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Politique
Chronique |

Grèves du secteur public: le «vrai monde» a changé de camp

Les citoyennes et les citoyens pensent aux subventions aux Kings, aux investissements dans la filière batterie ou à l’augmentation de 30% du salaire des députés.

40 ans. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que les écoles avaient été fermées pour une grève générale illimitée. Aujourd’hui, à Montréal, Laval et dans quelques autres régions, les enfants bénéficient d’un congé inattendu et les parents d’un casse-tête auquel on n’est jamais préparé.

Cette décision de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) marque les esprits, mais elle vient ajouter ses membres aux autres travailleuses et travailleurs du Front commun et de la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ) qui sont eux aussi en grève.

Au total, ce sont 560 000 personnes qui étaient dans les rues jeudi afin de demander au gouvernement de meilleures conditions de travail.

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Un appui populaire sincère

Vous avez certainement parlé du sondage qui accorde 70 % d’appui de la population aux infirmières dans leur grève. Un autre sondage de SOM indiquait également un appui de 7 Québécois sur 10 à la grève dans le secteur public. Ces chiffres sont indicatifs du succès de la communication des syndicats sur la pertinence de la grève. Même si les raisons sont variées et pas toujours claires, les gens se reconnaissent dans les revendications des employés de l’État et l’expriment clairement. On ne les voit pas comme des gens qui viennent piger dans nos poches comme j’ai souvent entendu lors d’autres grèves. Ils sont ceux qui prennent soin de nous et on veut qu’ils soient payés à leur juste valeur et qu’ils travaillent dans des conditions dignes.

Est-ce durable?

C’est la question que l’on me pose le plus souvent depuis quelques jours est de savoir si l’appui est durable. Je suis toujours prudent lorsque j’y réponds, car on ne sait jamais où se situe le point de rupture des gens. Cependant, je vous dirais que tant que les syndicats expliqueront clairement leurs demandes et surtout, en quoi elles peuvent améliorer nos services et nos systèmes d’éducation ou de santé, ils n’ont pas à s’inquiéter. En effet, le côté qualitatif des revendications syndicales est très populaire auprès d’une population qui s’y reconnaît.

Étant donné que nous comprenons ce qu’ils vivent, nous pouvons nous projeter dans leur réalité et comprendre leur fatigue, leur impatience et leur révolte. Même si cela affecte notre quotidien, si la raison nous motive, l’appui restera le même.

Un gouvernement qui manque d’arguments

C’est un peu le contraire du côté du gouvernement. Lorsqu’il nous dit que l’on n’a pas les moyens de payer plus, les citoyennes et les citoyens pensent aux subventions aux Kings, aux investissements dans la filière batterie ou à l’augmentation de 30% du salaire des députés. Lorsqu’on nous dit qu’ils devront être plus flexibles, on pense aux efforts et aux sacrifices qu’ils ont faits pendant la pandémie. Il est donc difficile pour le gouvernement de critiquer la position des syndicats et d’attirer la faveur des gens. D’ailleurs, je pense que le gouvernement le sait et qu’il n’aura pas le choix de bonifier son offre et d’éviter une loi spéciale. 

À moins d’une erreur de positionnement des syndicats ou d’un refus d’une offre qui apparaîtrait raisonnable à une majorité de citoyens, les syndicats auront gain de cause dans cette négociation. Ils ont réussi à ébranler ce gouvernement et surtout à profiter de leurs erreurs des derniers mois. De plus, ils auront réussi à se défaire d’une image habituellement négative pour se positionner comme les représentants du « vrai monde ». Une position qui appartenait aux caquistes il n’y a pas si longtemps que ça.

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