Début du contenu principal.
«Notre plan A, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d’imposition de tarifs douaniers.»
Face aux menaces de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers aux produits canadiens, la ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec suggère aux entreprises de diversifier leurs clients, en misant notamment sur d’autres marchés, à l’international, mais aussi à l’intérieur du Canada.
La ministre Christine Fréchette avait convié les médias vendredi avant-midi, après l’une de ses trois «tables rondes» prévues cette semaine avec une trentaine d’entreprises et d’associations d’affaires du Québec.
«On veut assurer un maintien de notre plein accès au marché américain. Donc, notre plan A, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d’imposition de tarifs douaniers», a indiqué la ministre.
Pour éviter que le président désigné des États-Unis mette ses menaces à exécution, il faut que le Canada réponde à ses inquiétudes, en sécurisant la frontière, a expliqué l'élue, faisant écho ainsi aux opinions exprimées par le premier ministre François Legault dans les derniers jours.
«Mais on se prépare quand même à tous les scénarios possibles», a-t-elle renchéri, d’où la nécessité de rencontrer les gens d’affaires, «pour prendre le pouls du milieu économique, des acteurs économiques d'importance».
En plus de la trentaine de dirigeants rencontrés dans la dernière semaine, Christine Fréchette a indiqué que son ministère était en contact avec une centaine d’autres dirigeants d’entreprises de plusieurs secteurs.
«On a besoin de savoir comment les entreprises vont réagir.»
Certaines d'entre elles «vont internaliser» un éventuel tarif «en absorbant ça dans leurs profits» et d'autres ont l’intention de «refiler la facture» à leurs clients américains, a ajouté Christine Fréchette.
À VOIR ÉGALEMENT | Tarifs douaniers: un danger pour l'aluminium québécois, un risque pour les entreprises canadiennes
Se préparer à tous les scénarios implique qu’il faut tenter de développer des marchés en dehors des États-Unis, selon la ministre.
En 2023, trois quarts des exportations québécoises de marchandises (73,6 %) étaient destinés aux États-Unis, ce qui représente une valeur estimée à 83,7 milliards $, selon le ministère de l’Économie.
«On veut que les entreprises regardent ailleurs qu’aux États-Unis», ce qui inclut, selon Christine Fréchette, de faire affaire davantage avec des partenaires des autres provinces canadiennes.
Il y a beaucoup de «possibilités d’exportations» qui n’ont pas été exploitées à l’intérieur du Canada et «je pense qu’il y a un gros potentiel de ce côté-là», a indiqué la ministre.
Il faut «réduire le risque et l’exposition sur le marché américain», a ajouté la présidente-directrice générale d’Investissement Québec, Bicha Ngo, qui l'accompagnait.
Les secteurs de l’aluminium, dont la production est exportée aux États-Unis à 96 %, l’aérospatiale (69 %), la foresterie (83 %), l’agroalimentaire (68,5 %) sont ceux qui ont participé aux tables rondes avec la ministre.
«Ce sont ces secteurs qui génèrent le plus d’attention de notre part», mais «il y a aussi des PME qui sont très à risque, parce qu’elles ont moins de ressources pour se défendre», a précisé la ministre Fréchette.
Elle a expliqué que les différentes rencontres qui ont eu lieu, et celles qui sont prévues avec les entreprises permettront notamment de déterminer «les points de pression sur l’économie des États-Unis» et d’identifier «des alliés potentiels» et de pouvoir agir rapidement et en amont si des tarifs douaniers sont imposés.
Par ailleurs, lors d’échanges avec les journalistes, la ministre Fréchette s’est fait demander si Québec «pourrait revoir son aide aux entreprises d’Elon Musk» si ce futur membre de l’administration Trump continue de proférer des insultes à l’endroit du premier ministre canadien Justin Trudeau.
«On n’en est pas là, on travaille à faire en sorte qu’il n’y ait pas de tarifs douaniers d’appliqués», a répondu la ministre.
À propos des menaces de tarifs, la ministre a indiqué qu’elle était réconfortée par le fait qu’Elon Musk connaît bien «la dynamique au Québec» par rapport aux véhicules électriques.
Selon elle, les États-Unis n’ont pas intérêt à tourner le dos aux minéraux critiques du Québec.
«Il sait ce à quoi il tournerait le dos si jamais» il devait y avoir des tarifs à la frontière.
Elon Musk, influent conseiller du président Trump, a récemment traité Justin Trudeau «d’insupportable abruti» et écrit «qu’il ne restera pas au pouvoir pour bien longtemps».
Le gouvernement Legault a offert différentes subventions aux entreprises d’Elon Musk.
Au printemps 2022, par exemple, Québec a accordé un financement de 50 millions $ afin de permettre le déploiement du service de transmission satellitaire de Starlink, une entreprise qui appartient à l’homme le plus riche au monde.