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Selon Justin Trudeau, il s'agit là du prochain grand défi que le Canada devra relever: la concurrence économique avec les États-Unis.
Amis, partenaires, alliés et... rivaux.
Voilà comment on peut définir la relation entre le Canada et les États-Unis à la fin de 2022.
Selon le premier ministre canadien Justin Trudeau, il s'agit là du prochain grand défi que le Canada devra relever: la concurrence économique avec les États-Unis.
Au cours des deux premières années de l'administration Biden, le Canada a dû combattre les relents de protectionnisme américain en prêchant les vertus du libre-échange entre des partenaires partageant les mêmes valeurs.
Et finalement, quelqu'un à Washington a compris. Les Américains ont finalement conclu une entente de dernière minute avec le Mexique et le Canada sur les véhicules électriques. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a même forgé l'expression «friend-shoring» pour décrire l'établissement de chaînes d'approvisionnement fortifiées et respectueuses du climat qui reposent principalement sur des voisins et des alliés partageant les mêmes idées.
Si on se fie à M. Trudeau, le Canada ne retiendra pas ses coups dans la concurrence à venir pour une croissance durable, des emplois mieux payés, les investissements étrangers et le recrutement d'une main-d'œuvre qualifiée.
«La concurrence américaine a toujours été un défi pour nous. C'était un défi au temps de [Donald] Trump, c'était un défi sous toutes les administrations précédentes, rappelle M. Trudeau. Nous avons toujours trouvé des moyens pour nous assurer que cela soit au bénéfice des Canadiens.»
Selon lui, les occasions de croissance, combinées à une main-d'œuvre fiable, diverse et bien instruite et à un système universel de soin de santé font du Canada «un endroit extrêmement attrayant pour investir».
M. Trudeau a cité deux exemples précis.
ArcelorMittal Dofasco convertit une usine à Hamilton pour qu'elle émette moins de carbone en utilisant l'électricité pour chauffer les lieux au lieu du charbon. Cette mesure pourrait lui permettre de réduire les émissions de 60 %. Le projet est financé en partie par les gouvernements du Canada et de l'Ontario. Elle deviendrait la première aciérie importante à se convertir aux énergies propres en Amérique du Nord.
GM Canada a annoncé le mois dernier que son usine d'Ingersoll, en Ontario, deviendra la première à ne fabriquer que des véhicules électriques. Son objectif est de construire 50 000 camions par année d'ici 2025.
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«Nous ne les avons pas mendiés pour ça, souligne M. Trudeau. Ces entreprises ont réalisé qu'il existait un marché ici, que les travailleurs canadiens étaient qualifiés. Elles peuvent être plus ambitieuses.»
Même si des pays sont des alliés, cela ne signifie pas qu'ils ne seront pas des rivaux sur le plan économique, signale Michael Harvey, vice-président Politiques et international à la Chambre de commerce du Canada.
«Nous coopérons avec les États-Unis, notre plus proche allié. Nous nous livrons une concurrence économique. Nous faisons les deux, dit M. Harvey. C'est dans l'intérêt du Canada de coopérer le plus possible, mais dans les domaines où nous devons livrer une concurrence, nous le faisons.»
Certains minéraux essentiels à la fabrication de moyens de transport propres, seront un élément essentiel de la stratégie canadienne.
Selon le classement annuel de BloombergNEF, le Canada a grimpé au deuxième rang mondial des pays producteurs de batteries lithium-ion grâce à un bon approvisionnement et une forte demande nord-américaine.
Le ministre fédéral des Ressources naturelles, John Wilkinson, a récemment présenté la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques de 3,8 milliards $. Le financement proposé englobe diverses activités industrielles, dont les recherches géoscientifiques, l’exploration, le traitement des minéraux et les applications de transformation et de recyclage.
Stellantis, une filiale de Chrysler, s'est associée avec LG pour construire une usine de véhicules électriques à Windsor, en Ontario. Volkswagen et Tesla envisagent aussi d'investir au Canada.
La Chine demeure au premier rang du classement. Elle abrite désormais les trois quarts de toute la capacité de fabrication de cellules de batterie et 90 % de la production d’anodes et d’électrolytes.
Les États-Unis occupent le troisième rang, car il demeure dépendant des importations de matières premières pour les batteries, «particulièrement en provenance de ses partenaires commerciaux».
Et cela comprend le Canada, même si les autorités américaines oublient de le nommer spécifiquement.
«Le friend-shoring dément ceux qui prétendent que l'on ne peut atteindre la sécurité économique que par le protectionnisme, a écrit Mme Yellen dans un essai pour le groupe de réflexion Project Syndicate. Nous ne voulons pas tout produire tout seuls. Nous ne voulons pas limiter le commerce à un petit groupe de pays. Cela cause un grand tort aux avantages des échanges commerciaux et nuirait à la compétitivité et à l'innovation aux États-Unis.»
M. Harvey croit que le Canada devra renforcer ses infrastructures essentielles au commerce international. «Il faut agrandir les ports, soutenir les chaînes d'approvisionnement et s'assurer qu'un plus grand nombre de Canadiens fassent partie de la force de travail», avance-t-il.
Il estime que l'un des plus grands avantages économiques du Canada, c'est d'être voisin des États-Unis.
«Nous devons réaliser des investissements dans des domaines qui peuvent réellement renforcer notre commerce.»