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Sport

Les amateurs de hockey canadiens se rendent aux États-Unis à contre-coeur

«À un moment donné, le coeur l'emporte sur la raison.»

ARCHIVES - Un partisan du Canadien de Montréal reste assis pendant l'hymne national américain avant un match de hockey de la LNH contre les Devils du New Jersey, à Montréal, le samedi 8 février 2025.
ARCHIVES - Un partisan du Canadien de Montréal reste assis pendant l'hymne national américain avant un match de hockey de la LNH contre les Devils du New Jersey, à Montréal, le samedi 8 février 2025.
Daniel Rainbird
Daniel Rainbird / La Presse canadienne

Mark Jarry refuse d'acheter des produits américains autant que possible. 

L'homme de la Rive-Sud de Montréal a aussi cessé de se rendre régulièrement au sud de la frontière après que le président américain Donald Trump ait été élu pour un deuxième mandat et qu'il ait menacé, à maintes reprises, de transformer le Canada en 51e État américain. 

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Cette position a changé après que son club favori, le Canadien de Montréal, se soit qualifié pour les séries éliminatoires de la Coupe Stanley. 

 

Jarry et son vieux copain Gabriel Borduas se sont envolés vers Washington en vue du match no 1 de la série de premier tour dans l'Association Est contre les Capitals, lundi soir. 

«Nous sommes venus ici parce que c'est le Canadien», a dit Jarry, vêtu du chandail du Canadien, au Capital One Arena. «À un  moment donné, le coeur l'emporte sur la raison.»

Le Tricolore est l'un des cinq clubs canadiens à participer à la danse printanière cette saison, avec les Maple Leafs de Toronto, les Sénateurs d'Ottawa, les Jets de Winnipeg et les Oilers d'Edmonton. 

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Jarry et Borduas ont indiqué que c'est une tradition de suivre le Bleu-blanc-rouge en séries éliminatoires. Ils ont visité de nombreuses villes américaines au fil des ans et ne voulaient pas rater leur plus récente chance d'encourager leur club favori sur la route — même si ça signifiait de se rendre dans la capitale fédérale américaine, en dépit des tensions politiques entre les deux pays. 

Les deux amis ont toutefois admis avoir longuement réfléchi avant de réserver leurs billets d'avion. 

«Nous ressentons une certaine culpabilité, parce qu'en ce moment nous voulons nous serrer les coudes avec le reste du Canada, a dit Jarry. De toute évidence, nos émotions sont partagées. On dirait qu'on traverse un divorce.»

«Nous n'appuyons pas le gouvernement américain, mais nous n'avons aucune animosité envers les citoyens américains.»
-Mark Jarry, partisan du Canadien de Montréal

La rhétorique d'annexion du Canada de Trump — et ses droits de douane imposés contre le pays — a provoqué les huées de la foule lors de l'hymne national américain dans plusieurs amphithéâtres canadiens. La relation qu'entretient Wayne Gretzky avec Trump a aussi suscité son lot de mécontentement envers 'La Merveille' au pays. 

Les Américains ont riposté en huant, occasionnellement, l'hymne national canadien, notamment — de manière plutôt discrète — avant le match no 1 de la série entre le Canadien et les Capitals. 

Borduas a mentionné que ses proches et amis étaient préoccupés par la perspective qu'il soit arrêté aux douanes américaines, alors que des informations circulent de plus en plus au sujet de la détention arbitraire pendant plus d'une semaine des ressortissants étrangers.  

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«Ils étaient plus préoccupés que nous l'étions», a confié Borduas. 

L'actrice canadienne et entrepreneuse Jasmine Mooney, qui est âgée de 35 ans, a été détenue pendant 12 jours en mars après avoir soumis une demande de renouvellement de son visa de travail à la frontière américaine, à San Diego. Elle a aussi été bannie des États-Unis pour cinq ans. 

Pour leur part Borduas et Jarry ont décrit leur expérience cette semaine aux douanes américaines comme étant «habituelle». 

«Ils nous ont même souhaité un bon match», a précisé Jarry. 

Les Canadiens visitent les États-Unis beaucoup moins qu'à l'habitude, dernièrement. La proportion de citoyens canadiens qui rentrent des États-Unis a chuté de 13,5 % par la voie aérienne, et de 31,9 % par la voie terrestre par rapport aux statistiques de 2024, selon Statistique Canada. 

Jarry et Borduas ont indiqué qu'ils avaient reçu un accueil chaleureux à Washington, malgré le fait qu'ils détonnaient avec leur chandail du Canadien. 

Alicia, une autre partisane du Tricolore qui s'est rendue à Washington mais qui a choisi de taire son nom de famille, a déclaré qu'elle ne visiterait pas les États-Unis «pour les quatre prochaines années», sauf pour encourager son équipe favorite. Elle croit que l'amour pour un club transcende la politique. 

«Je crois qu'il est important qu'on se souvienne de l'importance du hockey pour les Canadiens, a-t-elle dit. Le sport, c'est rassembleur.»

D'autres Canadiens qui ont aussi fait le voyage ont exprimé moins de réserves. 

«C'est de la politique, vous savez? C'est une véritable blague présentement, a évoqué Reynald Couillard, qui vient aussi de la Rive-Sud de Montréal. Je m'en fous totalement. Je vais me déplacer si je peux m'amuser, si j'aime la ville, que ce soit ici, à Hong Kong, à Singapour ou n'importe où ailleurs sur la planète.»

Daniel Rainbird
Daniel Rainbird / La Presse canadienne