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Retenant difficilement des sanglots, Mme Bélisle a dit «s’être beaucoup questionnée sur le prix à payer pour remplir ce travail exigeant dans un contexte, disons-le, souvent hostile» après une longue pause.
Avec émotion, la mairesse France Bélisle a annoncé jeudi sa démission pour «préserver sa santé». Son départ est effectif immédiatement et elle sera remplacée par Daniel Champagne sur une base intérimaire.
Retenant difficilement des sanglots, Mme Bélisle a dit «s’être beaucoup questionnée sur le prix à payer pour remplir ce travail exigeant dans un contexte, disons-le, souvent hostile» après une longue pause.
Les figures du monde municipal en ont pris pour leur rhume dans les derniers mois, voire les dernières années.
Voyez le reportage de Simon Bourassa sur ce sujet dans la vidéo:
En tête de liste, on peut penser à la jeune mairesse de la petite municipalité Chapais, Isabelle Lessard, qui a démissionné après avoir vécu un épuisement professionnel en lien avec la lutte contre les feux de forêt à l'été 2023 au Nord-du-Québec.
On a également vu la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avoir un malaise en direct lors d'une conférence de presse, et on a assisté aux développements en lien avec le climat toxique perçu au conseil municipal de Trois-Rivières, la ville où le maire Jean Lamarche s'est lui aussi absenté dans le cadre d'un arrêt de travail.
Épuisée, la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, a été en arrêt de travail pendant plusieurs mois. Mme Beaudin a d'ailleurs souligné être «extrêmement inquiète pour la démocratie locale.»
Ces situations ont «ébranlé» Mme Bélisle, qui a révélé avoir déjà été victime de menaces de mort, et l’ont «habitée dans sa réflexion».
«La vie politique nous hypothèque.»
Mme Bélisle a fait une longue liste des éléments qui la poussent à quitter son poste de mairesse de la quatrième ville la plus populeuse du Québec. Elle a évoqué des comportements qui l'ont mise «profondément mal à l'aise» et qui «interfèrent avec [ses] valeurs profondes».
«Depuis le début du mandat, j’ai été témoin de propos et de façons de faire qui me préoccupe: des attaques personnelles qui dépassent la critique; des élus qui ne jouent pas leur rôle à la bonne place ni au bon moment; des menaces de mort par certains membres du public; […] des qualificatifs qu’on associe trop souvent et trop facilement aux femmes.»
Mme Bélisle estime qu'on s'est «collectivement égarés». Si elle n'a «pas la prétention de parler pour tous», elle «s'inquiète des dérapages» en milieu municipal.
La mairesse démissionnaire a rappelé qu'un récent bilan d'Élections Québec a révélé que depuis les dernières élections municipales de 2021, plus de 700 élus et élues ont quitté leurs fonctions, soit près de 10% des 8000 figures politiques municipales de la province – du jamais vu, a avancé l'Union des municipalités du Québec (UMQ) dans les derniers mois.
La démission de Mme Bélisle a provoqué des réactions au sein de la politique provinciale, à commencer par celle du premier ministre François Legault, qui l'a remerciée «pour ses années de service» et lui a souhaité «le meilleur pour la suite».
Je veux remercier France Bélisle pour ses années de service à titre de mairesse de Gatineau. Je lui souhaite le meilleur pour la suite.
— François Legault (@francoislegault) February 22, 2024
Pourtant, le gouvernement Legault a eu maille à partir avec Mme Bélisle dans les derniers mois, quand la mairesse avait fustigé Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux, pour sa réticence à fournir des ressources d'aide après qu'une femme sans domicile fixe de 27 ans a été retrouvée dans un boisé alors qu’elle accouchait seule à l'été 2023. Un groupe de femmes s’était alors porté à son aide et avait guidé les ambulanciers jusqu’à elle.
Dans le monde municipal, l'UMQ a rendu hommage à Mme Bélisle. «France est une personne déterminée, animée par le devoir d'engagement et dotée de profondes valeurs», a affirmé le président de l'UMQ, Martin Damphousse.
«Son ouverture et sa grande empathie en font une figure marquante du monde municipal, toujours prête à apporter des changements et à défendre les valeurs d'égalité et les causes sociales, même dans les contextes les plus difficiles», a-t-il ajouté.
Avec de l'information de La Presse canadienne.