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«Si ces projets sont déposés, on va les regarder et on va s'assurer qu'il y ait quand même de l'acceptabilité sociale.»
Le premier ministre François Legault a dit être prêt jeudi à autoriser des projets de pipeline et de terminal gazier s'ils sont acceptés socialement.
Son gouvernement avait refusé le projet de terminal à Saguenay, mais en raison de la menace de droits de douane de l'administration Trump le 4 mars, le premier ministre ainsi que certains de ses ministres sont maintenant prêts à réévaluer les projets, qui permettraient de désenclaver les hydrocarbures de l'Alberta pour les exporter en Europe notamment.
«Les projets, pour l'instant, ne sont pas déposés. Si ces projets sont déposés, on va les regarder et on va s'assurer qu'il y ait quand même de l'acceptabilité sociale», a-t-il affirmé en mêlée de presse jeudi après-midi à la suite d'une visite dans une usine d'ébénisterie.
François Legault faisait référence aux projets GNL-Québec (gaz) et Énergie Est (pétrole) qui n'ont jamais vu le jour.
Le premier ministre se trouvait ainsi à valider les signaux envoyés par deux de ses ministres mercredi, soit son ministre de l'Environnement, Benoit Charette, et sa ministre responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest.
En raison d'un rapport défavorable du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) en 2021, M. Charette avait refusé de délivrer les autorisations nécessaires à GNL-Québec, ce projet controversé de pipeline et de terminal méthanier à Saguenay pour exporter du gaz naturel albertain.
Le rapport du BAPE avait entre autres constaté qu'il n'y avait pas d'acceptabilité sociale.
Le conseil des ministres avait statué que le projet d'usine de liquéfaction de gaz naturel risquait de «défavoriser la transition énergétique», avait expliqué M. Charette. Il avait ajouté que ce projet était «risqué» sur le plan économique et avait «plus de désavantages que d'avantages».
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En février 2022, dans un rapport de 285 pages, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada avait également fait savoir que le projet était susceptible de nuire à l'environnement, après six ans d'examen.
Les trois partis d'opposition à l'Assemblée nationale, le Parti libéral, Québec solidaire et le Parti québécois, sont contre, mais le Parti conservateur d'Éric Duhaime est en faveur.
Il n'y a actuellement plus aucun projet sur la table, mais le 11 janvier dernier, le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre a relancé le bal concernant GNL-Québec, en affirmant, lors d'une tournée au Saguenay, que son éventuel gouvernement autoriserait le projet.
Pas plus tard que mardi, à Montréal, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a également entrouvert la porte à la résurrection du projet.
Lundi, dans une lettre adressée au premier ministre François Legault, Éric Duhaime a suggéré de relancer GNL-Québec pour «désenclaver le pétrole albertain» et l'acheminer ailleurs qu'aux États-Unis.
En août 2022, en pleine campagne électorale, le chef caquiste François Legault avait fermé la porte à un retour de GNL-Québec en assurant que sa position n'avait pas changé.
En avril 2022, Benoit Charette, avait dit: «On a pris la décision (de dire non) l’an dernier et on n’a aucune intention de la reconsidérer. Ce n’est plus un projet (envisagé) au Québec et nous sommes plutôt fermes là-dessus.»
Rappelons qu'en 2022, l'agence fédérale concluait que l'usine augmenterait les émissions de gaz à effet de serre (GES), que la hausse du trafic maritime sur le Saguenay nuirait à la population de bélugas, tandis qu'il y aurait également des effets négatifs sur le patrimoine culturel des Premières Nations innues.
Le gouvernement Trudeau avait donc décidé que ces impacts négatifs sur l'environnement étaient non justifiables dans les circonstances et avait refusé d'accorder son autorisation.
Dans son rapport publié en mars 2021, le BAPE concluait que la somme des risques du projet dépassait largement ses avantages.
L'entreprise n'avait pas réussi à démontrer que l'opinion publique était favorable, que le projet servirait à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et qu'il permettrait d'accélérer la transition vers des énergies propres.
L’objectif de l'usine était d’exporter par voie navale, chaque année, 11 millions de tonnes de gaz naturel provenant de l'Ouest canadien vers l’Europe et l’Asie, pour une période allant de 25 à 50 ans. Un gazoduc de 780 kilomètres de long devait aussi être construit par l’entreprise Gazoduq, afin d’acheminer le gaz de l’Ontario au Saguenay.
Une évaluation du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services estimait que l’usine aurait émis l’équivalent de 704 kilotonnes de CO2 par an. Cependant, si on inclut l’extraction, le transport et l’utilisation du gaz, ce nombre s’élèverait plutôt à 45 486 kilotonnes par année.