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Au Canada, le cancer de la peau est en augmentation depuis les 30 dernières années. Et malgré ce que l’on pourrait penser, il n’épargne pas les jeunes adultes.
Au Canada, le cancer de la peau est en augmentation depuis les 30 dernières années. Et malgré ce que l’on pourrait penser, il n’épargne pas les jeunes adultes.
Pour Marie-Ève Richard, le cancer de la peau s’est manifesté à l’âge de 24 ans. Un grain de beauté situé dans son dos a commencé à la démanger comme une piqûre de moustique. Suivant les conseils de la directrice du salon de bronzage qu’elle fréquentait assidûment, elle consulte un dermatologue.
Au départ, le professionnel de la santé ne l’a pas prise au sérieux. «Il m'a dit que j'étais beaucoup trop jeune pour avoir un cancer de la peau», raconte-t-elle. Je n’ai pas eu l'impression d'être écoutée à ce moment-là.»
Elle a dû insister pour faire évaluer ce grain de beauté. Puis,le verdict tombe: c’est bel et bien un mélanome. «Tant que ça ne nous arrive pas,on ne se pose pas tant de questions. On se pense au-dessus de ça», témoigne Mme Richard.
Voyez le reportage de Béatrice Roy-Brunet dans la vidéo liée à l'article.
Des patients atteints de cancers de la peau, comme Marie-Ève, le dermatologue Jean-François Tremblay en voit défiler tous les jours dans son bureau d’Outremont. «L'apparition des cancers de la peau est de plus en plus jeune, en particulier chez les patients qui auraient abusé du soleil à l'extérieur, mais aussi des salons de bronzage», mentionne le dermatologue, qui est également le directeur médical de Dermapure et de Project Skin MD.
«C'est important de ne pas penser que c'est un problème qui arrivera seulement en âge plus avancé. Des fois, on est un peu dans le déni quand on est jeune», ajoute-t-il.
Le mélanome, qui est le cancer de la peau le plus dangereux et le plus meurtrier parce qu'il peut facilement se propager à d'autres organes dans notre corps, est d’ailleurs l’un des cancers les plus courants chez les personnes âgées de 15 à 49 ans.
D’ailleurs, les adeptes de salon de bronzage, comme l’était Marie-Ève Richard avant son diagnostic, sont particulièrement à risque.Même un bronzage «naturel» à l’extérieur comporte des risques importants, mentionne Alexandra Lalonde, gestionnaire de projets à la Société canadienne de cancer.
Lorsque la peau commence à changer de couleur, il s’agit d’un mécanisme de défense de cette dernière pour nous témoigner qu’elle doit se protéger, explique-t-elle. «Souvent, on pense que si on n’a pas de coup de soleil, on est correct, qu’on n’a pas besoin de crème solaire. C'est un faux sentiment de sécurité.»
Selon le Dr Tremblay, des études cliniques ont montré que l’accumulation des brûlures solaires abîme le matériel génétique des cellules de la peau. «Lorsque le code génétique de la cellule devient trop abimé, la cellule se met à se répliquer de façon désorganisée et une tumeur se forme.»
Il faut donc éviter les coups de soleil répétés, mais il faut aussi se méfier de l'exposition solaire cumulative au fil des ans.
Les années ont passé pour Marie-Ève Richard, qui est entrée en rémission de son cancer. Mais 16 ans plus tard, à l’âge de 39 ans, sa vie bascule à nouveau. Le cancer revient, cette fois au stade 3. «C’est beaucoup plus impactant et c’est une autre réalité aussi en étant mère de famille», raconte-t-elle.
Pendant un an, Mme Richard a dû subir des traitements d’immunothérapie, une thérapie qui aide le système immunitaire du patient à combattre le cancer, mais qui provoquent souvent des effets secondaires.
Elle raconte avoir trouvé les traitements particulièrement éprouvants. «J'étais très faible. Je ne pouvais pas être active parce que sinon je me mettais à trembler.» Cette période a également été ardue pour son entourage, témoins impuissants de son épreuve.
Le mélanome peut être évité dans la plupart des cas en faisant attention à son exposition au soleil et en évitant les salons de bronzage, rappelle Alexandra Lalonde, gestionnaire de projets à la Société canadienne de cancer.
La meilleure façon pour éviter les dommages causés par le soleil sur notre peau est évidemment de se protéger dès notre plus tendre enfance en commençant par la crème solaire.
On recommande au minimum une crème solaire avec un facteur de protection supérieur à 30. «Il faut qu'elle soit à large spectre, donc UVA et UVB, qui protègent contre les deux. On recommande également qu'elle soit hydrofuge. Il faut en remettre après une baignade, après avoir fait du sport ou aux 2 heures», énumère Mme Lalonde.
Il faut toutefois en mettre suffisamment pour être protégé adéquatement. La quantité à appliquer équivaut à la grosseur d’une balle de golf.
La crème solaire n’est toutefois pas le moyen le plus efficace pour se protéger. Rien ne remplace les vêtements longs de couleurs foncés ou l’ombre.
«Protégez-là au maximum non seulement pour le côté esthétique, mais pour la garder en bonne santé longtemps. C'est le plus gros organe de notre corps. Il faut en prendre soin» conclut de son côté Marie-Ève Richard.
Malgré la difficulté de l’épreuve, cette dernière arrive tout de même à tirer du positif de son expérience. Anciennement photographe de métier, elle s’est réorientée après la récidive de son cancer.
«Avec tous les traitements que j'ai eus, c'était tellement impactant sur le physique que je ne pouvais pas penser retourner dans ce métier-là. Ça a été comme un retour à zéro», confie-t-elle.
Insatisfaite des vêtements avec une protection solaire sur le marché, Mme Richard a décidé de lancer KRABÉO. L’entreprise, qui vient tout juste de débuter, offre des maillots de bain avec une protection contre les rayons ultraviolets.
Les traitements se sont terminés vers fin du mois d’avril. «C’est tout neuf. C'est une grande libération. On a fêté la fin des traitements. C'est de retrouver mon corps, de retrouver ma vie», relate Mme Richard le sourire aux lèvres.