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Le chef du PQ a invité M. Blanchet à revenir à ses «racines indépendantistes».
Au lendemain d'un scrutin où le Bloc québécois a perdu 10 sièges, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a été critiqué mardi par son allié péquiste Paul St-Pierre Plamondon pour sa stratégie de main tendue avec les libéraux de Mark Carney.
Mais le bloquiste persiste et signe: il appelle à une trêve et entrevoit une collaboration d’un «peu plus d’un an» avec un éventuel gouvernement du PLC, le temps de négocier une nouvelle entente commerciale avec l'imprévisible administration Trump.
Souverainiste convaincu, M. Blanchet est même prêt à envisager pendant ce temps une «trêve» sur la promotion de l'indépendance du Québec, durant cette phase de négociations.
«Le mot-clé que la population du Québec veut entendre, c’est stabilité - pas stabilité avec des compromissions -, c'est invitation à ce que mutuellement, les partis fédéralistes et nous, indépendantistes, soyons capables (...) de faire preuve de collaboration», a-t-il plaidé en conférence de presse après une campagne qu'il a qualifiée de «difficile».
C'est la région des banlieues du «450» qui a délaissé le Bloc entre autres.
Des contacts ont déjà été établis avec les autres partis, a précisé M. Blanchet
«C'est la demande des citoyens qu'il y ait une forme d'alliance entre les différentes formations politiques.»
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Le caucus bloquiste composé de 33 élus avant la dissolution de la Chambre a été décimé lundi soir au profit surtout du Parti libéral (PLC) et ne compte plus que 23 députés, mais il pourrait avoir un certain rapport de forces dans un Parlement avec un gouvernement minoritaire.
Avec ses 168 députés élus ou en avance, donc à 4 sièges d'une majorité en Chambre, le PLC pourrait gouverner seulement avec l'aide des 7 du Nouveau Parti démocratique (NPD), mais M. Blanchet les a mis en garde contre cette tactique.
De même, il refuse lui-même d'exercer la balance du pouvoir, parce que la population ne veut pas cette instabilité, selon lui.
«Imaginez si on décide de foutre le bordel, il y aura un prix à payer!»
Il appelle les partis à cesser de tenter de faire des gains partisans et M. Carney à «faire une pause sur les divergences les plus profondes» avec le Bloc, «l'attitude belliqueuse» du PLC sur la langue française et la laïcité notamment.
«Les Canadiens et les Québécois ne veulent pas un Parlement instable devant une brute incompétente en économie», a-t-il dit en évoquant ainsi la guerre commerciale avec le président Donald Trump.
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Quant aux critiques de son homologue péquiste Paul St-Pierre Plamondon, il a rétorqué que les Communes et l’Assemblée nationale sont des Parlements avec des dynamiques différentes.
«Je comprends très bien que Paul veuille camper des postures qui lui appartiennent très légitimement.»
En point de presse à l'Assemblée nationale, M. St-Pierre Plamondon a même invité M. Blanchet à revenir à ses «racines indépendantistes».
«La stratégie adoptée par le Bloc, qui valide Mark Carney comme collaborateur, comme quelqu'un qui s'apprête à collaborer avec le Québec, fixait des limites à ce que le Parti québécois pouvait faire dans les circonstances, parce que ce n'est pas ça qu'on pense», a-t-il dit.
«Le gouvernement Carney ne collaborera pas avec le Québec», a-t-il prédit.
M. St-Pierre Plamondon a déclaré que son parti était «allé le plus loin qu'il pouvait» pour «aider» le Bloc, mais «sur une série de questions assez fondamentales, on n'avait pas la même position», a-t-il déploré. Il a indiqué qu'il reparlerait à M. Blanchet prochainement.
Le Bloc se relève d’une dure défaite, dans le contexte d’une campagne électorale qui a été dominée par la réponse à donner par le Canada aux menaces des États-Unis, ce qui favorisait le gouvernement libéral sortant.
Le caucus bloquiste a été décimé lundi soir au profit surtout du Parti libéral.
«Il y a des plaies à panser», a reconnu M. Blanchet.
Le Bloc a perdu notamment des circonscriptions solides qui lui étaient pourtant acquises depuis longtemps, dont La Prairie-Atateken, Longueuil-Saint-Hubert, Rivière-des-Mille-Îles, Thérèse-de-Blainville.
Mont-Saint-Bruno-L’Acadie, issue d'un redécoupage de Montarville autrefois acquise au Bloc, a basculé au PLC.
Dans la région de Québec, il a aussi perdu Montmorency-Charlevoix, aux mains des conservateurs par une courte marge, et Beauport-Limoilou, cédée au PLC, de même que Trois-Rivières et Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou.
La circonscription de Trois-Rivières est aussi passée au PLC.
Sur l'île de Montréal, le gain fait par le Bloc en 2024 dans la circonscription de Verdun contre le PLC a été effacé: les libéraux ont regagné haut la main leur ancien fief.
La circonscription de Terrebonne, où le Bloc était en avance jusque dans la nuit de lundi à mardi, a finalement été remportée par le PLC.
Une toute nouvelle circonscription dans la couronne nord sur laquelle le Bloc fondait beaucoup d'espoir, Les Pays-d'en-Haut, a été cédée sans conteste au PLC.
Selon M. Blanchet, le Parti libéral a utilisé «stratégiquement» la «crainte distillée par Donald Trump» sur le commerce et la «fable farfelue de l'annexion» (du Canada).
Mince consolation, le Bloc a réussi à déloger la députée libérale sortante Diane LeBouthillier dans Gaspésie-Les-Îles-de-la-Madeleine-Listuguj, avec son candidat vedette Alexis Deschênes.
En 2019, aux premières élections où Yves-François Blanchet était aux commandes du Bloc, il avait récolté 32 sièges, 41 % des voix au Québec (1 387 000 de votes), par rapport aux 10 récoltés en 2015 avec Gilles Duceppe.
En 2021, malgré ses espoirs d’augmenter son score, il avait stagné à 32 sièges de nouveau, encore à 41 % des voix (1 301 000 de votes, donc 80 000 votes de moins).
Mardi, on créditait au Bloc 1 224 000 voix, donc encore environ 80 000 votes de moins.
Le parti termine donc la campagne avec moins de votes et moins de sièges.
Alors que ses homologues des partis d'opposition Jagmeet Singh (NPD) et Pierre Poilievre (PCC) ont été battus dans leur propre circonscription, M. Blanchet ne sent pas pour l'instant que son autorité est contestée.
Quels sont les motifs qui l'incitent à rester?
«C'est le mandat que j'ai des membres du Bloc, c'est le consensus que j'ai dans le caucus du Bloc québécois», a-t-il conclu.