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Augmenter le salaire des députés est une décision difficile, mais importante pour la société, affirme François Legault, alors qu'un sondage suggère que trois Québécois sur quatre sont contre.
Le premier ministre a continué mardi de défendre la hausse de 30 000 $ qu'il propose et qui donne suite à la recommandation d'un comité indépendant composé d'ex-élus.
Il a comparé la décision de hausser le salaire des députés à celles, difficiles, qu'il a dû prendre pendant la pandémie.
«Si j'avais écouté certains groupes de Québec, bien, je n'aurais pas mis des restrictions, je n'aurais pas demandé la vaccination, le port de masque dans les endroits publics.
«Donc, à un moment donné, il faut aussi prendre des décisions qui sont importantes pour la société», a-t-il déclaré en mêlée de presse à l'Assemblée nationale.
«C'est sûr que, demain matin, si je demande aux Québécois: "Êtes-vous d'accord avec les salaires des hauts fonctionnaires?" peut-être que la réponse, ça va être non.
«Ma responsabilité, c'est d'avoir des hauts fonctionnaires compétents. (...) J'ai une responsabilité de gouverner pour le bien des Québécois, pas selon l'humeur des sondages ou du vent», a poursuivi le premier ministre.
Selon lui, la hausse servira à «valoriser» le travail de député et attirer «les meilleurs». D'ailleurs, il «voit mal» pourquoi les secteurs privé et public «paieraient plus que la politique».
Un nouveau sondage Léger réalisé pour Québec solidaire (QS) suggère que trois Québécois sur quatre sont contre la hausse de 30 % du salaire des députés.
Le coup de sonde a été mené en ligne auprès de 1006 Québécois, du 26 au 29 mai.
Il suggère que seulement 20 % des répondants sont totalement d'accord (6 %) ou plutôt d'accord (14 %) avec l'augmentation salariale des élus.
En revanche, 74 % d'entre eux se sont dits totalement en désaccord (49 %) ou plutôt en désaccord (25 %) avec cette proposition.
«Un rejet massif comme ça, c'est rare, et c'est un signal que doit entendre François Legault», a déclaré en point de presse le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.
«Dans la population, son augmentation de 30 000 $ pour les députés ne passe pas. (...) François Legault s'apprête à prendre la décision la plus impopulaire de son mandat», a-t-il ajouté.
Si le projet de loi 24 est adopté, le salaire de base des députés passera de 101 561 $ à 131 766 $. QS refuse de voir les parlementaires s'octroyer eux-mêmes une augmentation de salaire.
À voir également : Les conditions de travail des députés du Québec n'ont pas bougé depuis les années 2000
Le gouvernement Legault accuse le parti de Gabriel Nadeau-Dubois de verser dans le «populisme» en s'opposant à la hausse salariale jusqu'à faire du blocage.
Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a qualifié mardi la stratégie de QS de «manoeuvres dilatoires» et de «piraterie parlementaire».
Il faut dire que depuis une semaine, QS multiplie les amendements au projet de loi 24.
Le leader parlementaire de QS, Alexandre Leduc, a déposé, jeudi dernier, des amendements pour que l'augmentation soit limitée à 20 000 $.
Plongé dans l'embarras, accusé d'hypocrisie, le parti s'est défendu mardi en disant qu'il tentait «d'amoindrir» l'impact du projet de loi sur les Québécois.
Voyez le reportage de Simon Bourassa diffusé lors du bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron dans la vidéo liée à l'article.
M. Nadeau-Dubois a insisté pour dire que la position de QS n'avait pas changé. Quoi qu'il arrive, son parti votera contre le projet de loi, a-t-il assuré.
Par ailleurs, le chef solidaire a dû admettre que tous ses collègues ne verseront pas l'entièreté de leur hausse à des oeuvres de charité lorsque le projet de loi sera adopté.
«Il n'y aura pas de ligne de parti sur les finances personnelles des gens, a-t-il déclaré. On a tous des situations différentes et chaque personne va prendre sa décision.»
Il a cependant affirmé qu'il serait étonnant qu'un élu solidaire garde 100 % de la hausse.
Pour le leader parlementaire du Parti libéral, Monsef Derraji, il est clair que «Québec solidaire a perdu toute crédibilité».
«C'était outrageant (...) et injustifié (...) et aujourd'hui, il dit: "Vous pouvez garder (la hausse), c'est bien correct". J'ai de la misère à les suivre. (...) C'est pathétique», a renchéri le chef intérimaire libéral Marc Tanguay.