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Les violences du week-end semblent susceptibles de contrecarrer les tentatives de lever les sanctions dans un avenir proche.
Le chef de la diplomatie syrienne et ses homologues des pays voisins ont appelé dimanche à la levée des sanctions occidentales contre la Syrie et à la réconciliation après la guerre.
Les ministres des Affaires étrangères de Turquie, d'Irak, de Jordanie et du Liban ont fait ces remarques aux côtés du ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad Hassan al-Chibani, à l'issue d'une réunion dans la capitale jordanienne Amman.
Ces propos surviennent après des jours d'affrontements entre les forces de sécurité syriennes et les insurgés de la communauté minoritaire alaouite fidèle au gouvernement déchu de Bachar al-Assad, dans la province côtière syrienne.
Certains groupes de défense des droits de la personne affirment que des centaines de civils, principalement alaouites, ont été tués lors d'attaques de représailles après le déclenchement des combats. L'Associated Press n'a pas pu vérifier ces chiffres de manière indépendante.
Les États-Unis et l'Europe ont hésité à lever les sanctions contre la Syrie avant qu'une transition politique claire, démocratique et inclusive des minorités et de la société civile syriennes ne soit mise en place. Au même moment, le pays a désespérément besoin d'argent pour reconstruire après des années de guerre et sortir des millions de personnes de la pauvreté. Les Nations unies estiment qu'environ 90 % de la population syrienne vit dans la pauvreté.
«Nous protégeons toutes les composantes du peuple syrien et nous ne faisons aucune discrimination entre elles. Nous ne permettrons pas que les tragédies du peuple syrien se répètent», a soutenu M. al-Chibani.
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Les nouvelles autorités islamistes syriennes dirigées par le président par intérim Ahmed al-Charaa ont eu du mal à convaincre les États-Unis et l’Europe de lever les sanctions pour commencer à reconstruire le pays après 13 ans de guerre et de se réconcilier avec les Kurdes du nord-est et les Druzes du sud pour exercer l’autorité de l’État dans tout le pays.
Les violences du week-end semblent susceptibles de contrecarrer les tentatives de lever les sanctions dans un avenir proche. Les États-Unis et l’ONU ont publié des déclarations condamnant les meurtres de civils, que le secrétaire d’État américain Marco Rubio a décrits comme étant perpétrés par des «terroristes islamistes radicaux, y compris des djihadistes étrangers». Il a appelé Damas à demander des comptes aux auteurs de ces crimes.
Dimanche également, M. al-Charaa a annoncé la formation d’un comité chargé d’enquêter sur les violences dans les communautés côtières, notamment les «violations contre les civils», et un autre chargé de «maintenir la paix civile».
M. al-Charaa a affirmé dans une déclaration vidéo que l’éclatement de la violence faisait partie des «tentatives des restes de l’ancien régime, avec des parties étrangères derrière eux, de créer de nouveaux conflits et d’entraîner notre pays dans une guerre civile, dans le but de le diviser et de détruire son unité et sa stabilité».
Il a fait valoir que les nouvelles autorités du pays «ne toléreront pas les restes d’Assad qui ont commis des crimes contre nos forces armées et nos institutions étatiques» et a promis de «tenir pour responsables avec toute la fermeté et sans clémence quiconque a été impliqué dans le sang des civils ou a porté atteinte à notre peuple».
Il reste à voir si ces mesures réussiront à calmer la situation et à rassurer à la fois les Syriens et la communauté internationale.
Les voisins de la Syrie craignent que l’économie pulvérisée du pays et les tensions internes puissent avoir un impact sur leur propre stabilité.
«La stabilité en Syrie nécessite un dialogue avec les différentes composantes du pays», a déclaré le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, lors d'une conférence de presse commune.
Les ministres des Affaires étrangères ont critiqué ce qu'ils ont qualifié d'intervention étrangère dans la région, après que les troupes israéliennes ont mené des opérations militaires dans le sud de la Syrie et se sont emparées d'une zone tampon de l'ONU qui sépare la Syrie du plateau du Golan, qu'Israël a conquis et annexé en 1967. Dimanche, les commandants israéliens ont visité et évalué la zone tampon.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a salué la réunion «historique» et a appelé à la coopération pour réduire les tensions en Syrie. Il a aussi affirmé qu'il travaillerait avec d'autres contre les cellules dormantes appartenant au groupe extrémiste État islamique (EI) et aux affiliés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Syrie et en Irak.
«C'est un problème régional. Quels que soient nos idéaux, nous devons tous combattre l'EI ainsi que le PKK, ce sont tous deux des entités terroristes», a-t-il ajouté.
Le ministre irakien des Affaires étrangères a averti que les cellules dormantes de l'EI se multiplient.
«Nous devons d’abord prendre l’initiative d’échanger des points de vue et des informations sur les dernières opérations (du groupe État islamique) et notamment sur leur expansion non seulement aux frontières syriennes avec l’Irak et la Jordanie, mais aussi sur le territoire syrien», a soutenu M. Hussein.