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Alors qu'ils étaient au front au plus fort de la crise sanitaire de la COVID-19, plusieurs membres du personnel soignant peinent à avoir accès à des soins après avoir contracté la COVID longue. Seulement 12 % des travailleurs de la santé qui en sont atteints ont reçu des soins de réadaptation, révèle un rapport de recherche de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Les soins de réadaptation, de suivi psychologique et d'ergothérapie, qui ont été souhaités par 32 % du personnel soignant atteint de la COVID longue, ont été identifiés comme le plus bénéfique, spécialement les services de réadaptation visant à gérer la fatigue et les activités quotidiennes.
L'enquête de l'INSPQ indique que près d'un travailleur de la santé sur deux qui a contracté la COVID-19 et développé la forme longue de la maladie a réussi à consulter un médecin. Les symptômes les plus fréquents de ce que l'INSPQ appelle l'affection post-COVID-19 sont la fatigue, l’essoufflement, des problèmes de concentration ou de mémoire et du brouillard mental.
Simon Décary, qui était membre du comité consultatif de l’INSPQ sur ce rapport et qui préside le comité directeur des cliniques de COVID longue du ministère de la Santé, n'est pas étonné par le manque d'accès aux soins, même s'il s'agit du personnel soignant.
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Il constate que les travailleurs de la santé semblent avoir un meilleur accès à un médecin en ce qui a trait à la COVID longue que la population générale. «Du côté populationnel, il y a énormément de difficultés à ce que les patients [atteints de la] COVID longue aient accès à leur médecin de famille concernant la prise en charge de cette maladie», affirme-t-il.
Pour le taux d'accès à des services de réadaptation, c'est autre chose, dit-il, «12 % c'est très bas».
«Ce que me disent ces résultats, c’est que beaucoup de professionnels de la santé sont sur la liste d’attente [des cliniques pour la COVID longue]», analyse-t-il.
Sara Carazo Perez, coautrice du rapport, remarque un «écart important» entre les soins demandés par les professionnels de la santé et les soins reçus. «Surtout pour certains services, ajoute-t-elle. Il y avait plus de facilité pour l’accès aux soins médicaux, moins pour les soins de réhabilitation, le soutien psychologique et les services pour améliorer la mémoire».
«On a fait un portrait de ce qu’était la situation à l’été 2023, et on constate vraiment une difficulté d’accès», commente -t-elle.
Mme Carazo Perez mentionne que la mission de l'INSPQ était de faire un portrait de la situation pour informer les autorités en santé et alimenter les réflexions, mais le rapport ne répond pas au «pourquoi» les travailleurs de la santé atteints de la COVID longue ont eu du mal à recevoir les soins qu'ils demandaient.
«Je pense que c’est une situation qui rencontre toutes les difficultés des services de santé parce que c’est une maladie nouvelle qui demande beaucoup de soins multidisciplinaires», indique Mme Carazo Perez. Le rapport souligne d'ailleurs que la situation est la même ailleurs au Canada.
Selon l'Enquête canadienne sur la santé et les anticorps contre la COVID-19, moins de 50 % des gens qui ont la COVID longue disent penser qu'ils ont reçu les soins dont ils avaient besoin. «Ça veut dire que ce n’est pas une problématique isolée au Québec», souligne la chercheuse.
Parmi les travailleurs de la santé ayant rapporté avoir eu la COVID-19, environ 15 % ont présenté des symptômes persistant pendant 12 semaines ou plus après l’infection initiale. Au moment de l’enquête, 6 % de tout le personnel soignant au Québec présentaient encore des symptômes de COVID longue.
«On pense que nos données sur la prévalence sont assez représentatives, mais probablement avec une petite sous-estimation. Probablement que les travailleurs de la santé ont une prévalence un peu plus élevée que les adultes d’un âge similaire», indique Mme Carazo Perez.
Elle explique que la plupart des personnes qui ont actuellement la COVID longue ont été infectées par le variant Omicron. «Parce que le nombre d’infections était tellement plus grand que même si la proportion était plus petite, finalement, la plupart des personnes qui ont la COVID longue actuellement ont été infectées par Omicron», dit-elle.
«Le personnel soignant est dans une situation particulière parce qu’ils ont été infectés beaucoup au début de la pandémie, beaucoup plus que la population générale», soulève Mme Carazo Perez. Au début de la pandémie, le risque de COVID longue pour les personnes qui étaient infectées était plus élevé puisque c'était la souche ancestrale qui circulait et qu'il n'y avait pas encore de vaccin.
Une deuxième phase de l’enquête de l'INSPQ est déjà en cours. Les travailleurs de la santé qui ont participé répondront à nouveau au questionnaire dans le but de voir quelle est l’évolution clinique de leurs symptômes et de l’accès aux soins. M. Décary a espoir que l'accès s'améliore grâce aux mesures qui sont actuellement mises en place par le ministère de la Santé, notamment une formation sur la COVID longue pour tous les professionnels de la santé en première ligne qui ont affaire avec cette clientèle.