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«J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc l'Assemblée nationale.»
Dans une annonce surprise, le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche la dissolution de l'Assemblée nationale française et le déclenchement d'élections législatives anticipées à la suite de l'écrasante défaite de son parti au scrutin européen.
Les élections législatives se dérouleront en deux tours les 30 juin et 7 juillet.
Cette annonce survient après que les premiers résultats en France ont placé le parti d'extrême droite du Rassemblement national largement en tête des élections de l'Union européenne, infligeant une défaite cuisante aux centristes pro-européens d'Emmanuel Macron.
Le parti nationaliste anti-immigration de Marine Le Pen a obtenu plus du double de Renaissance, la formation de M. Macron, un résultat historique.
Emmanuel Macron lui-même n’était pas candidat aux élections européennes et son mandat de président dure encore trois ans.
Il a déclaré que la décision était grave, mais qu'il s'agissait avant tout d'«un acte de confiance». «Confiance en vous, mes chers compatriotes, en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même. (...) Confiance en notre démocratie», a-t-il ajouté dans un discours peu après la publication des résultats.
«Dans les prochains jours, je dirais l'orientation que je crois juste pour la nation, a-t-il lancé. J’ai entendu votre message, vos préoccupations et je ne les laisserai pas sans réponse.»
Lors des dernières élections législatives de 2022, le parti centriste d'Emmanuel Macron a remporté le plus de sièges, mais a perdu sa majorité à l'Assemblée nationale, obligeant les législateurs à des manœuvres politiques pour faire adopter des projets de loi.
Avec la décision de dimanche, M. Macron fait un pari risqué en prenant une décision qui pourrait se retourner contre lui et augmenter les chances de Marine Le Pen de prendre le pouvoir.
Un scénario dans lequel un parti d’opposition finirait par obtenir la majorité parlementaire pourrait conduire à une situation difficile de partage du pouvoir appelée «cohabitation», dans laquelle M. Macron devrait nommer un premier ministre ayant des opinions différentes.
Marine Le Pen, qui dirige le groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, a salué la décision de son adversaire.
«Nous sommes prêts», a déclaré Marine Le Pen, qui a terminé derrière M. Macron lors des deux dernières élections présidentielles. «Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance lors de ces prochaines élections législatives. Nous sommes prêts à redresser le pays, prêts à défendre les intérêts des Français, prêts à mettre fin à cette immigration de masse, prêts à faire du pouvoir d’achat des Français une priorité.»
Les résultats des élections européennes ont été un coup dur pour Emmanuel Macron, qui mène des efforts à l’échelle européenne pour défendre l’Ukraine et insiste sur la nécessité pour l’UE de renforcer sa propre défense et son industrie militaire.
Le principal candidat du Rassemblement national aux élections européennes, Jordan Bardella, a fait campagne pour limiter la libre circulation des migrants en effectuant des contrôles aux frontières nationales et pour abroger les règles climatiques de l’UE. Le parti ne veut plus quitter l’UE, mais vise à l’affaiblir de l’intérieur.
«Nos compatriotes ont exprimé ce soir une volonté de changement, a déclaré Jordan Bardella. Emmanuel Macron est ce soir un président affaibli.»
Un responsable du bureau de Macron a jugé que la décision de dissoudre l’Assemblée nationale était justifiée par le «score historique de l’extrême droite» qui ne pouvait être ignoré et par le «désordre parlementaire» actuel.
«On ne se trompe jamais quand on donne la parole au peuple», a déclaré le responsable, qui s'est exprimé anonymement, conformément à la pratique du bureau de M. Macron.
Les projections des élections européennes montrent également une résurgence du Parti socialiste, avec environ 14 % des voix. Le parti a fait campagne en faveur de politiques climatiques et de protections plus ambitieuses pour les entreprises et les travailleurs européens.
En réaction à l’annonce d'Emmanuel Macron, le politicien d’extrême gauche François Ruffin a appelé tous les dirigeants de gauche, y compris les Verts, à s’unir sous une seule bannière de «Front populaire». «Pour éviter le pire, pour gagner», a-t-il écrit sur le réseau social X.
La France élit 81 membres du Parlement européen, qui compte 720 sièges au total.