loi, c’est considéré comme la même chose, donc on est présentes aujourd’hui avec une approche de solidarité», explique-t-elle.
Elle précise que plusieurs personnes en situation de handicap ont des besoins similaires aux autres clients, mais que la «logistique» du service doit parfois être adaptée pour tenir en compte des limitations physiques, par exemple.
«Dans d’autres cas, ça se rapproche davantage de la thérapie, parce qu’il va y avoir une éducation sexuelle pour que la personne puisse accéder à la sexualité. Et là est l’enjeu de la criminalisation: c’est compliqué pour les personnes en situation de handicap de savoir avec qui travailler, car on ne peut pas s’afficher clairement», déplore Mme Wesley.
Ainsi, la route vers l’acceptation sociale de l’assistance sexuelle reste longue, estime Linda Gauthier, ajoutant qu’un «travail de société» devra se faire pour atteindre la décriminalisation.
«Aujourd’hui, on a des avocats sur place pour nous offrir un point de vue légal, et pour voir ce qu'il est possible de faire. [...] On commence par la décriminalisation, et on espère voir un jour des remboursements de ces services par le gouvernement», conclut la porte-parole.
Au Canada, le travail du sexe est toujours criminalisé en vertu de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes de l'exploitation, adoptée en 2014 sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
La conférence-panel regroupait aussi le sexologue Daniel Gonzalez et l'ergothérapeute Louis-Pierre Auger.