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D'ici cinq ans, la CAQ cherche à ce que tous les tout-petits aient accès de façon «équitable» à une place subventionnée en garderie.
La Coalition Avenir Québec (CAQ) promet, par le biais du ministre de la Famille Mathieu Lacombe, de convertir les places non subventionnées en garderies pour que tous les parents aient accès à des places à 8,70 $ pour leurs enfants, si le parti revient au pouvoir au terme des prochaines élections provinciales, le 3 octobre 2022.
D'ici cinq ans, la CAQ cherche à ce que tous les tout-petits aient accès de façon «équitable» à une place subventionnée en garderie.
Le ministre Lacombe a rappelé que le parti ajoute ce morceau à l’effort du projet du «Grand Chantier pour les familles», dont l’investissement de 5,7 milliards est censé créer 37 000 places subventionnées dans le réseau. La CAQ estime à près de 60 000 le nombre de places non subventionnées en garderies à l'heure actuelle. Il s'agit là de la cible de conversion du parti. Le coût de conversion : 1,4 milliard $.
«Trop de parents n’ont toujours pas de place en service de garde ou doivent payer 50 $ ou même 60 $ par jour en garderie non subventionnée. C’est comme Internet haute vitesse. Avant notre arrivée au gouvernement, il y avait eu beaucoup de promesses, mais pas d'action. [...] On parle du plus grand investissement de l’histoire du Québec dans les services de garde éducatifs de qualité. Pour la CAQ, c’est une priorité», a déclaré le député de Papineau.
Le ministre Lacombe et la vice-première ministre Geneviève Guilbault, présente à la conférence, ont en effet mis le blâme sur le Parti libéral du Québec (PLQ), au pouvoir avant l'arrivée de la CAQ à la tête du gouvernement de la province en 2018, pour «l'iniquité» actuelle dans les garderies.
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Mais justement, du côté de Québec Solidaire, on estime que la CAQ a eu amplement le temps pour redresser la situation.
«Le ministre Lacombe aime bien nous faire de belles grandes annonces avec de gros montants pour tenter de nous faire oublier son bilan des quatre dernières années : on a toujours autant d’enfants en attente d’une place, les familles se sont appauvries, il y a encore un manque criant d’éducatrices et aucune aide d’urgence pour les parents privés d’un retour au travail. C’est pas glorieux, je comprends la CAQ d’essayer de nous faire oublier!» a lancé la candidate solidaire dans Rivière-du-Loup-Témiscouata, Myriam Lapointe-Gagnon dans un communiqué.
Chez les libéraux, le député Marc Tanguay rappelle que la CAQ promettait déjà une place en service de garde pour tous les enfants à l'élection de 2018. Selon lui, la CAQ a «échoué et abandonné les parents».
«La liste d'attente est passée de 40 000 personnes à 52 000. De plus, en quatre ans, la CAQ a seulement réussi à convertir 1767 places. Comment pourront-ils en convertir 67 000 en cinq ans?» s'interroge le député de LaFontaine, qui qualifie l'engagement d'«échec annoncé».
Du côté du Parti québécois, la députée Méganne Perry Mélançon trouve cet engagement «un peu surprenant et peu convaincant», alors que la CAQ avait toujours prévu jusqu'ici le maintien des places dans le secteur privé non subventionné.
Bien que le PQ soit en faveur de la conversion proposée, Mme Perry-Mélançon condamne l'intention du ministre de laisser le choix aux garderies de se convertir en CPE ou de demeurer privées. «Pour nous, au Parti québécois, il faut que ça aille à un seul endroit et c'est dans le réseau des CPE, tout en maintenant, évidemment, le réseau en milieu familial. Ce qu'on veut privilégier, c'est vraiment un virage 100 % CPE. Toutes les jeunes familles au Québec, leur choix numéro un, c'est le CPE.»
À l'opposé, l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) applaudit l'intention du ministre qui, selon elle, «s'inscrit dans l'un des fondements du réseau qu'est l'universalité».
Cependant, à l'instar du PQ, l'Association espère que la priorité de cette transformation sera vers les CPE. Sa directrice générale, Geneviève Bélisle, va jusqu'à affirmer que le ministre ne devrait pas laisser la décision entre les mains des propriétaires. «Le choix personnel des propriétaires ne devrait pas guider cette conversion, mais les besoins des familles, leurs préférences et les objectifs de ce projet de société», dit-elle.
Mathieu Lacombe assure que les propriétaires de services de garde non subventionnés auront le choix de devenir des centres de la petite enfance (CPE), soit des organismes à but non lucratif, ou demeurer des entreprises privées à but lucratif, mais n'auront pas d'autre choix que d'offrir leurs places au même tarif que les garderies subventionnées.
Le ministre avait annoncé en février 2022 avoir autorisé la création de presque 14 000 nouvelles places en garderies, censées devenir disponibles en l’espace de deux ans.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) avait salué l'annonce, mais avait rappelé que le milieu souffre encore d'une grande pénurie de personnel et déplorait justement la grande place accordée aux garderies privées subventionnées.
Il s'agit déjà d'un troisième engagement électoral de la CAQ, alors que la campagne n'est pas officiellement commencée, après des promesses d'investissement majeur en matière de logement abordable et de la création de l'agence Santé Québec.
Voyez les explications d'Anaïs Elboujdaini.
Le premier ministre François Legault avait promis en juin dernier qu'il n'y aurait plus d'annonces gouvernementales de sa part ou de ses ministres à compter du 1er juillet. Cependant, de telles annonces se multiplient, mais la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, qui était aux côtés de ministre Lacombe pour celle-ci, s'est défendue de briser cette promesse.
«Il n'y a pas eu d'annonce gouvernementale depuis le 1er juillet. Il n'y a pas eu d'annonce de nouvel argent. Aujourd'hui c'est une annonce, je dirais, de la Coalition avenir Québec, à distinguer d'une annonce gouvernementale», a-t-elle avancé en pointant du doigt les agissements similaires d'autres formations politiques.
Pour Geneviève Guilbault, «l'imminence de la campagne électorale fait en sorte que les partis commencent à dévoiler un petit peu, graduellement, leurs intentions.»
Malgré tout, l'annonce de vendredi a été présentée comme une intention ferme dans un prochain mandat, et ce, par le ministre de la Famille en titre et non par le premier ministre dans le cadre d'une campagne électorale qui n'est toujours pas déclenchée. Il est loin d'être assuré que le public fasse la même distinction que la vice-première ministre entre une annonce électorale et une annonce gouvernementale.
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Avec de l'information de Pierre Saint-Arnaud pour La Presse canadienne