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Guerre Israël-Hamas: le nombre de blessés israéliens monte

C'est le coût caché de la guerre.

Igor Tudoran, un réserviste de l'armée israélienne blessé à Gaza, dans un hôpital de Ramat Gan en décembre 2023.
Igor Tudoran, un réserviste de l'armée israélienne blessé à Gaza, dans un hôpital de Ramat Gan en décembre 2023.

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Associated Press
Associated Press

Igor Tudoran n'a passé que 12 heures dans la bande de Gaza avant qu'un missile ne s'abatte sur son char d'assaut, le blessant à vie.

«Déjà à l'intérieur du char, j'ai compris, au vu de l'état de ma jambe, que j'allais la perdre. Mais la question était de savoir combien j'allais en perdre», a-t-il déclaré, assis sur un lit de l'hôpital où il est soigné depuis qu'il a été blessé le mois dernier.

Tudoran, 27 ans, réserviste qui s'est porté volontaire après l'attaque du 7 octobre sur le sud d'Israël par le Hamas qui a déclenché la guerre, a perdu sa jambe droite sous la hanche. Il a gardé une attitude positive, mais admet que ses espoirs de devenir électricien ne seront peut-être plus possibles.

Tudoran fait partie d'un nombre croissant de combattants israéliens blessés, un autre segment important et profondément traumatisé de la société israélienne dont les luttes apparaissent comme un coût caché de la guerre qui sera ressenti de manière aiguë pendant des années. Compte tenu du grand nombre de blessés, les défenseurs des droits de l'homme s'inquiètent du fait que le pays n'est pas prêt à répondre à leurs besoins.

«Je n'ai jamais vu une telle ampleur et une telle intensité», a déclaré Edan Kleiman, qui dirige l'organisation à but non lucratif Disabled Veterans Organization, qui défend les intérêts de plus de 50 000 soldats blessés lors de ce conflit et de conflits antérieurs. «Nous devons réhabiliter ces personnes», a-t-il ajouté.

Le ministère israélien de la défense indique qu'environ 3000 membres des forces de sécurité du pays ont été blessés depuis que les militants du Hamas ont pris d'assaut le sud d'Israël le 7 octobre, tuant 1200 personnes, pour la plupart des civils, et prenant 240 personnes en otage. Près de 900 d'entre eux sont des soldats blessés depuis qu'Israël a commencé son offensive terrestre à la fin du mois d'octobre, au cours de laquelle les troupes se sont battues au corps à corps avec les militants du Hamas. Plus de 160 soldats ont été tués depuis le début de l'opération terrestre.

«Ils s'additionnent», a déclaré Yagil Levy, qui enseigne les relations civilo-militaires à l'Université ouverte d'Israël, à propos des blessés.

«Il pourrait y avoir un impact à long terme si nous voyons un grand nombre de personnes handicapées qu'Israël doit réhabiliter, ce qui peut engendrer des problèmes économiques et sociaux.»
- Yagil Levy, professeur israélien de relations civilo-militaires

La guerre a également apporté des souffrances sans précédent aux Palestiniens de Gaza, où plus de 21 000 personnes ont été tuées, près de 55 000 blessées et où les amputations sont devenues monnaie courante. La majeure partie de la population de cette minuscule enclave a été déplacée.

Les Israéliens soutiennent encore largement les objectifs de la guerre et celle-ci est surtout considérée comme une bataille existentielle destinée à restaurer un sentiment de sécurité perdu dans les attaques du Hamas. Les grands médias du pays couvrent à peine les difficultés endurées par les Palestiniens, et leur sort est à peine évoqué dans le discours public israélien.

Dans un pays où le service militaire est obligatoire pour la plupart des Juifs, le sort des soldats est un sujet sensible et émotionnel.

Les noms des soldats tombés au combat sont annoncés en tête des journaux télévisés toutes les heures. Leurs funérailles sont remplies d'étrangers venus témoigner de leur solidarité. Leurs familles reçoivent un soutien généreux de l'armée.

