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«Rien nous laissait croire qu’il était en état d’intoxication.
Deux policiers ont été appelés à la barre des témoins lors de la deuxième journée du procès de Kevin Sanders, accusé de meurtre au deuxième degré de Joël Mailhot, mort trois jours après une agression commise à coups de poing et de talon. Les audiences ont lieu au palais de justice de Sherbrooke depuis le 24 mars dernier.
Il s’agissait des premiers agents à être arrivés sur les lieux des événements le soir du 17 août 2020, soit les constables Samuel Lafrenais et Charles Bernier, du Service de police de la Ville de Sherbrooke (SPS).
Les deux policiers ont été appelés à intervenir pour une bagarre à La Taverne Urbaine sur la rue Alexandre. En se dirigeant vers le bar, les agents auraient aperçu Kevin Sanders à l’intersection des rues King Ouest et Alexandre, sans savoir qu’il s’agissait d’un des hommes impliqués dans la bagarre.
En arrivant sur les lieux, les agents ont constaté que la victime était couchée au sol, inerte, et qu’une serveuse se trouvait tout près de lui. Selon leurs témoignages, les deux policiers sont sortis à la course pour aller chercher Sanders et l’ont appréhendé un peu plus loin, à La Place de la Cité.
À première vue, les agents avaient observé deux lacérations sur la tête du suspect. Ce dernier saignait abondamment et avait laissé une trace de sang sur son trajet entre La Taverne Urbaine et La Place de la Cité.
Le deuxième témoin, le constable Charles Bernier, a raconté qu’au moment de l’arrestation, lui et son collègue avaient dû installer un masque anti-crachat au visage de l’accusé pour éviter qu’il les contamine avec son sang. Alors qu’on lui expliquait que le masque servait à l’empêcher de leur cracher dessus, Sanders leur aurait répondu: «Dommage».
Mis à part cet événement, l’individu collaborait bien, était discret et ne s’opposait pas à l’autorité, selon les deux témoins. Il était passif.
La première fois que Kevin Sanders se serait exprimé, c’était une fois rendu à l’hôpital. Selon les deux policiers, le détenu aurait dit: «C’est moi qui ai cherché le trouble, il m’a cassé une bière sur la tête et moi je l’ai frappé avec mes poings.»
Les deux policiers lui auraient lu ses droits à plusieurs reprises, en insistant sur l’importance d’avoir un avocat dans une telle situation. Sanders refusait toutefois catégoriquement d’en appeler un. Il aurait d’ailleurs déclaré: «J’assume ce que j’ai fait et je vais vivre avec les conséquences.»
Le constable Lafrenais a admis avoir été marqué par la soirée du 17 août 2020. «Ca m’a troublé de voir cet individu, qui était impliqué dans un incident aussi violent, rester neutre comme il l’a fait. C’était assez perturbant, c’était la première fois que je voyais ça dans ma carrière.»
Tout au long de ce procès, Kevin Sanders, qui n’est toujours pas représenté par un avocat, choisit de rester complètement silencieux. Les témoins ne sont donc pas contre-interrogés, et lorsque le juge pose des questions à l’accusé, il ne lui répond pas. Il s’agit d’une situation assez particulière et rarement vue en justice québécoise.
Des moments difficiles attendent les 12 juristes au cours des prochains jours. Mardi, on appellera à la barre des témoins la serveuse qui était sur place et qui a vu l’entièreté de l’agression. La vidéo captée par la caméra de surveillance dans La Taverne Urbaine sera également visionnée par le jury. «Soyez conscients que demain, ce sera le début de la phase la plus difficile à écouter du procès», a averti le juge Charles Ouellet avant de laisser le jury quitter la salle d’audience.