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Le Canada est le quatrième producteur mondial et le sixième exportateur de gaz naturel.
Après avoir longtemps joui d'une réputation de «carburant de transition» capable d'aider le monde à atteindre ses objectifs climatiques, le gaz naturel perd une partie de son lustre environnemental, ce qui a des répercussions sur le secteur énergétique canadien.
Le Canada est le quatrième producteur mondial et le sixième exportateur de gaz naturel. Et dans un contexte où la guerre en Ukraine alimente une crise énergétique mondiale, des entreprises comme Enbridge et TC Énergie disent s'attendre à une croissance de la demande pour les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) du Canada dans les années à venir.
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Mais le gaz naturel — jadis considéré comme un carburant à faible émission capable d'agir comme une solution temporaire jusqu'à ce que davantage de sources d'énergie renouvelables puissent être développées — a été critiqué lors du sommet sur le climat COP27 des Nations unies de cette année à Charm el-Cheikh, en Égypte.
«C'est le bon moment pour clarifier certaines choses au sujet du gaz naturel», a affirmé Binnu Jeyakumar, directrice de l'électricité propre pour l'Institut Pembina, un groupe de réflexion sur l'énergie propre, dans une entrevue depuis le sommet sur le climat COP27, auquel elle assiste cette semaine.
«En tant que Canadiens, nous devons avoir une vision plus complète du profil des émissions de gaz naturel.»
Les sociétés énergétiques canadiennes vantent depuis longtemps le gaz naturel comme une alternative «plus propre», suggérant que des projets comme l'énorme terminal d'exportation de LNG Canada, actuellement en construction près de Kitimat, en Colombie-Britannique, peuvent faire partie de la solution au changement climatique en aidant à remplacer la production d'électricité au charbon dans le monde entier.
Il est vrai que, lorsqu'il est brûlé, le gaz naturel produit beaucoup moins d'émissions de dioxyde de carbone que le pétrole ou le charbon. Cela fait en sorte qu'il est logique, pour certaines juridictions, de passer d'un combustible fossile considéré comme «pire» à un meilleur choix.
Par exemple, en convertissant ses centrales électriques au charbon au gaz naturel, la province de l'Alberta a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre attribuables à l'électricité de près de 40 millions de tonnes en moins d'une décennie, un exploit salué par les experts comme une grande réussite climatique.
Cependant, les délégués au sommet sur le climat de cette année attirent de plus en plus l'attention sur le rôle de l'industrie du gaz naturel dans la production de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant qui s'échappe des pipelines et des puits de gaz naturel sous la forme d'«émissions fugitives» ou qui est libéré lors de la ventilation et le torchage dans le cadre du processus d'extraction du gaz naturel.
Mme Jeyakumar a souligné que si le monde était sérieux quant à son objectif d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050, la majorité de la production d'électricité devait à l'avenir être réalisée avec les énergies renouvelables pour réduire encore plus la production de gaz à effet de serre.
«Je pense que le risque de considérer (le gaz naturel) comme un carburant de transition est que cela pourrait conduire à la construction d'actifs de gaz naturel, et ces actifs ont une durée de vie économique de plusieurs décennies», a-t-elle fait valoir.
«Donc, cela nous attache à ces actifs (...) et ils deviennent des actifs bloqués.»
À Charm el-Cheikh, le Canada et les États-Unis se sont engagés à prendre de nouvelles mesures pour réduire les émissions de méthane. Le Canada a affirmé vouloir éliminer 75 % des émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier, par rapport aux niveaux de 2005, d'ici 2030.
Néanmoins, David Hughes, président de la société de conseil en énergie Global Sustainability Research, a ajouté que même sans aucune exportation de GNL, le Canada aurait du mal à atteindre ses objectifs climatiques. Selon lui, une fois que LNG Canada entrera en service — et que son cycle de vie complet des émissions provenant de la production et du traitement du gaz, du transport par pipeline, de la liquéfaction et de l'expédition sera pris en compte — ce sera presque impossible.
«Cela en fait vraiment une situation désespérée, a déclaré M. Hughes. La quantité de capture et de stockage du carbone, etc., qu'il serait nécessaire d'accomplir pour respecter ces engagements serait énorme.»
Dennis McConaghy, ancien vice-président directeur de TransCanada, aujourd'hui connue sous le nom de TC Énergie, a dit croire que le débat actuel sur le gaz naturel devait tenir compte du fait que le monde a besoin d'une énergie abordable et fiable.
«Dès que vous dites que vous allez décarboniser, vous pouvez diaboliser le gaz naturel», a affirmé M. McConaghy en entrevue. «Mais le coût d'essayer de le faire n'est presque pas considéré.»
M. McConaghy a estimé qu'une approche équilibrée qui atténue les pires effets du changement climatique tout en utilisant stratégiquement le gaz naturel pour maximiser le bien-être humain était la solution.
«Parce que l'élimination complète de la production et de l'utilisation de tous les hydrocarbures est, à mon avis, une vision extraordinairement extrême et un objectif extrême», a-t-il estimé.
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), «l'âge d'or» du gaz naturel a eu lieu dans les années 2010, lorsque les États-Unis traversaient une élimination à grande échelle des centrales électriques au charbon au profit du gaz naturel.
Avec les politiques climatiques qui ont été mises en œuvre par les pays depuis, l'AIE calcule maintenant que le monde devrait atteindre un pic au chapitre de la demande de gaz naturel dès la fin de cette décennie, après quoi elle devrait commencer à diminuer.