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Au lieu de causer les symptômes respiratoires habituels, le virus a causé des symptômes neurologiques; des quantités élevées d'antigènes au H5N1 ont ainsi été détectées dans le cerveau de certains animaux.
Des mutations subies par le virus de la grippe aviaire, le H5N1, provoquent l'apparition de nouveaux symptômes chez certains mammifères qui y sont exposés, prévient une nouvelle étude canadienne.
Les chercheurs ont découvert le virus chez 40 carnivores canadiens, comme des renards roux, des mouffettes rayées et des visons qui avaient possiblement consommé des carcasses d'oiseaux morts ou malades.
S'il n'est pas tellement nouveau que le H5N1 puisse à l'occasion infecter des mammifères, les symptômes constatés cette fois-ci le sont. Au lieu de causer les symptômes respiratoires habituels, le virus a causé des symptômes neurologiques; des quantités élevées d'antigènes au H5N1 ont ainsi été détectées dans le cerveau de certains animaux. Des lésions au cœur et aux poumons ont aussi été constatées.
Les chercheurs ont aussi découvert que le virus a subi des mutations qui pourraient le rendre plus apte à infecter des mammifères.
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Des oiseaux sauvages avaient apparemment introduit cette souche du virus au Canada en 2021-2022. De telles mutations «critiques» observées si peu de temps après son arrivée, préviennent les auteurs de l'étude publiée par le journal scientifique Emerging Microbes & Infections, mettent en lumière la nécessité de surveiller le virus.
«Les virus de l'influenza A évoluent continuellement et, conséquemment, accumulent les mutations adaptatives qui facilitent la réplication du virus, la transmission entre espèces, et présentent des risques pandémiques pour les humains et les animaux», écrivent les auteurs de l'étude.
Certains virus sont adaptés très spécifiquement à un hôte, a rappelé le docteur Levon Abrahamyan, qui est professeur au Laboratoire de virologie moléculaire animale de la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal. D'autres peuvent muter rapidement et par conséquent s'adapter rapidement à un nouvel hôte.
«C'est le cas des coronavirus et des virus de l'influenza, a-t-il dit. C'est pour ça que ces virus sont très importants dans les virus émergents.»
Une autre étude, celle-là réalisée aux États-Unis, a constaté la présence du H5N1 chez 57 mammifères vivants, notamment des renards et des ratons laveurs. Cinquante-trois d'entre eux présentaient des symptômes neurologiques, comme des convulsions, des tremblements, des problèmes d'équilibre et une perte de leur peur des humains.
Ce sont ces symptômes neurologiques «qui nous préoccupent», a dit le docteur Abrahamyan, avant d'ajouter que les mêmes symptômes pourraient frapper un chat ou un chien qui entrerait en contact avec un oiseau mort ou malade.
Les symptômes neurologiques observés chez les ratons, les mouffettes et les visons canadiens ressemblent à ceux vus chez des phoques et des renards infectés par le virus H5N8, rappellent les chercheurs. Une récente étude menée au Royaume-Uni a montré que ce virus pouvait avoir été transmis directement à des renards et à des phoques par des cygnes avec qui ils étaient gardés en captivité.
On ne peut donc pas exclure, précisent les auteurs de l'étude canadienne, que les mutations subies par le H5N1 permettent maintenant sa transmission de mammifère en mammifère, par exemple par le biais du lait maternel ou simplement lors d'un contact étroit dans la tanière.
Ce risque de transmission reste toutefois nébuleux, puisque la souche du virus responsable de l'éclosion courante ne dispose pas de deux caractéristiques qui pourraient le faciliter, ont dit les chercheurs.
En revanche, la variante H5N1 qui avait infecté deux renards de l'Arctique et un renard de l'Ontario présentait une mutation (rare) qui pourrait rendre le virus plus virulent chez un mammifère, lui permettre de se soustraire à une partie de la réponse immunitaire de son hôte et donc causer une maladie plus grave.
«Ce virus peut infecter les mammifères, mais on a besoin d'un processus d'évolution plus long et plus large pour qu'il s'adapte à une transmission durable entre mammifères, a dit le docteur Abrahamyan. Il n'y a pas de preuve de transmission directe entre mammifères.»
Le risque de transmission aux humains est pour le moment «vraiment minimal», ajoute-t-il.
«Un virus a besoin de temps et d'opportunités pour devenir transmissible de mammifère à mammifère, d'un animal sauvage à un animal domestique et d'un animal domestique à un humain, a-t-il dit. C'est un processus long et aléatoire. Mais la surveillance est très importante, il n'y a aucun doute.»