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Elle reste en poste comme députée libérale.
La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland a annoncé lundi qu'elle abandonne son poste de ministre. Son annonce survient quelques heures avant le dépôt de la mise à jour économique de l'automne, prévue à 16h lundi.
Dans sa lettre au premier ministre, qu'elle a elle-même partagée sur X, la députée d'University–Rosedale affirme que le premier ministre Justin Trudeau lui a fait part la semaine dernière de son intention de remanier son cabinet ministériel. Ce changement aurait placé Mme Freeland à la tête d'un autre ministère, qu'elle n'a pas nommé.
«Après y avoir réfléchi, j'ai conclu qu'à mes yeux la seule voie honnête et viable est de démissionner du Cabinet», écrit-elle.
Elle demeurera toutefois députée au sein du caucus libéral, et prévoit briguer un nouveau mandat lors des prochaines élections fédérales.
See my letter to the Prime Minister below // Veuillez trouver ma lettre au Premier ministre ci-dessous pic.twitter.com/NMMMcXUh7A
— Chrystia Freeland (@cafreeland) December 16, 2024
Dans sa lettre, la ministre démissionnaire affirme avoir été «en désaccord» avec Justin Trudeau «sur la meilleure voie à suivre pour le Canada» au cours des «dernières semaines».
Citant la menace de tarifs proférée par le président-élu américain Donald Trump, elle a appelé le gouvernement fédéral à «préserver notre capacité fiscale aujourd'hui, pour que nous puissions disposer des réserves dont nous pourrions avoir besoin lors d'une guerre tarifaire».
«Il faut éviter les astuces politiques coûteuses que nous ne pouvons pas nous permettre et qui font douter les Canadiens que nous reconnaissons à quel point ce moment est grave», ajoute-t-elle, sans préciser à quelle «astuce» elle réfère.
Au cours des dernières semaines, le gouvernement Trudeau a notamment mis en place un congé de TPS temporaire de deux mois sur plusieurs produits, en plus de promettre un chèque de 250$ aux travailleurs canadiens gagnant moins de 150 000$.
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Chrystia Freeland est vice-première ministre du Canada depuis le 20 novembre 2019. Mme Freeland a été élue une première fois sous la bannière libérale en 2013 dans la circonscription de Toronto-Centre (2013 à 2015). Elle est députée d’University-Rosedale depuis 2015. Au fil du temps, elle a été ministre des Affaires étrangères (2017-2019), ministre des Affaires intergouvernementales (2019-2020) et ministre des Finances depuis le 18 août 2020.
Avant de faire son entrée dans la vie politique, Mme Freeland travaillait comme journaliste. Elle a notamment travaillé pour le Financial Times, The Globe and Mail et Thomson Reuters.
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a fait cette déclaration sur son site Web à la suite de la démission de la vice-première ministre et ministre des Finances : «La démission fracassante du bras droit de Justin Trudeau révèle à quel point ce gouvernement libéral est rongé par les chicanes à l’interne, au point de négliger les défis urgents auxquels font face les Canadiennes et Canadiens au quotidien.»
Parmi les défis urgents, M. Singh cite, entre autres, les emplois «menacés par les tarifs de Donald Trump» et les coûts «faramineux» des logements et des produits d'épicerie.
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Selon le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, l'annonce de la démission de Mme Freeland «au beau milieu d'une crise économique ici au Canada», ainsi que celle du ministre du Logement, Sean Fraser, le même jour, «en pleine crise du logement», démontrent que le premier ministre «a perdu le contrôle».
«Mais il s'accroche au pouvoir. Tout ce chaos, toutes ces divisions, toutes ces faiblesses se produisent alors que notre plus grand voisin et plus proche allié nous impose des droits de douanes de 25 %», a déclaré M. Poilievre en point de presse.
Il a lancé un message au chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, l'invitant à placer «le Canada d'abord» et à «mettre fin» au gouvernement Trudeau.
«Comment ça se fait, M. Singh, que quand il y a 20 députés libéraux qui ont perdu la confiance envers M. Trudeau, y compris sa propre vice-première ministre, vous ayez toujours la confiance envers le premier ministre?» a demandé M. Poilievre.
Interceptée par les journalistes à son arrivée au conseil des ministres, la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, peinait à contenir ses larmes, visiblement bouleversée par ce départ subit. «La ministre Freeland est une bonne amie. Nous travaillons très proche (l'une de l'autre) chaque jour pour moi comme présidente du Conseil du Trésor. La ministre des Finances est une citoyenne incroyable et je voudrais répondre avec plus d'information quand (j'aurai eu) le temps de penser a cette nouvelle.»
La ministre responsable des Services aux Autochtones, Patty Hejdu, a de son côté eu ce bref commentaire: «C'est une décision très personnelle et c'est très difficile aussi, mais j'espère de belles choses pour Mme Freeland.»
Avec des informations de La Presse canadienne.