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Des inspections qui ont été vivement critiquées par plusieurs...
Après un vendredi soir mouvementé, les propriétaires des restaurants sur la rue Peel pourront rouvrir les quatre terrasses qui étaient jugées non conformes par des agents de prévention du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). Des inspections qui ont été vivement critiquées par plusieurs.
«Ça n'a pas d'allure», lançait la directrice des opérations du Ferreira Café, un restaurant sur la rue Peel visée par l'opération Sentinelle, Sandra Ferreira, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux vendredi soir.
Des agents de prévention du Service de sécurité incendie de Montréal sont intervenus vers 21h vendredi soir, pour vérifier la conformité de la terrasse de l'établissement. Ils ont finalement obligé l'établissement à fermer sa terrasse, qui était «pleine à craquer» pendant les festivités du Grand Prix du Canada.
«Ça fait des mois qu’on travaille pour essayer d’avoir des terrasses, pour essayer d’avoir un Grand Prix sur la rue Peel», a déploré Sandra Ferreira, qui se dit fâchée dans sa vidéo.
Bien que l'établissement a reçu des permis spéciaux pour l'installation des terrasses, Mme Ferreira soutient avoir tout fait pour se conformer à la réglementation de la Ville.
«Avec les commerçants de la rue, on essaye de faire quelque chose qui a de l’allure. On a investi de nos poches», a-t-elle dit.
Six agents ont fait l'inspection de la terrasse en question. Ces derniers ont jugé que les tentes n'étaient pas conformes à la réglementation. Selon la directrice des opérations, cette intervention devant les clients était une «honte».
«Ils attendent le vendredi du Grand Prix pour venir, alors qu’on a un restaurant plein. Et devant tout le monde, ils nous demandent de faire quitter les gens de la terrasse», a-t-elle dénoncé. «Ça n’a pas d’allure. On n’a donc pas de vision pour notre ville.»
Une amende leur a été finalement donnée, avant que les agents de prévention du SIM leur aient ordonné la fermeture complète de la terrasse. Les employés se sont donc empressés de faire payer les clients présents.
«Je trouve ça cruel d’avoir attendu deux ou trois semaines pour venir nous fermer ça, alors que le restaurant est plein», a-t-elle ajouté, en précisant que la fermeture sera d'une durée indéterminée. «En quoi est-ce qu’on est dangereux?»
Du côté du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), le chef de division aux communications Guy Lapointe soutient que c'était une décision regrettable de «dernier recours». «On n'a pas débarqué vendredi sans s'annoncer», a-t-il précisé en entrevue à Noovo Info.
Une semaine et demie avant, les agents de prévention avaient rencontré les propriétaires du Groupe Ferreira pour les informer de la non-conformité de la terrasse. «Quand on a un permis pour installer la terrasse, on doit quand même respecter la réglementation», a rappelé M. Lapointe, en précisant que la tente au-dessus de la terrasse n'était pas à moins de trois mètres de l'édifice. «On leur a demandé d'ajuster ou de retirer les marquises pour être conforme [...] Dans le cadre de nos inspections, on a constaté qu'ils n'avaient pas fait les modifications.»
«Ce n'est pas une fermeture définitive», a ajouté M. Lapointe, en disant que les agents travaillent avec les propriétaires des restaurants pour trouver des solutions. «C'est une minorité d'établissements qui ne respecte pas la réglementation.»
Selon le chef de division aux communications du SIM, quatre terrasses n'étaient pas conformes sur la rue Peel. Certains propriétaires leur avaient déjà affirmé faire les démarches nécessaires pour remédier rapidement à la situation.
Sandra Ferreira a confirmé à Noovo Info samedi en début d'après-midi que les tentes étaient désinstallées. Après une seconde inspection effectuée dans l'après-midi par les agents de prévention du SIM, les terrasses ont été jugés conformes et pourront rouvrir la même journée.
«C'est dommage pour hier, mais au moins ils vont pouvoir rouvrir les terrasses ce soir», a souligné M. Lapointe à Noovo Info.