Mais historiquement, le sort des blessés, bien que salués comme des héros, a été relégué au second plan par rapport à l'histoire des soldats tués au combat. Une fois que la fanfare entourant les récits de leur service et de leur survie s'estompe, les blessés doivent faire face à une nouvelle réalité qui peut s'avérer désorientante, difficile et, pour certains, solitaire. Leur nombre n'a pas eu d'incidence significative sur le sentiment du public à l'égard des guerres d'Israël, comme l'a fait la mort des soldats.

Le nombre exceptionnellement élevé de blessés dans cette guerre constituera toutefois un rappel visible du conflit pour les années à venir.

L'hommage de Netanyahou

Le premier ministre Benjamin Netanyahou a souligné leur sacrifice lors d'une récente visite aux soldats blessés au centre médical de Sheba, le plus grand hôpital d'Israël, qui a traité et réhabilité de nombreux blessés. «Vous êtes de véritables héros», a-t-il affirmé.

À Sheba, des soldats et des civils blessés pendant la guerre se sont répandus dans les couloirs un jour récent et ont passé le temps avec leurs familles sur une terrasse extérieure. Des accessoires de football ornaient les lits d'hôpitaux des soldats blessés, tout comme l'omniprésent drapeau israélien.

Un homme qui avait perdu une jambe après avoir été attaqué lors du festival de musique Nova le 7 octobre était allongé au soleil dans l'enceinte de l'hôpital, son fauteuil roulant garé à proximité. La diva israélienne Rita a serré dans ses bras quelques soldats blessés. Un hélicoptère militaire transportant d'autres blessés a atterri à proximité.

Le ministère israélien de la défense a déclaré qu'il travaillait à «pleine capacité» pour aider les blessés, qu'il réduisait les formalités administratives et qu'il embauchait des employés pour faire face à l'afflux.

Jonathan Ben Hamou, 22 ans, qui a perdu sa jambe gauche sous le genou après qu'une grenade propulsée par fusée a touché le bulldozer qu'il utilisait pour aider à dégager le passage pour d'autres troupes, attend déjà avec impatience le jour où il pourra utiliser une prothèse financée par l'État.

Ben Hamou, qui se déplace principalement en fauteuil roulant depuis l'incident survenu au début du mois de novembre, a déclaré qu'il envisageait de poursuivre son objectif, à savoir suivre un cours de commandement militaire.

«Je n'ai pas honte de ma blessure», a dit Ben Hamou, qui a filmé le moment de l'impact du RPG ainsi que son évacuation vers l'hôpital. «J'ai été blessé pour mon pays dans une guerre à l'intérieur de Gaza. Je suis fier.»

Jonathan Ben Hamou, soldat israélien blessé à Gaza, assis sur un fauteuil roulant dans un hôpital de Ramat Gan en décembre 2023.
Jonathan Ben Hamou, soldat israélien blessé à Gaza, assis sur un fauteuil roulant dans un hôpital de Ramat Gan en décembre 2023.

Mais M. Kleiman, qui a lui-même été blessé lors d'une opération dans la bande de Gaza au début des années 1990, pense que les autorités israéliennes ne saisissent pas la gravité de la situation.

Le groupe d'anciens combattants handicapés redouble d'efforts pour répondre à ce qu'il soupçonne être les besoins écrasants d'un nouveau groupe de soldats blessés. Il a indiqué que l'organisation triplait ses effectifs, ajoutant des thérapeutes et des employés pour aider les vétérans blessés à s'y retrouver dans la bureaucratie et à améliorer les centres de rééducation.

Selon M. Kleiman, le nombre de blessés devrait avoisiner les 20 000 si l'on tient compte des personnes souffrant de stress post-traumatique.

Selon lui, si les soldats blessés ne reçoivent pas les soins mentaux et physiques dont ils ont besoin, notamment en rendant leur maison ou leur voiture accessible, cela pourrait freiner leur réadaptation et retarder, voire empêcher, leur retour sur le marché du travail.

«Il y a des blessés dont la vie a été gâchée», a déclaré Idit Shafran Gittleman, chercheur principal à l'Institut d'études de sécurité nationale, un centre de recherche de Tel-Aviv. «Ils devront faire face à leur blessure toute leur vie.

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