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Une porte-parole du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal avance que les gestionnaires du CHSLD Herron ont minimisé «la situation prévalant dans leur établissement» et ne collaboraient «pas pleinement avec le CIUSSS».
Qui était au courant de la dérive au CHSLD Herron et à quel moment les personnes concernées ont été mises au fait de ces problèmes? Les ministres caquistes Marguerite Blais et Danielle McCann sont jusqu'ici abondamment montrées du doigt, mais une portion du blâme dans la crise pourrait revenir à la direction de la résidence, selon le CIUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal.
Selon des documents dévoilés par Radio-Canada, les ministres Blais et McCann savaient dès le 30 mars 2020, à la suite d’un courriel intitulé «urgent», qu’il n’y avait presque plus de personnel pour soigner les 154 résidents du CHSLD Herron. Pourtant, elles ont affirmé avoir appris la catastrophe en lisant le quotidien The Gazette, le 10 avril 2020. Entre ces deux dates, quel genre de communication la direction du CHSLD a-t-elle entretenue avec le gouvernement et le CIUSSS?
Un courriel acheminé à Noovo Info, mercredi, la responsable des relations publiques à la Direction déléguée, communications et relations médias du CIUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal, Annie Charbonneau, met en lumière les événements survenus au CHSLD Herron à partir du 29 mars 2020.
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La nuit du 29 au 30 mars
Mme Charbonneau confirme que son organisation a communiqué avec le sous-ministre dans la nuit du 29 au 30 mars 2020, par courriel, «afin de l’informer de sa présence sur les lieux depuis plusieurs heures et que la situation alarmante constatée au CHSLD le 29 mars est alors sous contrôle, les résidents ayant été nourris, changés et mis au lit par l’équipe du CIUSSS.»
Mme Charbonneau ajoute que, bien que le CHSLD Herron était à ce moment sous tutelle, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal «ne disposait pas de véritables pouvoirs d’intervention en cette date, aucun écrit officiel ou levier légal ne légitimant le CIUSSS à intervenir autrement qu’en mode "soutien-accompagnement"».
Situation rapidement «calmée»
La période d’intervention du CIUSSS en soutien et en accompagnement aurait donc débuté le 30 mars 2020 et se serait poursuivie jusqu’à l’ordonnance de la directrice de la Santé publique de Montréal émise le 7 avril 2020.
Annie Charbonneau avance toutefois que les gestionnaires du CHSLD Herron «minimisaient la situation prévalant dans leur établissement et ne collaboraient pas pleinement avec le CIUSSS.»
Toujours selon Mme Charbonneau, une des propriétaires du CHSLD Herron aurait écrit au CIUSSS, le 30 mars en soirée, disant que «la situation s'est rapidement calmée suite aux appels que nous avons placés avec notre personnel et les agences, afin de leur expliquer la situation. Déjà ce matin, notre équipe est majoritairement de retour au travail.»
Obstacles administratifs
«Malgré cette affirmation, la situation s’avère tout autre», affirme Annie Charbonneau du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal alors que, selon elle, «l’accès à l’information et aux équipements critiques pour le bien-être des résidents s’avèrent difficile.»
Le CIUSSS aurait été confronté «aux difficultés de connaître les horaires de travail et la liste des employés disponibles, alors que des employés du CHSLD se présentent peu ou pas, le tout obligeant le CIUSSS ODIM à intervenir en situation d’urgence au début de chaque quart de travail», de spécifier Mme Charbonneau.
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Déploiement des ressources
Malgré tout, le CIUSSS déploie minimalement 105 de ses ressources entre le 30 mars et le 5 avril 2020.
Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a produit des représentations publiques de plus de 55 pages dans le cadre de l’enquête de la coroner Géhane Kamel sur le sort des aînés vulnérables au plus fort de la crise de la COVID.
Le CIUSSS n’entend pas faire davantage de commentaires et réaffirme sa volonté de collaborer avec la coroner Kamel pour faire la lumière sur les évènements du printemps 2020. Qu'à cela ne tienne, Mme Kamel ne compte pas reprendre ses travaux d'enquête ni entendre ou réentendre dans l'affaire, selon ce qu'a rapporté Le Devoir, et prévoit toujours la production de son rapport pour l'été 2022.