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La production de plusieurs cultures pourrait bénéficier des changements climatiques grâce à une saison de croissance plus longue, notamment le soya et le maïs qui sont les deux principales cultures au Québec.
Au Québec, le changement climatique aura, sur l'agriculture, des effets qui causeront des dommages, mais certaines cultures pourront aussi en bénéficier. Les agriculteurs qui adapteront leurs pratiques seront ceux qui subiront le moins les impacts climatiques.
C'est l'une des conclusions du chapitre québécois du rapport «Le Canada dans un climat en changement : perspectives régionales», publié mardi matin par les chercheurs du groupe Ouranos.
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Le rapport de 127 pages présente un «état des connaissances» des impacts des changements climatiques sur plusieurs secteurs du Québec, dont l'agriculture.
La production de plusieurs cultures pourrait bénéficier des changements climatiques grâce à une saison de croissance plus longue, notamment le soya et le maïs qui sont les deux principales cultures au Québec.
La zone de production de ces deux types de grains pourrait également s'étendre sur le territoire, en se développement plus au nord.
C'est le cas également pour la culture commerciale de la pomme, qui est actuellement limitée aux régions sud du Québec, mais qui pourrait éventuellement s'étendre à «des régions avec un nouveau potentiel climatique viticole, comme le sud de l'Outaouais et la vallée du Saint-Laurent».
À l'inverse, des cultures comme le canola, l'orge et le blé, qui sont mieux adaptées aux régions fraîches, pourraient souffrir des conditions de croissance plus chaudes.
Également, la mortalité hivernale des cultures pérennes, c'est-à-dire des cultures qui normalement ne dépendent pas des saisons et qui vivent et restent productives pendant plusieurs années, pourrait être accentuée par des automnes plus chauds, ainsi que des redoux et des épisodes de pluie plus fréquents durant l'hiver.
Les chercheurs d'Ouranos donnent l'exemple de la luzerne et du dactyle pelotonné, qui sont utilisés dans l'alimentation des bovins.
Les rendements de certaines cultures et leurs qualités seront affectés par les changements climatiques. À ce sujet, le rapport donne l'exemple des cultures du foin et des pommes de terre qui ont été inférieures à la moyenne lors des étés 2017 et 2018 dans la région du Bas-Saint-Laurent en raison de périodes de sécheresse importantes.
«Avec les changements climatiques, des déficits hydriques de ce genre pourraient survenir plus fréquemment et affecter la qualité nutritive et la quantité des récoltes», peut-on lire dans le rapport.
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Également, ces épisodes de sécheresse, et les épisodes de chaleur intense «pourront être nuisibles aux animaux d'élevage tels que les bovins, les porcs et la volaille, affectant les gains de poids, la production de lait ou d'œufs, la reproduction ou encore leur bien-être».
Les changements climatiques pourraient aussi favoriser l'apparition et la prolifération de certaines maladies, de mauvaises herbes et d'espèces exotiques envahissantes comme le nématode à kyste du soya, qui a été détecté pour la première fois au Québec en 2013.
Celui-ci pourrait s'étendre sur le territoire en raison du réchauffement du climat. Les chercheurs soulignent que la pression croissante d'espèces envahissantes et «d'ennemis des cultures» risque d'augmenter l'utilisation de pesticides, qui entraînerait des répercussions sur la qualité de l'environnement et sur la santé humaine.
Lors d'un breffage technique avec des journalistes, l'auteure principale du rapport, Angelica Alberti-Dufort, a souligné que même s'il y avait des possibilités de croissance pour des cultures comme le soya et le maïs, la monoculture n'est pas une solution, au contraire.
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«Avec des monocultures, on s'expose à d'autres risques» et «on se vulnérabilise davantage», a expliqué la chercheuse en précisant que «le réchauffement va favoriser l'expansion et la prolifération d'ennemis des cultures. Parce que tout d'un coup, on se retrouve dans un climat favorable à leur survie, donc par exemple s'il y a des ravageurs ou des envahisseurs qui viennent des États-Unis et qui, tout d'un coup maintenant, survivent au Québec... les cultures seront davantage menacées».
Son collègue Alain Bourque, le directeur général d'Ouranos, a ajouté que «s'il y a un problème lors d'une année précise, comme une sécheresse ou un ennemi des cultures, ça va frapper beaucoup plus durement dans une monoculture que dans un champ diversifié».
La compétitivité de certaines filières agricoles du Québec pourrait être améliorée en raison du changement climatique, mais à l'inverse, le prix de certains aliments provenant de l'étranger augmentera, ce qui pourrait affecter la sécurité alimentaire.
Les auteurs soulignent qu'en Iowa et en Illinois par exemple, «la culture du maïs pourrait être désavantagée d'ici 2050, améliorant par le fait même la position concurrentielle du Québec en tant que producteur de maïs-grain».
Le Québec achète beaucoup de produits alimentaires à l'étranger et l'impact des changements climatiques chez nos partenaires commerciaux aura des conséquences sur le prix du panier d'épicerie.
«Par exemple, pour des aliments qui ne peuvent pas être cultivés au Québec, comme les oranges, le riz et la canne à sucre, les pertes de production attribuables à des conditions climatiques changeantes ailleurs dans le monde pourraient augmenter les prix de la nourriture d'ici 2050 et affecter la sécurité alimentaire», peut-on lire dans le rapport.
En contrepartie, selon les auteurs, ce type de situation pourrait représenter «une occasion pour les produits locaux québécois de se substituer à moindres coûts aux produits d'importation, constituant à la fois une mesure d'adaptation et d'atténuation».
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