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«Il y a vraiment un problème de fond et je pense qu’on est en train, collectivement, de réaliser que la machine sportive, où l’entraîneur est roi et l’athlète, un outil, doit être repensée de fond en comble.»
Une femme à la tête de la Ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ) serait peut-être la solution, selon la ministre des Sports Isabelle Charest. Elle a fait cette déclaration dans la foulée d’un énième scandale autour de notre sport national.
Si personne n’est près d’oublier la façon plus que douteuse dont Hockey Canada a géré des cas d’inconduites sexuelles récemment, on va se rappeler longtemps, je pense, des faits mis au jour par le journaliste Martin Leclerc concernant des rites initiatiques au sein d’équipes de hockey de la LHJMQ.
Je vous passe ici les détails sordides, que vous pouvez lire un peu partout. Mais je vous avertis, il faut avoir le cœur bien accroché, car certaines des pratiques auxquelles des joueurs ont dû se soumettre sont absolument abominables.
Tout le monde est horrifié. Et c’est la moindre des choses de l’être. Tout le monde, aussi, se demande actuellement comment mettre fin à une culture hockey qui est — j’ai déjà écrit là-dessus — très toxique.
C’est la phrase que j’ai le plus entendue depuis deux jours. Mais personne ne semble vouloir s’attaquer au véritable enjeu. Oui, le monde du hockey traverse une crise, mais ce n’est pas le seul sport où il y a péril en la demeure.
On a eu des scandales au basketball, on en a eu au sein de différentes fédérations de gymnastique et de patins artistiques. Même le ski alpin n’a pas été épargné.
Il y a vraiment un problème de fond et je pense qu’on est en train, collectivement, de réaliser que la machine sportive, où l’entraîneur est roi et l’athlète, un outil, doit être repensée de fond en comble.
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Revenons au hockey. Parce qu’il y a un truc que je trouve assez distinctif par rapport à ce que vivent d’autres organisations sportives en ce moment et c’est ce qui fait, à mon sens, de cette crise un cas complexe.
Je vais dire un gros mot. Non, deux. MASCULINITÉ TOXIQUE. Ne partez pas, je vous en prie. Je ne suis vraiment pas en train de dire que les hommes sont toxiques et qu’ils sont foncièrement violents et abusifs.
La masculinité toxique c’est juste un concept en psychologie qui évoque tous les codes auxquels les hommes doivent se plier pour passer pour «de vrais hommes» aux yeux de la société.
Je vais vous donner des exemples : ne pas pleurer, toujours être fort, être un conquérant, un guerrier, dominer, ne jamais craquer, aimer la bagarre.
Je vous le donne en mille, se conformer à cet «idéal» masculin est souffrant d’abord et avant tout pour les hommes puisque personne n’est capable d’être tout ça en même temps et en tout temps.
Il y a même des gars qui ne veulent être rien de tout ça et qui souffrent parce qu’ils ont l’impression d’être des sous-hommes s’ils ne benchent pas 400 lb au gym et qu’ils pleurent en regardant des comédies romantiques.
Boys will be boys. Combien de fois on l’entend, cette maudite phrase-là. Faut arrêter avec ça. Cet esprit de frat house à l’américaine, où l’humiliation, les sévices et les abus sont perçus comme un passage obligé pour devenir un membre du groupe à part entière, un vrai homme, est nocif. C’est dangereux de laisser croire ça à nos garçons. Ça laisse des traces physiques et psychologiques.
Ce n’est pas en interdisant les initiations ou en mettant une femme à la tête d’une organisation sportive qu’on va changer quoi que ce soit à ce qui se passe en ce moment.
Il faut s’atteler à la tâche, et vite, et déconstruire cette «masculinité toxique» qu’on enfonce dans la tête de nos petits gars depuis des années.
Ce qui changerait véritablement les choses, ce n’est pas une femme à la tête de la LHJMQ, c’est la solidarité masculine. Mais la solidarité masculine POSITIVE. Pas attacher des poids aux couilles de ses coéquipiers ou les forcer à manger des biscuits qui ont préalablement trempé dans de la matière fécale.
Je pense sincèrement que cette culture épouvantablement violente et destructrice, ce sont les hommes qui doivent y mettre fin.
Ça prend des modèles, des hommes, peut-être même des joueurs de hockey, qui vont aller parler à leurs boys justement et leur dire que ça ne passe plus et que tout ça ne fait pas d’eux de «vrais» hommes.
Ça prend D’AUTRES MODÈLES que cet archétype d’homme bestial qui rote et qui donne des tapes sur la gueule.
Pour une fois que #déciderentrehommes, ça servirait à quelque chose.