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Selon Jagmeet Singh, les libéraux sont «trop faibles» et «trop égoïstes» pour se battre pour la classe moyenne et arrêter les conservateurs.
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a annoncé retirer son parti de l'entente de principe qui permet aux libéraux minoritaires du premier ministre Justin Trudeau de rester au pouvoir.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Dans une vidéo publiée sur les médias sociaux mercredi, M. Singh déclare qu'il a décidé de rompre les liens avec le parti au pouvoir avant la séance d'automne du Parlement parce qu'il pense que les libéraux sont «trop faibles» et «trop égoïstes» pour se battre pour la classe moyenne et arrêter les conservateurs.
Le pacte bipartite a été signé pour la première fois en mars 2022 et devait expirer en juin 2025. Il a été conçu pour injecter de la stabilité dans le Parlement minoritaire, le NPD acceptant de soutenir les libéraux lors des votes de confiance en échange de progrès sur des politiques progressistes de longue date.
L’entente est rompue.
— Jagmeet Singh (@theJagmeetSingh) September 4, 2024
Les libéraux sont trop faibles, égoïstes et soumis aux intérêts des grandes entreprises pour affronter les conservateurs.
Mais nous pouvons le faire.
Les grandes entreprises et les PDG ont eu des gouvernements à leur service.
Maintenant, c’est à… pic.twitter.com/1L78pJvTUZ
À l'avenir, cela signifie que les libéraux devront rechercher un soutien politique au cas par cas lors de votes clés, tels que les budgets, afin de rester à flot et d'éviter des élections potentielles.
Cette annonce politique majeure intervient à une semaine et demie de la reprise des travaux parlementaires, et moins d'une semaine avant que M. Singh ne rencontre son groupe parlementaire afin d'élaborer une stratégie pour la session d’automne.
Le premier ministre Trudeau a affirmé que «le NPD va devoir faire un choix». «Est-ce qu’ils veulent jouer de la politique ou est-ce qu’ils veulent être là pour servir et livrer pour les Canadiens? Nous, on a fait notre choix (et) on va continuer d’être là pour livrer pour les Canadiens», a-t-il lancé en point de presse à Terre-Neuve-et-Labrador.
La leader parlementaire des libéraux, Karina Gould, en a rajouté une couche en qualifiant de «honteux» le retrait du NPD de l'entente, plaidant qu'il est fait «sur le dos des Canadiens».
Selon des sources néo-démocrates s'exprimant en coulisses, M. Singh et son caucus sont parvenus à un consensus sur le fait qu'ils se retireraient de l'accord, au début de l'été.
Les sources ont déclaré que le NPD avait pris cette décision - et réalisé la vidéo l'annonçant - avant que M. Poilievre ne fasse pression sur M. Singh la semaine dernière pour qu'il se retire du pacte bipartite.
M. Poilievre voulait que M. Singh se range du côté des conservateurs et vote la défiance à l'égard du gouvernement lorsque la Chambre des communes reprendra ses travaux, afin d'essayer de forcer la tenue d'élections anticipées cet automne, plutôt que d'attendre la date fixée pour les élections, à savoir le mois d'octobre 2025. À l'époque, le leader parlementaire du NPD, Peter Julian, avait déclaré aux journalistes que «Jagmeet Singh a toujours la possibilité de quitter l'accord».
Les sources interrogées par CTV News ont déclaré que le retrait du NPD de l'accord ne signifiait pas immédiatement que M. Singh était prêt à demander des élections, mais que le parti était également conscient de sa position actuelle dans les sondages.
Il faudrait plus de voix que les conservateurs et les néo-démocrates pour que le gouvernement libéral de M. Trudeau et ses 154 députés tombent à la suite d'un vote de défiance.
D'après ce qu'ils ont entendu aux portes, les néo-démocrates souhaitaient également rompre leurs liens avec M. Trudeau avant l'élection partielle fédérale du 16 septembre à Montréal, où le parti se bat pour remporter un siège libéral.
Au cours des années qui ont suivi la conclusion de l'accord, le gouvernement fédéral, avec l'aide du NPD, a mis en œuvre une série de politiques.
Il a notamment mis en place un programme national de soins dentaires, la première phase d'une politique nationale d'assurance-médicaments, une législation anti-briseurs de grève et des congés de maladie payés pour les travailleurs sous réglementation fédérale.
Bien que d'autres politiques soient encore en cours d'élaboration, la lecture des pages de l'accord montre qu'il ne reste plus grand-chose à finaliser au cours des mois qui restent à courir.
Il reste à finaliser une série d'initiatives liées à la réforme électorale qui sont toujours en cours d'examen à la Chambre avec des amendements à venir, ainsi que la mise en œuvre d'une loi sur la sécurité des soins de longue durée.
Les sources du NPD ont déclaré à CTV News que les réunions du groupe de direction et de surveillance prévues dans l'accord n'ont pas été productives depuis des mois, en raison de l'animosité entre le cabinet du premier ministre et les hauts responsables néo-démocrates.
Lors de la retraite du cabinet libéral la semaine dernière, la leader du gouvernement Karina Gould avait assuré aux journalistes qu'elle était «assez confiante» que l'accord tiendrait jusqu'à la date d'expiration mutuellement convenue en juin 2025.
«C'est un accord solide», avait-elle déclaré.
Selon le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, la fin de l'alliance entre le NPD et les libéraux vient donner aux bloquistes de nouveaux outils de persuasion auprès du gouvernement minoritaire.
«C'est une fenêtre d'opportunité qui s'ouvre enfin pour le Bloc. On en a fait des gains, mais là c'est encore plus facile d'en faire», croit-il.
Le ministre Pablo Rodriguez, qui a été leader parlementaire durant le premier mandat minoritaire du gouvernement Trudeau, se réjouit que le Bloc québécois souhaite discuter avec sa formation politique.
«Depuis qu'on avait l'entente, ils avaient, à toutes fins pratiques, cessé de nous parler», a dit celui qui est dorénavant ministre de Transports.
M. Rodriguez assure que le gouvernement a toujours tenté de garder les canaux de communication ouverts «avec tout le monde» malgré l'existence de l'accord avec les néo-démocrates.
«L'entente que nous avions avec le NPD assurait une certaine stabilité, a souligné le ministre. Elle n'existe plus donc (...) on retourne aux négociations traditionnelle avec les différents partis.»
L'instabilité se fera particulièrement sentir au cours de certains votes aux Communes qui deviendront, selon M. Rodriguez, «des moments de grands drames comme on l'a vécu dans le passé».
«Ce qui est dommage d'une certaine façon, mais en même temps, c'est ce que le NPD souhaite. Donc on va vivre avec ce contexte-là», a-t-il conclu.
M. Poilievre a, la semaine dernière, demandé au NPD et au Bloc québécois de ne pas soutenir le gouvernement dans un éventuel vote de confiance afin d'entraîner «une élection sur la taxe carbone».
Il a réitéré mercredi cette demande, reprochant à M. Singh de ne pas s'être engagé en ce sens.
«À un moment donné, le Bloc va devoir décider avec Jagmeet Singh (s'ils) voteront encore (…) pour garder Justin Trudeau au pouvoir et augmenter la dette et les déficits en conséquence», a dit le chef conservateur au cours d'une conférence de presse en Colombie-Britannique.
Le chef conservateur n'a pas précisé quand l'opposition officielle pourrait déposer une motion de censure, disant attendre de voir le calendrier parlementaire et quelles occasions s'offrent pour ce faire.
Les travaux parlementaires doivent reprendre le 16 septembre.
Avec des informations de La Presse canadienne