Des Palestiniens manifestent contre le Hamas à Gaza

Les vidéos, apparemment authentiques, montraient des centaines de personnes participant à une manifestation contre la guerre dans la ville de Beit Lahia, au nord du territoire, fortement détruite, mardi. Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient écrit: «Arrêtez la guerre», «Nous refusons de mourir» et «Le sang de nos enfants a un prix».

On pouvait aussi entendre certains scander : «Hamas dehors !». D'autres vidéos semblaient montrer des partisans du Hamas dispersant la foule.

«Nous en avons assez des bombardements, des meurtres et des déplacements», a affirmé Ammar Hassan, un jeune homme de Beit Lahia qui a participé à la manifestation.

Il a expliqué que la manifestation, initialement antiguerre, ne comptait que quelques dizaines de personnes, mais qu'elle avait ensuite atteint plus de 2000 personnes, scandant des slogans contre le Hamas.

«C'est le seul parti que nous pouvons influencer, a-t-il affirmé, au téléphone. Les manifestations ne mettront pas fin à l'occupation (israélienne), mais elles peuvent affecter le Hamas.»

«La manifestation n'était pas politique. Il s'agissait de la vie des gens», a soutenu Mohammed Abu Saker, père de trois enfants de la ville voisine de Beit Hanoun, qui a participé à la manifestation.

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«Nous voulons mettre fin aux massacres et aux déplacements, quel qu'en soit le prix. Nous ne pouvons pas empêcher Israël de nous tuer, mais nous pouvons faire pression sur le Hamas pour qu'il fasse des concessions», a-t-il affirmé.

Une déclaration publiée par des aînés de familles de Beit Lahia a exprimé leur soutien aux manifestations contre l'offensive israélienne et le renforcement du blocus. Ils ont également dit que la communauté soutenait pleinement la résistance armée contre Israël et rejetait «toute tentative d'exploiter les revendications populaires légitimes par une cinquième colonne», faisant apparemment référence aux opposants au Hamas.

Les manifestations ont éclaté une semaine après qu'Israël a mis fin à son cessez-le-feu avec le Hamas en lançant une vague de frappes surprise qui a fait des centaines de morts. Plus tôt ce mois-ci, Israël a interrompu les livraisons de nourriture, de carburant, de médicaments et d'aide humanitaire aux quelque deux millions de Palestiniens de Gaza.

Israël s'est engagé à intensifier la guerre jusqu'à ce que le Hamas restitue les 59 otages qu'il détient encore, dont 24 seraient en vie. Israël exige également que le groupe abandonne le pouvoir, se désarme et envoie ses dirigeants en exil. Le Hamas a soutenu qu'il ne libérerait les captifs restants qu'en échange de prisonniers palestiniens, d'un cessez-le-feu durable et d'un retrait israélien de Gaza.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, au cours de laquelle des militants palestiniens ont tué quelque 1200 personnes, principalement des civils, et en ont enlevé 251 autres. Le Hamas a indiqué que seule une poignée de ses hauts gradés étaient au courant de l'attaque avant qu'elle ne se produise.

L'offensive de représailles israélienne a fait plus de 50 000 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne précise pas combien étaient des civils ou des combattants. Les bombardements et les opérations terrestres d'Israël ont causé d'énormes destructions et, à leur apogée, ont déplacé environ 90 % de la population de Gaza.

Le Hamas a remporté une victoire écrasante lors des dernières élections palestiniennes, tenues en 2006. L'année suivante, après des mois de troubles entre factions et une semaine de violents combats de rue, il a pris le pouvoir à Gaza aux dépens de l'Autorité palestinienne, soutenue par l'Occident et dominée par le mouvement laïc Fatah.

Les groupes de défense des droits de la personne affirment que l'Autorité palestinienne et le Hamas suppriment violemment la dissidence, réprimant les manifestations dans les zones qu'ils contrôlent et emprisonnant et torturant leurs détracteurs.