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On a pris l’habitude dans les médias de l’affubler de différentes étiquettes : polémiste, populiste, démagogue.
On a pris l’habitude dans les médias de l’affubler de différentes étiquettes : polémiste, populiste, démagogue.
Chose certaine, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) est un habile communicateur. Partisan de la droite décomplexée, fervent défenseur des libertés individuelles, Éric Duhaime n’a pas la langue dans sa poche.
Mordu de politique depuis toujours, il a cependant tourné autour du pot pendant des années avant de faire le grand saut dans les chaussures de chef d’un parti politique.
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L’ex-animateur de radio privée a pris les rênes du PCQ, un parti qui n’allait nulle part sous la gouverne d’Adrien Pouliot, il y a seulement un peu plus d’un an, en avril 2021. Depuis, le parti a connu une poussée de croissance fulgurante, recueillant l’adhésion de quelque 60 000 membres, ce que doivent lui envier plusieurs chefs des autres partis.
Éric Duhaime a bâti sa popularité politique sur le rejet des mesures sanitaires et la colère des gens frustrés de devoir les observer. Au moment de son élection à la tête du parti, il affirmait qu’il serait la voix des «sacrifiés de la COVID» et de tous ceux qui ont subi «l’extrémisme sanitaire» du gouvernement Legault.
Avec la fin des mesures sanitaires, il a dû s’ajuster rapidement et proposer un programme plus étoffé pour maintenir l’intérêt des électeurs. Mais il cherche toujours à profiter de la colère d’une partie de la population, visant à fédérer autour de lui tous les mécontents du gouvernement Legault, comme tous ceux dont le cœur penche à droite.
Sa plateforme électorale est d’abord axée sur le désengagement de l’État, notamment par la privatisation des services de santé. Il mise aussi sur une baisse du fardeau fiscal et favorise l’exploitation des hydrocarbures. Mais il demeure vague sur de nombreux enjeux majeurs, comme la lutte aux changements climatiques ou en matière d’immigration, un secteur qui doit viser selon lui la «compatibilité civilisationnelle».
Sur le plan identitaire, il se dit nationaliste à sa manière, se prononçant pour la loi 21 sur la laïcité, mais contre la loi 96 sur la promotion du français, trop liberticide à son goût. Il cherche ainsi à séduire l’électorat anglophone, espérant ravir quelques votes au Parti libéral de Dominique Anglade.
En 2018, le PCQ n’avait récolté que 1,4 % du vote populaire. En 2022, le contexte a bien changé. On assiste certainement à un «effet Duhaime», car il réussit à remplir ses salles, à recruter des membres et à recueillir de l’argent. En 2021, il a attiré plus de donateurs que le Parti libéral du Québec (PLQ).
Mais sa popularité demeure somme toute marginale. Pour élargir sa base, il pourrait devoir songer à recentrer son discours. Selon le site de projections électorales faites à partir de divers sondages Qc125, le Parti conservateur pourrait accaparer environ 13 % du vote populaire le 3 octobre et devoir se contenter, au mieux, d’un maximum de quatre sièges et peut-être bien aucun.
Ce n’est donc pas gagné d’avance pour le chef dans Chauveau, la circonscription en banlieue nord de Québec où il espère faire une percée. La circonscription appartient au caquiste Sylvain Lévesque, qui est encore sur les rangs, rassuré par une confortable majorité de 9627 voix obtenue en 2018.
Les conservateurs présenteront des candidats dans les 125 circonscriptions et espèrent tout de même faire des gains le 3 octobre, ou à tout le moins brouiller les cartes, dans la capitale, sur la rive-sud de Québec et en Beauce.
C’est dans ces régions que M. Duhaime fera surtout campagne, où le terreau paraît le plus fertile pour sa formation et ses idées. Il s’est prononcé sur les grands enjeux locaux : soit contre le projet de tramway, mais pour la construction d’un troisième lien, tout en étant contre le projet gouvernemental d’un tunnel sous le fleuve Saint-Laurent. Il préférerait voir ériger un pont à l’est, du côté de l’Ile d’Orléans. Pour remplacer le tramway, il propose la gratuité du transport par autobus.
Âgé de 53 ans, Éric Duhaime est ouvertement gai et vit en couple depuis une dizaine d’années. Actuellement, il vit de ses économies, se consacrant totalement à la politique. Son conjoint tient mordicus à demeurer en dehors de la politique, refusant même d’être identifié.
Le chef conservateur a grandi à Laval et habite à Québec, dans le quartier Saint-Sacrement, en haute-ville. Adolescent, son idole était l’ex-première ministre britannique Margaret Thatcher. Dans le passé, celui qui a étudié en science politique a cofondé le Réseau Liberté Québec, ayant pour objectif de rassembler la droite libertarienne.
Sur le plan politique, il a beaucoup magasiné. Ce n’est pas la première fois qu’il tente de faire son entrée à l’Assemblée nationale. En 2003, sous la bannière de l’Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont, il avait été candidat dans Deux-Montagnes, se taillant une troisième place. Il a joué le rôle de conseiller politique et aussi milité au Parti québécois, au Bloc québécois et à l’Alliance canadienne de Stockwell Day.
Verbomoteur, intense, très à l’aise devant un micro, c’est à la radio qu’il s’est fait connaître du public, ne craignant pas les opinions très tranchées, les coups de gueule, les idées à contre-courant, proférant un discours souvent provocateur, notamment sur les femmes, d’où sa réputation de polémiste.
Un exemple parmi tant d’autres : il n’a pas hésité, en ondes, à comparer la responsabilité d’une femme agressée sexuellement, qui aurait oublié de fermer sa porte d’appartement à clef, avec celle de l’automobiliste qui se fait voler sa voiture, après avoir oublié de verrouiller les portières.