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La banque centrale a abaissé son taux d’intérêt de référence d’un demi-point de pourcentage en octobre et en décembre.
La banque centrale du Canada a réduit ses taux d’intérêt pour la sixième fois consécutive pour l’établir à 3%.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
La réduction de 25 points de base intervient alors que la banque centrale canadienne prévoit que la croissance du produit intérieur brut (PIB) se renforcera en 2025... s’il n’y a pas de guerre commerciale avec les États-Unis.
Dans son discours aux journalistes, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a affirmé que, bien que les tarifs douaniers soient au cœur des préoccupations, ils n’ont pas été pris en compte dans la réduction des taux et dans le rapport sur la politique monétaire (RPM) publié aujourd’hui.
«Étant donné qu’il est impossible de prévoir l’ampleur et la durée d’un éventuel conflit commercial, les projections du rapport de politique monétaire que nous avons publiées aujourd’hui constituent une prévision de base en l’absence de droits de douane», a expliqué M. Macklem.
Bien que la menace de tarifs douaniers demeure une source majeure d’incertitude, les représentants de la Banque du Canada affirment qu’il existe un certain nombre de scénarios possibles, ce qui rend difficile l’évaluation des répercussions économiques.
Selon M. Macklem, une guerre commerciale prolongée et généralisée nuirait à l’activité économique au Canada, le coût plus élevé des produits importés exerçant une pression directe à la hausse sur l’inflation.
«Malheureusement, les droits de douane signifient que les économies fonctionnent moins efficacement - nous produisons et gagnons moins qu’en l’absence de droits de douane», a dit M. Macklem à la presse. «La politique monétaire ne peut pas compenser cela. Ce que nous pouvons faire, c’est aider l’économie à s’adapter.»
Avec un taux d’inflation revenu autour de l’objectif de 2 %, M. Macklem estime que la banque centrale est mieux placée pour être une source de stabilité économique.
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«Toute mesure tarifaire pourrait avoir un impact important sur l’économie, mais la banque centrale a laissé entendre aujourd’hui qu’elle pourrait devoir s’abstenir de fournir un soutien à la politique monétaire, car sinon il pourrait y avoir un risque de voir l’inflation repartir à la hausse», affirme de son côté Stephen Brown, économiste en chef adjoint pour l’Amérique du Nord chez Capital Economics.
«De fait, cela compromet notre vision selon laquelle la Banque du Canada ferait deux autres réductions cette année.»
Source: Banque du Canada
L’impact favorable de cette nouvelle réduction du taux directeur de la Banque du Canada peut se faire sentir particulièrement dans le portefeuille de ceux qui cherchent à acheter sur le marché immobilier ou qui doivent renouveler leur prêt hypothécaire, ou encore des détenteurs de prêts à taux variable.
Noovo Info a calculé l'impact de la baisse du taux directeur sur des paiements hypothécaires pour des exemples fictifs de prêts à taux variable au terme de cinq ans avec un amortissement sur 25 ans.
Le calcul exclut des frais afférents comme des paiements de taxe foncière intégrés aux versements ou encore de l'assurance-vie.
Pour chaque baisse d'un quart de point de pourcentage, Ratesdotca indique que les détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable peuvent s'attendre à payer environ 15 $ de moins par tranche de 100 000 $ de prêt hypothécaire.
Voici les versements hypothécaires mensuels estimés pour les différents soldes et taux d'intérêt, en considérant une période d'amortissement de 25 ans. Ces versements incluent le capital et les intérêts.
Montant du prêt | 5% | 4,75% | 4,5% | 4,25% | 4% |
200 000 $ | 1169 $ | 1140 $ | 1112 $ | 1083 $ | 1056 $ |
250 000 $ | 1461 $ | 1425 $ | 1390 $ | 1354 $ | 1320 $ |
300 000 $ | 1754 $ | 1710 $ | 1667 $ | 1625 $ | 1584 $ |
350 000 $ | 2046 $ | 1995 $ | 1945 $ | 1896 $ | 1847 $ |
400 000 $ | 2338 $ | 2280 $ | 2223 $ | 2167 $ | 2111 $ |
450 000 $ | 2631 $ | 2566 $ | 2501 $ | 2438 $ | 2375 $ |
500 000 $ | 2923 $ | 2851 $ | 2779 $ | 2709 $ | 2639 $ |
Source: Calculatrice hypothécaire du gouvernement du Canada
La banque centrale a présenté quatre scénarios si les États-Unis frappent le Canada avec des droits de douane de 25 %, et si le Canada répond en nature «dollar pour dollar».
Selon la Banque du Canada, l’impact des tarifs douaniers diminuerait le PIB du Canada de 2,4 % la première année suivant l’entrée en vigueur des tarifs.
Un tel scénario — ce que la banque centrale appelle sa «calibration principale» — suppose que les exportations canadiennes réagissent aux variations de prix conformément aux normes historiques et que le coût des tarifs douaniers soit entièrement répercuté sur les prix à la consommation sur trois ans.
Ainsi, si le président des États-Unis imposait des tarifs cette année, le choc pourrait être suffisamment important pour plonger le Canada dans une récession — en comparaison avec la projection de la Banque du Canada d’une croissance du PIB de 1,8 % en 2025.
Dans un autre scénario, en utilisant les mêmes paramètres que le scénario de référence, sauf que le coût des tarifs est répercuté en deux fois moins de temps, l’impact sur l’inflation du Canada pourrait être de 0,8 % la première année et de 1,3 % l’année suivante.
Avery Shenfeld, économiste en chef de Marchés des capitaux CIBC, souligne que les taux d’intérêt étaient «toujours trop élevés» compte tenu de la faiblesse du marché de l’emploi et de la baisse de l’inflation.
«La combinaison d’un marché du travail que la banque décrit comme “faible” et d’une inflation sous-jacente jugée proche de 2 % fait pencher la balance de la politique monétaire vers une réduction supplémentaire (de trois quarts de point de pourcentage) dans nos prévisions, en particulier alors que la menace tarifaire pèse sur la confiance», précise-t-il dans une note aux clients.
«En ce qui concerne les tarifs douaniers, la banque centrale est en train de mener des recherches de grande envergure, mais elle semble croire, comme nous, qu’une guerre commerciale n’aurait qu’un effet temporaire sur l’inflation, mais pourrait entraîner un impact important sur la croissance qui n’était pas pris en compte dans ses prévisions.»
En décembre, la Banque du Canada a annoncé que d’autres baisses de taux seraient observées d’ici 2025, mais qu’elles seraient plus progressives, contrairement aux réductions massives et consécutives qui ont clôturé 2024.
«Il est frappant de constater que, dans sa déclaration de politique monétaire, la banque a abandonné la phrase de décembre disant “nous allons évaluer la nécessité de procéder à d’autres baisses une décision à la fois” et elle n’a pas été remplacée par quoi que ce soit qui ressemble à des indications prospectives», indique M. Brown.
«Cette décision peut refléter le fait que le taux directeur se situe désormais dans la fourchette neutre de 2,25 % à 3,25 % estimée par la banque, ou elle peut refléter l’incertitude quant à la manière dont la banque pourrait devoir réagir si des tarifs douaniers sont imposés.»
Avec de l'information de Guillaume Théroux pour Noovo Info et de La Presse canadienne