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L'armée a décrit le raid sur l'hôpital Shifa comme l'un des plus réussis de la guerre qui dure depuis près de six mois.
L'armée israélienne s'est retirée du plus grand hôpital de Gaza tôt lundi, après un raid de deux semaines au cours duquel elle affirme avoir tué quelque 200 militants et en avoir arrêté des centaines d'autres. Des résidents palestiniens ont déclaré que les troupes avaient laissé derrière elles plusieurs corps et une vaste zone de destruction.
L'armée a décrit le raid sur l'hôpital Shifa comme l'un des plus réussis de la guerre qui dure depuis près de six mois. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche contre le premier ministre Benjamin Nétanyahou, lui demandant de faire davantage pour ramener chez eux les dizaines d'otages détenus à Gaza. Il s'agit de la plus grande manifestation antigouvernementale depuis le début de la guerre.
Les combats ont montré que le Hamas pouvait encore opposer une résistance, même dans l'une des zones les plus durement touchées. Israël a déclaré avoir largement démantelé le Hamas dans le nord de la bande de Gaza et a retiré des milliers de soldats à la fin de l'année dernière, laissant un vide sécuritaire qui a rendu difficile l'acheminement de l'aide humanitaire dont on a désespérément besoin.
L'armée a indiqué que parmi les personnes tuées se trouvaient de hauts responsables du Hamas et d'autres militants qui s'étaient regroupés dans cette zone après un précédent raid en novembre, et qu'elle avait saisi des armes et des renseignements précieux.
L'agence sanitaire des Nations unies a révélé que plus de vingt patients étaient morts et que des dizaines d'autres avaient été mis en danger lors de ce raid, qui a encore aggravé la destruction d'un hôpital qui avait déjà largement cessé de fonctionner.
Israël a accusé le Hamas d'utiliser les hôpitaux à des fins militaires et a effectué des raids dans plusieurs établissements médicaux. Les responsables de la santé à Gaza nient ces allégations. Les critiques accusent l'armée de mettre imprudemment en danger les civils et de décimer un secteur de la santé déjà submergé par les blessés de guerre. Les Palestiniens affirment que les troupes israéliennes ont évacué de force des maisons près de Shifa, dans le centre de la ville de Gaza, et ont forcé des centaines d'habitants à marcher vers le sud.
Le contre-amiral Daniel Hagari, principal porte-parole militaire, a dit que le Hamas et le Jihad islamique, plus petit, avaient établi leur principal quartier général dans le nord à l'intérieur de l'hôpital. Il a décrit des jours de combats rapprochés et a rendu le Hamas responsable des destructions, affirmant que certains combattants s'étaient barricadés à l'intérieur des services de l'hôpital tandis que d'autres lançaient des obus de mortier sur le complexe.
Il a ajouté que les troupes avaient arrêté quelque 900 militants présumés au cours du raid, dont plus de 500 combattants du Hamas et du Jihad islamique, et saisi plus de 3 millions de dollars en différentes devises, ainsi que des armes.
Il a nié que des civils aient été blessés par les forces israéliennes, précisant que l'armée avait évacué plus de 200 des quelque 350 patients estimés et fourni de la nourriture, de l'eau et des fournitures médicales aux autres. Deux soldats israéliens ont été tués lors du raid, ainsi que quelque 200 militants, selon l'armée.
Des vidéos circulant sur Internet montrent des bâtiments lourdement endommagés et carbonisés, des monticules de terre soulevés par des bouteurs et des patients sur des brancards dans des couloirs sombres.
Au moins 21 patients sont décédés depuis le début du raid, a indiqué le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dimanche en fin de journée sur X, anciennement Twitter.
Il a précisé que plus d'une centaine de patients se trouvaient encore dans l'enceinte de l'hôpital, dont quatre enfants et 28 patients en état critique. Il a également indiqué qu'il n'y avait pas de couches, de sacs d'urine ou d'eau pour nettoyer les plaies, et que de nombreux patients souffraient de plaies infectées et de déshydratation.
L'armée avait déjà effectué un raid sur Shifa en novembre, après avoir affirmé que le Hamas disposait d'un centre de commandement et de contrôle élaboré à l'intérieur et en dessous de l'enceinte. Elle a révélé l'existence d'un tunnel passant sous l'hôpital et menant à quelques chambres, ainsi que des armes qu'elle a déclaré avoir confisquées à l'intérieur des bâtiments médicaux, mais rien d'aussi important que ce qu'elle avait prétendu avant ce raid.
La guerre a commencé le 7 octobre, lorsque des militants du Hamas ont pris d'assaut le sud d'Israël, tuant quelque 1200 personnes, pour la plupart des civils, et prenant environ 250 personnes en otage.
Israël a répondu par une offensive aérienne, terrestre et maritime qui a tué au moins 32 782 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants dans son décompte, mais indique que les femmes et les enfants représentent environ les deux tiers des personnes tuées.
L'armée israélienne affirme avoir tué plus de 13 000 combattants du Hamas, sans fournir de preuves, et impute le nombre de civils tués aux militants palestiniens parce qu'ils combattent dans des zones résidentielles denses.
La guerre a déplacé la majeure partie de la population du territoire et conduit un tiers de ses habitants au bord de la famine.
Le nord de la bande de Gaza, où se trouve Shifa, a subi d'importantes destructions et a été largement isolé depuis octobre, ce qui a entraîné une famine généralisée.
Même si Israël s'est concentré sur d'autres parties de la bande de Gaza cette année, ses troupes ont combattu les militants dans le nord à plusieurs reprises, et les deux semaines de combats intenses autour de Shifa ont mis en évidence la capacité de résistance des groupes armés.
M. Nétanyahou s'est engagé à poursuivre l'offensive jusqu'à ce que le Hamas soit détruit et que tous les otages soient libérés. Il a prévenu qu'Israël étendrait bientôt ses opérations terrestres à la ville méridionale de Rafah, où quelque 1,4 million de personnes, soit plus de la moitié de la population de Gaza, ont trouvé refuge.
Mais il est confronté à une pression croissante de la part des Israéliens, qui le tiennent pour responsable des défaillances sécuritaires du 7 octobre, et de certaines familles d'otages, qui lui reprochent de ne pas être parvenu à un accord malgré plusieurs semaines de pourparlers sous la médiation des États-Unis, du Qatar et de l'Égypte. Les pays alliés, y compris les États-Unis, son principal soutien, l'ont mis en garde contre une invasion de Rafah.
Le Hamas et d'autres militants détiendraient encore une centaine d'otages et les dépouilles de 30 autres, après avoir libéré la plupart des autres lors d'un cessez-le-feu en novembre dernier, en échange de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.