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Science et nature

Les journées rallongent en raison des changements climatiques, dit la NASA

«Un minuscule être humain, qui fait des choses stupides, est à l'origine de ce phénomène...»

Charlie Buckley
Charlie Buckley / CTV News

Une étude partiellement financée par la NASA et la gouvernement canadien avance que la montée du niveau des mers rallongerait la durée de chaque journée sur notre planète. Et rien n'indique que cela va s'arrêter.

Publiée lundi, l'étude réalisée par des chercheurs du Canada, des États-Unis et de Suisse porte sur les effets en aval du changement climatique sur la physique même de la Terre.

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«Chaque jour a une durée légèrement différente en raison de nombreux facteurs, dont les changements climatiques», a déclaré Surendra Adhikari, coauteur de l'étude, lors d'une entrevue accordée au CTVNews.ca.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

«Cela témoigne de la gravité des changements climatiques en cours.»

Contrairement à la croyance populaire, la Terre n'est pas une sphère parfaite. Si la surface est remarquablement lisse à l'échelle de la planète, la plupart des gens oublient de prendre en compte l'eau et, en particulier, la façon dont elle se déplace.

Lorsque la planète tourne sur son axe, la distribution des océans de la Terre subit l'impact de cette force et, comme dans une centrifugeuse, le liquide est repoussé du centre, en particulier près de l'équateur.

En conséquence, la Terre, avec ses océans et tout le reste, est bombée en son centre, créant non pas une sphère, mais une forme que les scientifiques appellent un sphéroïde.

L'aplatissement, ou la taille du renflement à l'équateur, est au cœur des conclusions d'Adhikari et de ses collègues.

L'étude indique que la hausse des températures mondiales entraîne la fonte des calottes polaires, ce qui transforme une plus grande partie de l'eau terrestre en liquide, modifiant ainsi la dynamique de la rotation de la Terre.

«Si vous voyez comment un patineur artistique contrôle son mouvement, s'il doit ralentir, il étend simplement ses bras ou ses jambes, ce qui est fondamentalement le même concept», a expliqué M. Adhikari.

Une question de millisecondes

Bien que les jours soient mesurés selon une durée normalisée de 86 400 secondes chacun, le temps réel nécessaire à un point de la surface terrestre pour effectuer une rotation complète ne cesse de s'allonger, à un rythme qui, selon les scientifiques, pourrait s'aggraver à mesure que les dangers du changement climatique s'accentuent.

Par rapport à l'âge de la Terre, la journée de 24 heures est relativement récente, un sommet atteint après des milliards d'années de croissance. Il y a 500 millions d'années, le cycle jour-nuit ne durait que 22 heures au total; un milliard d'années plus tard, les scientifiques estiment qu'il est plus proche de 19 heures.
Historiquement, le taux d'augmentation attribuable au changement climatique a été lent, oscillant entre 0,3 et une milliseconde quotidienne supplémentaire tous les 100 ans entre 1900 et 2000. Mais avec l'intensification des séquelles de la révolution industrielle, le taux a augmenté, atteignant environ 1,33 milliseconde par jour et par siècle depuis le début du millénaire.

Les recherches d'Adhikari et de ses collègues ont révélé que dans un scénario de fortes émissions, ce taux pourrait dépasser 2,5 millisecondes d'ici à 2100, marquant ainsi la première fois que l'influence de l'humanité sur la rotation de la Terre serait plus importante que celle de la Lune et des marées.

«Au cours de l'évolution géologique de la Terre, la friction des marées par la Lune a été la cause dominante de l'augmentation de la durée du jour», conclut l'étude.
«Toutefois, si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, le réchauffement de l'atmosphère et des océans et la fonte des glaces qui y est associée entraîneront un taux beaucoup plus élevé.»

Un impact sur nos vies?

Quelques millisecondes supplémentaires par jour au cours d'une vie humaine ne constituent pas l'impact le plus urgent du changement climatique, même si M. Adhikari note que les systèmes informatiques, qui reposent sur une journée de 86 400 secondes, pourraient nécessiter un ajustement lorsque les subtilités du temps commenceront à se désynchroniser.

Il s'agit d'un problème que les physiciens et les informaticiens surveillent depuis les années 1970 et qui a longtemps été considéré comme nécessitant l'ajout occasionnel d'une «seconde intercalaire» supplémentaire dans les décomptes des horloges atomiques afin d'éviter des problèmes logistiques de grande ampleur.
Selon une étude récente de l'Université de Californie à San Diego, l'impact du changement climatique sur la rotation de la Terre pourrait encore compliquer le moment et la manière dont ces secondes intercalaires doivent être insérées, ce qui constituerait une pièce supplémentaire d'un puzzle international contrariant.

«Cela posera un problème sans précédent pour la synchronisation des réseaux informatiques», peut-on lire dans l'étude. «Le réchauffement climatique affecte déjà le chronométrage mondial.»

M. Adhikari estime que les conclusions de l'étude de la NASA symbolisent l'influence de l'humanité sur notre planète et qu'en quelques centaines d'années d'industrialisation seulement, les effets secondaires pourraient un jour dépasser ceux de la Lune.

«D'une certaine manière, nous avons tellement perturbé notre système climatique que nous sommes témoins de son impact sur la manière même dont notre Terre tourne... un minuscule être humain, qui fait des choses stupides, est à l'origine de ce phénomène...»

Charlie Buckley
Charlie Buckley / CTV News