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Yuesheng Wang, 35 ans, sera placé en détention préventive en attendant la suite de son procès, par crainte qu'il prenne la fuite pour la Chine.
Yuesheng Wang, 35 ans, a comparu au palais de justice de Longueuil, mardi matin, pour être formellement accusé d’espionnage.
Wang travaillait au Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec depuis 2018. Il aurait ainsi obtenu les informations secrètes, comme des brevets et de la recherche, auxquelles il avait accès dans le cadre de ses fonctions, avec l’intention d’en faire profiter la Chine.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.
L’accusé a comparu par vidéoconférence. Il portait un sourire de négation pendant la lecture des accusations, qui ont été lues en mandarin par un interprète.
En apprenant qu’il serait de retour devant le tribunal pro forma, le vendredi 18 novembre, Wang a réclamé que les procédures se déroulent immédiatement, mardi.
La Couronne s’est opposée à la remise en liberté de l’accusé parce qu’elle craint que Wang ne prenne la fuite pour la Chine. Il sera donc placé en détiention préventive.
Dans un échange avec Noovo Info, la direction des communications d'Hydro-Québec «avait fait l'objet de toutes [les] vérifications de fiabilité requises pour le poste qu'il occupait».
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M. Wang, qui a indiqué ne pas parler français et avoir une connaissance limitée de l'anglais, a secoué la tête lorsque les accusations ont été traduites en mandarin pour lui devant le tribunal mardi.
Il a voulu avoir son enquête sur le cautionnement immédiatement, mais son avocat lui a conseillé de retarder la procédure. La juge de la Cour du Québec, Anne-Marie Beauchemin, a ordonné le renvoi de M. Wang dans un centre de détention.
L'affaire a été reportée à vendredi, une séance au cours de laquelle davantage de preuves seront divulguées et les parties discuteront de la planification d'une audience pour une libération sous caution.
Aucun des deux avocats n'a pu dire après l'audience de mardi si M. Wang avait la citoyenneté canadienne.
Wesley Wark, un expert des questions de sécurité nationale et de renseignement, a souligné que l'affaire Wang n'est pas le premier incident d'espionnage économique dans le pays, mais la première affaire à avoir conduit à des accusations en vertu de la Loi sur la protection de l'information, vieille de 21 ans. M. Wark, chercheur principal au groupe de réflexion Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, a déclaré que le cas était «inhabituel».
«Cela … me semble aussi être une affaire étrange, potentiellement ''à portée de main'', et je veux dire par là que cela n'implique pas directement un État étranger: il y a l'indication dans la fiche d'information de la GRC que M. Wang agissait au profit de l'État chinois, mais qu'il ne communiquait pas directement avec l'État chinois», a-t-il soutenu.
La définition de «secret commercial» est très large, a dit M. Wark, ce qui peut rendre l'affaire difficile à prouver devant les tribunaux. Il a déclaré que les accusations démontrent qu'une grande partie de l'activité d'espionnage au Canada se déroule en dehors de l'orbite du gouvernement fédéral et au sein du secteur privé.
L'avocat de M. Wang, Gary Martin, a déclaré aux journalistes devant la salle d'audience mardi que les accusations retenues contre son client étaient «sans précédent».
«C'est la première fois que quelqu'un est accusé de ce chef d'accusation au Canada, alors nous verrons ce que le tribunal établira, et nous devons également examiner les preuves qui sont présentées», a-t-il indiqué.
La copine de Wang était présente durant la comparution, à Longueuil. En entrevue avec Noovo Info, cette dernière a soutenu ne pas connaître les détails de cette histoire et qu’elle était surprise que de telles accusations pèsent contre son copain.
«Vous en savez sans doute plus que moi», a dit Cassie Zheng en anglais.
Il y avait aussi des membres de la communauté chinoise montréalaise dans la salle d’audience venus suivre l’affaire. Une femme était étonnée et avait de la difficulté à croire qu’il puisse être espion.
Avec des informations de Véronique Dubé pour Noovo Info et de Sidhartha Banerjee pour la Presse canadienne