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Technologie

Un «chatbot» pour les services aux citoyens? Les projets d'IA de Caire et du gouvernement

Ce «chatbot» serait utilisé pour la première fois dans un environnement «à faible risque», celui du site de données publiques du gouvernement, Données Québec, dans l’objectif de le réutiliser ailleurs.

Éric Caire, ministre de la Cybersécurité et du Numérique, en conférence de presse à Québec le 29 février 2024.
Éric Caire, ministre de la Cybersécurité et du Numérique, en conférence de presse à Québec le 29 février 2024.
/ Noovo Info

Le gouvernement Legault compte déployer, d’ici la fin du printemps 2024, un premier prototype d’agent conversationnel – ou chatbot – pour ses services aux citoyens dans son processus d’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’administration publique, a annoncé jeudi le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire.

Ce chatbot serait utilisé pour la première fois dans un environnement «à faible risque», celui du site de données publiques du gouvernement, Données Québec, dans l’objectif de le réutiliser dans les autres prestations électroniques de services pour répondre aux questions et besoins des citoyens.

L’agent conversationnel est l’un des projets lancés par le ministère du Numérique pour faire suite à une quantité de recommandations émises en février dernier par le conseil de l’Innovation mandaté par le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour attraper le train de l’IA.

Les mauvaises langues diront qu’il faudra espérer que le chatbot du ministère du Numérique fonctionnera mieux que la plateforme en ligne SAAQclic déployée l’année dernière dans un fiasco de gestion qui a coûté 40 millions de dollars aux contribuables et mené à la démission du patron de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Avant le lancement de la plateforme SAAQclic, la société d’État avait dû suspendre ses services durant trois semaines. La décision avait été critiquée par tout un chacun, même le premier ministre François Legault.

De nombreux problèmes informatiques ont obligé bon nombre de Québécois à devoir se rendre dans les succursales de la SAAQ afin de, par exemple, renouveler leur permis de conduire, ce qui a occasionné de nombreux maux de tête tant pour les citoyens.

Conscient que SAAQclic a «frappé l’imaginaire» et causé des «dommages réputationnels», Éric Caire veut dire aux citoyens que «le gouvernement, quand on regarde l’ensemble de ce qui se fait, a fait la démonstration qu’il est tout à fait capable de livrer des projets».

Pour y arriver avec les projets d’IA, «la démarche qu’on met en place», c’est «commencer par des plus petits projets», a assuré le ministre Caire.

«Quand on sera plus confortable, on ira vers de plus grands projets. On va y aller par étapes, on ne les brûlera pas.»
- Éric Caire, ministre du Numérique

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L'IA entraînera-t-elle des pertes d'emplois dans la fonction publique?

Parlant d’étapes… D’abord, le ministre affirme qu’il est mieux d’avancer tout de suite avec des projets à faible risque que d’attendre que soit fixée une loi cadre sur l’IA, dont la progression est fulgurante.

Ensuite, une autre volonté du gouvernement Legault est d’augmenter les compétences dans le secteur de l’IA, oui, pour bien se positionner par rapport à cette technologie, mais aussi pour remplir une promesse électorale de réduction de la taille de l’État de 5000 postes dans les prochaines années.

Ainsi, le ministre Caire prévoit que l’intégration de l’IA n’entraînera pas de mises à pied dans la fonction publique, parce que le gouvernement misera sur l’attrition pour atteindre ses objectifs de réduction de la taille de l’État et sur l’acquisition de compétences pour bien utiliser les resources.

«L’intégration de l’IA va bouleverser le portrait du travail au Québec et au gouvernement», a mis en évidence le ministre. «Ça a été souligné par le conseil de l’Innovation», dit-il, mais le gouvernement dispose d’une stratégie d’intégration de l’IA en 2021 pour une «transition respectueuse».

Avec la fin de l'IA, est-ce la fin des services gouvernementaux en personne?

Enfin, pour certains segments de la population québécoise, il pourrait être plus difficile d’accéder aux services gouvernementaux par l’entremise du numérique.

Pas selon le ministre, qui avance qu’un avantage de l’IA, c’est de simplifier l’interaction avec le citoyen» et donc, paradoxalement, de diminuer les besoins en littératie numérique.

«Ça n’enlèvera pas la possibilité des citoyens de discuter avec un humain», a assuré M. Caire. «Il n’est absolument pas question de couper sur les services aux citoyens offerts par le gouvernement par des personnes pour des personnes.»

Le ministre dit que «l’idée n’est pas de fermer des comptoirs de service», mais bien que la voie de l’IA devienne «possible pour ceux qui le désirent».

«On a donné le mandat de nous donner une analyse sur la fracture numérique, on sait que ça existe», a cependant noté le ministre Caire au sujet de la littératie numérique notamment chez les aînés. «On attend les rapports et les recommandations pour savoir si d’autres choses doivent être faites pour réduire, voire annihiler cette fracture.»

Au final, le gouvernement Legault ne répond aujourd’hui qu’à certaines des recommandations du conseil de l’Innovation, avec une demande de recensement des processus au sein des appareils gouvernementaux – «une collecte qui donnerra lieu à un registre public» par souci de «transparence» en matière d’utilisation de l’IA –, la création d’une cellule en intelligence artificielle intégrée au Centre québécois d’excellence numérique et la mise en place d’un centre d’expertise en IA.

Pour le reste, il faudra plus de temps pour consulter les autres ministères et organismes, dit le ministre Caire.