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Le premier ministre aurait perdu la confiance de plusieurs membres de son cabinet.
Plongé dans la tourmente après la démission de sa ministre des Finances, Chrystia Freeland, Justin Trudeau a avisé son cabinet qu'il songe à proroger le Parlement ou à démissionner de son poste, a appris CTV News. Dans l'attente d'une réponse du premier ministre, les oppositions ont tiré à boulets rouges sur le premier ministre, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh allant jusqu'à réclamer sa démission.
La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland a annoncé lundi qu'elle abandonne son poste de ministre. Son annonce est survenue quelques heures avant le dépôt de la mise à jour économique de l'automne. La leader du gouvernement à la Chambre des Communes, Karina Gould, devrait déposer le document en lieu et place de la ministre démissionnaire.
Le gouvernement libéral à Ottawa prévoit toujours dévoiler lundi sa mise à jour économique de l'automne, malgré la démission fracassante de Mme Freeland.
Une cérémonie d'assermentation a eu lieu peu après 16h à Rideau Hall pour désigner la personne qui succèdera à Mme Freeland aux Finances. Le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires gouvernementales Dominic LeBlanc a hérité du rôle.
Bien que la ministre Freeland ait démissionné en raison de tensions avec M. Trudeau, ce dernier a prononcé une allocution, en soirée, devant des militants libéraux réunis à Gatineau.
Dans son discours d'environ cinq minutes, il a d'emblée reconnu, en anglais, que «la journée n'a pas été facile».
«Les Canadiens ont toute ma confiance, (...) je voudrais être nulle part ailleurs et être premier ministre, c'est le plus grand des privilèges», a déclaré M. Trudeau en français.
Repassant plus tard à la langue de Shakespeare, il a fait allusion aux «jours les plus difficiles du parti' que les militants n'hésitent jamais, selon lui, à traverser pour continuer d'améliorer le Canada, qui `n'est pas parfait'.
Dans sa lettre au premier ministre, qu'elle a elle-même partagée sur X, la députée d'University–Rosedale affirme que le premier ministre Justin Trudeau lui a fait part la semaine dernière de son intention de remanier son cabinet ministériel. Ce changement aurait placé Mme Freeland à la tête d'un autre ministère, qu'elle n'a pas nommé.
«Après y avoir réfléchi, j'ai conclu qu'à mes yeux la seule voie honnête et viable est de démissionner du Cabinet», écrit-elle.
Elle demeurera toutefois députée au sein du caucus libéral, et prévoit briguer un nouveau mandat lors des prochaines élections fédérales.
Selon le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, l'annonce de la démission de Mme Freeland «au beau milieu d'une crise économique ici au Canada», ainsi que celle du ministre du Logement, Sean Fraser, le même jour, «en pleine crise du logement», démontrent que le premier ministre «a perdu le contrôle».
«Mais il s'accroche au pouvoir. Tout ce chaos, toutes ces divisions, toutes ces faiblesses se produisent alors que notre plus grand voisin et plus proche allié nous impose des droits de douanes de 25 % sous la direction d'un président récemment élu, doté d'un mandat fort. Un homme qui sait identifier la faiblesse et on voit la faiblesse au sein du gouvernement libéral», a déclaré M. Poilievre en point de presse.
Il a lancé un message au chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, l'invitant à placer «le Canada d'abord» et à faire tomber le gouvernement Trudeau.
«Comment ça se fait, M. Singh, que quand il y a 20 députés libéraux qui ont perdu la confiance envers M. Trudeau, y compris sa propre vice-première ministre, vous ayez toujours la confiance envers le premier ministre?» a demandé M. Poilievre.
Le chef conservateur, qui souhaite la tenue d'élections fédérales rapidement, estime que l'énoncé économique devrait être déposé lundi après-midi et faire l'objet d'un vote au Parlement en soirée.
Les rumeurs couraient depuis un certain temps quant au possible remplacement de Mme Freeland par l'ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney. Elle confirme à tout le moins que ses jours comme ministre des Finances étaient comptés. «Vendredi dernier, vous m'avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et vous m'avez proposé un autre poste au sein du cabinet», écrit-elle.
Pour elle, cette décision n'est rien de moins qu'un désaveu qui l'accompagnerait dans un autre poste de ministre. «Pour être efficace, un ministre doit parler au nom du premier ministre et avec toute sa confiance. En prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible et que je ne possédais plus l'autorité qui l'accompagne», ajoute-t-elle.
Même si elle démissionne du conseil des ministres, Mme Freeland compte demeurer au sein du caucus libéral et a l'intention de solliciter un nouveau mandat aux prochaines élections fédérales.
Interceptée par les journalistes à son arrivée au conseil des ministres, la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, peinait à contenir ses larmes, visiblement bouleversée par ce départ subit. «La ministre Freeland est une bonne amie. Nous travaillons très proche (l'une de l'autre) chaque jour pour moi comme présidente du Conseil du Trésor. La ministre des Finances est une citoyenne incroyable et je voudrais répondre avec plus d'information quand (j'aurai eu) le temps de penser a cette nouvelle.»
Le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, a tout simplement dit en anglais aux journalistes qu'il s'agit d'une «situation sérieuse» et que «nous allons agir dans l'intérêt des Canadiens».
La ministre responsable des Services aux Autochtones, Patty Hejdu, a de son côté eu ce bref commentaire: «C'est une décision très personnelle et c'est très difficile aussi, mais j'espère de belles choses pour Mme Freeland.»
La ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau, qui a annoncé qu'elle ne se présenterait pas aux prochaines élections, n'a pas caché que «c'est un coup dur ce matin».
«Mais on en a vu d'autres. Ce n'est pas notre premier rodéo», a affirmé celle qui a fait part le mois dernier de son intention de briguer la mairie de Sherbrooke l'automne prochain.
Avec des informations de CTV News et de La Presse canadienne