L'opération Sentinelle, menée par le SIM, permet de vérifier la conformité des établissements licenciés et de s'assurer de la sécurité de la population. Même s'il y a des vérifications tout au long de l'année, le blitz a lieu à quatre reprises lors d'événements spéciaux, soit à la Nuit blanche de Montréal, pendant le Grand Prix, à l’Halloween et aux Fêtes. «On va vérifier un tas de choses, dont la capacité et les décorations installées» a expliqué M. Lapointe en entrevue à Noovo Info. «Il y a de gros enjeux lors de la fin de semaine du Grand Prix.»
En pleine fin de semaine du Grand Prix, plusieurs restaurants et bars de la métropole ont été confrontés à des situations similaires sur les rues Crescent et Notre-Dame. L'opposition municipale à l'hôtel de ville a dénoncé un «mauvais timing» pour faire ce type d'opérations.
Outre la question du mauvais Timing, je questionne le manque de leadership de l’arrondissement Ville-Marie dirigée par la @Val_Plante. Elle est où la concertation avec l’ensemble des parties prenantes dont parle la mairesse ? #polmtl https://t.co/8cOLzYw7kI
— Abdelhaq Sari \Conseiller de ville à Montréal Nord (@sari_ab) June 8, 2024
Le traitement infligé à cette restauratrice est honteux et inacceptable. La mauvaise coordination a atteint un sommet. Elle n’a pas à en payer le prix. @EnsembleMtl appelle l’administration à fournir des explications et trouver une solution #polmtl https://t.co/YcJLGvCPxq
— Julien Hénault-Ratelle (@JulienHR_Mtl) June 8, 2024
Ensemble Montréal a donc réclamé des explications et des solutions de la part de l'administration de Valérie Plante.
Du côté du cabinet de la mairesse, on se dit «ébranlé» par le témoignage de la restauratrice Sandra Ferreira. «Le SIM doit assurer un dialogue constant et poursuivre la recherche de solutions pour arrimer la sécurité et la vitalité des commerces que nous aimons tous», a réagi la mairesse Valérie Plante.
La mairesse se réveille finalement à 16h, un coup que les clients ont annulé leurs réservations pour ce soir ?! Comment explique-t-elle que l’équipe du Ferreira Café écope d’un tel cafouillage ?! Vos commerçants et restaurateurs méritent des réponses, @Val_Plante ! #polmtl https://t.co/mBfyYI0P6G
— Aref Salem (@arefsalem) June 8, 2024
Le directeur général de la Société de développement commercial au centre-ville, Glenn Castanheira, a émis son inquiétude par rapport à ces interventions. «Cette démarche, entamée dès le premier jour des festivités, en période de forte affluence touristique, suscite de sérieuses inquiétudes quant à ses conséquences sur la vitalité économique de certains commerçants», a-t-il dit par voie de communiqué. «Le Grand Prix de Montréal marque traditionnellement le début de la saison estivale, une période cruciale où nos commerçants comptent sur ces afflux de visiteurs pour générer des revenus indispensables à leur survie le reste de l’année.»
Concernant la possibilité de donner une période de grâce aux établissements concernés, le SIM répond qu'il y a un «réel risque». «On ne peut pas prendre de chance avec la sécurité des gens», a soutenu M. Lapointe. «C'est dommage, car la dernière chose qu'on veut faire est de nuire aux commerçants. On n'a pas le choix.»
D'ailleurs, l'Association des Pompiers de Montréal a condamné les attaques de certains internautes, qui ont confondu les agents du SIM avec les pompiers. Ses membres — les pompiers — n'ont rien à voir avec ces interventions, a-t-on assuré. «La confusion provient du fait que cette opération spectaculaire a été mené par des agents préventionnistes, des employés civils, qui, malheureusement, portent un uniforme analogue à celui des pompiers», a expliqué le président de l'Association des Pompiers, Chris Ross, déplorant du même souffle que le web et les internautes se sont enflammés sur la foi d'informations imprécises et erronées, ciblant à tort ses membres.
L'Association a rappelé que la métropole a déjà vécu des événements tragiques imputables à ce type d'infraction et qu'il fallait rester vigilant. «La société ne peut se permettre de faire preuve de laxisme, surtout en période de très forte affluence humaine, au risque d'engendrer de funestes événements, voire même des tragédies», dit-on par voie de communiqué.