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Des ministres fédéraux ont affirmé qu'on ne devrait pas réagir de manière excessive aux commentaires de Donald Trump sur l'annexion du Canada.
Plusieurs ministres fédéraux ont affirmé mercredi qu'on ne devrait pas réagir de manière excessive aux commentaires du président élu américain Donald Trump sur l'annexion du Canada, mais qu'on devrait quand même les prendre au sérieux.
M. Trump évoque depuis plusieurs semaines l'idée de faire du Canada le 51e État américain. Le président élu a intensifié ses commentaires mardi en affirmant qu'il pourrait y parvenir non pas par la force militaire, mais par «la force économique».
Il a également réitéré qu'il mettrait à exécution sa menace d'imposer des tarifs douaniers de 25 % au Canada et au Mexique le jour où il prêtera serment le 20 janvier.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré mercredi que le Canada ne devrait pas «mordre à l'hameçon» de M. Trump, mais ne devrait pas non plus reculer dans ses efforts pour contrer les menaces qu'il lance.
«Lorsque le président élu Trump parle, nous devons l’écouter et le prendre très au sérieux. Je ne prends jamais ses menaces à la légère, mais en même temps, nous ne pouvons pas mordre à l’hameçon», a déclaré Mme Joly à son arrivée à la réunion hebdomadaire du caucus libéral mercredi matin.
«Je pense que nous sommes extrêmement forts en tant que pays. Je pense que notre économie est forte, je pense que notre peuple est fort et je pense que nous ne reculerons jamais.»
Mme Joly est l'une des ministres qui envisagent de se présenter à la direction du Parti libéral du Canada. Elle soutient que pendant qu'elle réfléchit à la possibilité de se porter candidate pour remplacer Justin Trudeau, elle évalue ses responsabilités en tant que ministre des Affaires étrangères et la nécessité de faire face aux menaces de M. Trump.
Le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, s'est complètement retiré de la course mercredi, affirmant que toute son attention devait être consacrée à la menace des tarifs de 25 % du président élu américain.
«J'ai réfléchi et j'ai conclu que pour le moment, le travail important que j'ai comme ministre des Finances face à la menace des tarifs douaniers des États-Unis était quand même une job à temps plein et j'ai décidé de 'focusser' là dessus.»
Sur la perspective d'annexion, M. LeBlanc estime qu'il s'agit d'une façon pour M. Trump «de semer la confusion, d'agiter les gens, pour aucune raison», selon lui. «On comprend très bien que ça ne va jamais se passer, a dit le ministre LeBlanc. Moi, qu'est ce qui devra se passer, c'est un travail conjoint sur la sécurité frontalière, sur l'immigration, sur l'économie, comment protéger les deux économies.»
Le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, a déclaré de son côté que sa priorité était de garantir la sécurité de la frontière et de rappeler aux Américains à quel point les deux pays voisins sont interreliés.
«Il y a beaucoup de rhétorique, beaucoup de discussions, beaucoup de bulletins d'information et beaucoup de commentaires colorés en ce moment. Notre gouvernement, le gouvernement du Canada, se concentre sur la mise en œuvre de mesures qui nous aideront, et je pense que c'est là que nous faisons des progrès», a estimé M. McGuinty.
Le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a répété quant à lui un commentaire antérieur comparant la rhétorique de M. Trump à un épisode de la série d'animation comique «South Park». M. Miller a déclaré qu'il ne commencerait à s'inquiéter que si M. Trump nommait au poste de chef d'état-major interarmées «Eric Cartman», un garçon de 10 ans de la série «South Park» particulièrement grossier.
Mais au-delà de la «blague», M. Miller estime que Donald Trump doit être pris au sérieux. «C'est stupide, ce n'est pas digne d'un président, mais nous devons le prendre au sérieux et nous continuerons de le faire», a-t-il dit.
M. Miller, qui ne songe pas à devenir chef du Parti libéral, a salué la décision de son collègue LeBlanc de ne pas se lancer dans la course afin d'accorder la priorité au pays. «Sa décision de rester au pouvoir est une décision intellectuellement sensée, elle est importante pour maintenir la stabilité du pays à un moment où des milliers d'emplois pourraient être menacés si M. Trump impose des tarifs. Ce sera notre priorité absolue», a déclaré M. Miller.
Le premier ministre Justin Trudeau doit rencontrer ses homologues des provinces et territoires mercredi prochain pour discuter de la menace imminente des tarifs douaniers, cinq jours seulement avant l'investiture de M. Trump le 20 janvier.
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a déclaré mercredi que M. Trump avait l'habitude de faire des commentaires qui commencent comme des blagues, mais qui deviennent ensuite des politiques. Le Canada «est un pays fort et souverain, et il le sera toujours», a déclaré M. Furey. «Il est tout à fait inacceptable, malheureusement, de voir notre meilleur ami (…) menacer ainsi notre souveraineté.»