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Globalement, en 2021, le Canada a émis 670 millions de tonnes de dioxyde de carbone et ses équivalents en méthane, en oxyde nitreux et en gaz synthétiques, soit 11 millions de plus qu'en 2020.
Plusieurs experts du changement climatique ont dit vendredi qu'ils avaient des raisons d'espérer dans les efforts du Canada pour ralentir le réchauffement de la planète, même si les émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays ont légèrement augmenté en 2021.
L'inventaire annuel des émissions du Canada pour 2021, publié vendredi, montre que les émissions de toutes les sources se sont élevées à 670 millions de tonnes cette année-là. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 659 millions de tonnes enregistrées en 2020.
D'ordinaire, toute augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) fait bondir les défenseurs de l'environnement. Cette fois-ci, ce n'est pas le cas.
«Le dernier rapport sur les émissions du Canada contient un rare noyau de bonnes nouvelles», a déclaré Rachel Doran, directrice de la politique et de la stratégie chez Clean Energy Canada.
Bien que les émissions aient légèrement augmenté, elles sont restées inférieures au niveau d'avant la pandémie en 2019 et au niveau de 2005, qui est la cible de comparaison pour l'objectif d'émissions du Canada pour 2030.
En 2020, les émissions ont atteint leur niveau le plus bas depuis plus de vingt ans, car la COVID-19 a empêché les voitures de circuler, les avions de voler et les grandes entreprises industrielles ont été contraintes de ralentir leurs activités, voire de les interrompre complètement pendant plusieurs semaines.
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Bien que ces activités n'aient pas retrouvé leur niveau normal en 2021, les fermetures ont été moins nombreuses, et l'on s'attendait donc à ce que les émissions soient plus élevées. Mais le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a dit qu'elles n'avaient pas rebondi autant que prévu.
«L'augmentation moins importante que prévu des émissions montre que la croissance économique du Canada continue d'être plus propre et moins polluante qu'auparavant», a-t-il déclaré.
Souvent, les émissions de GES augmentent parallèlement à l'économie, mais en 2021, l'économie a progressé de 4,6 % alors que les émissions ont légèrement augmenté de 1,7 %.
Le rapport suggère que des voitures plus économes en carburant et un nombre croissant de véhicules électriques commencent à avoir un impact sur les émissions du transport routier. Les efforts du Canada pour se passer du charbon comme source d'électricité ont eu un impact significatif sur les émissions des centrales électriques, et les réglementations nationales exigeant des compagnies pétrolières et gazières qu'elles arrêtent les fuites de méthane des puits de pétrole et de gaz sont en train de porter fruit, souligne-t-on.
Caroline Brouillette, directrice exécutive par intérim du Réseau Action Climat Canada, a déclaré que les chiffres de 2021 prouvent que la courbe des émissions du Canada commence à s'infléchir.
«Le principal enseignement du rapport d'inventaire national de cette année est que la politique climatique fonctionne, et qu'il faut en faire plus», a affirmé Mme Brouillette.
Les émissions de gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone et le méthane, proviennent d'activités dont nous dépendons, notamment la conduite automobile, la fabrication d'acier et d'aluminium, l'extraction de métaux, le chauffage des maisons et des bâtiments, ainsi que la production des combustibles fossiles nécessaires à toutes ces activités.
Après avoir été émis, les GES peuvent rester dans l'atmosphère pendant des siècles, emprisonnant la chaleur à l'intérieur et réchauffant la terre. Ce phénomène entraîne à son tour des conditions météorologiques extrêmes, telles que des sécheresses et des tempêtes intenses.
Le secteur pétrolier et gazier produit 28 % des émissions totales du Canada, tandis que l'ensemble des transports, routiers, ferroviaires, aériens et maritimes, y contribue à hauteur de 22 %. L'exploitation des bâtiments, y compris les appareils de chauffage et de refroidissement tels que les chaudières, les climatiseurs et les chauffe-eau, représente 13 % des émissions.
L'industrie lourde représente 11 % du total, l'agriculture 10 %, la production d'électricité 8 % et les déchets 7 %.
Le nouvel objectif du Canada pour 2030 est de réduire les émissions de toutes les sources de manière à ce qu'elles soient inférieures de 40 à 45 % à ce qu'elles étaient en 2005. En 2021, elles étaient inférieures de 8,5 % à celles de 2005.
Pour atteindre cet objectif en termes absolus, le Canada doit éliminer quatre fois plus d'émissions d'ici 2030 qu'il ne l'a fait entre 2005 et 2021.
Selon Dave Sawyer, économiste principal de l'Institut climatique canadien, cela signifie que les politiques promises pour plafonner les émissions de pétrole et de gaz et rendre obligatoire la vente d'un plus grand nombre de véhicules électriques doivent être mises en œuvre.
M. Guilbeault a publié en décembre un projet de règlement qui exigerait que 20 % des nouveaux véhicules de tourisme vendus au Canada soient alimentés à l'électricité d'ici 2026, puis 60 % d'ici 2030 et 100 % d'ici 2035. Ces règlements doivent encore être finalisés.
En 2021, 5 % de tous les nouveaux véhicules immatriculés étaient entièrement électriques ou hybrides rechargeables.
M. Guilbeault présentera également dans le courant de l'année les détails du plafonnement des émissions liées au pétrole et au gaz, une politique qui se heurtera à une forte opposition de la part du gouvernement provincial de l'Alberta et de l'industrie pétrolière et gazière. Le gouvernement et l'industrie ne sont pas d'accord sur ce qui constitue un objectif réaliste pour les émissions du secteur d'ici à 2030.
Mark Cameron, vice-président des relations extérieures d'Alliance Nouvelles voies, a déclaré dans un communiqué vendredi que l'augmentation des émissions provenant des sables bitumineux était prévisible en raison de l'accroissement de la production pour répondre à la hausse de la demande mondiale.
Il a toutefois précisé que l'alliance, qui regroupe les plus grandes entreprises de sables bitumineux du Canada, avait déjà réduit les émissions par baril de pétrole produit de 22 % depuis 2011 et qu'elle investissait dans l'installation de systèmes de captage et de stockage du carbone qui pourraient réduire les émissions des sables bitumineux de 12 à 14 % d'ici à 2030.
«Le changement climatique est un défi majeur et l'industrie des sables bitumineux, qui est l'un des principaux émetteurs de CO2 au Canada, a un rôle important à jouer dans la réalisation de l'objectif national d'émissions nettes nulles d'ici 2050», a déclaré M. Cameron.