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Les rumeurs et les analystes sont unanimes. Le gouvernement a besoin de reprendre le contrôle de la conversation avec la population et, pour ce faire, il doit améliorer la performance de son équipe ministérielle.
Que fait un premier ministre lorsque son gouvernement perd des points dans les sondages, que certains de ses ministres «échappent le ballon», que d’autres empêchent son gouvernement de bien paraître et que son parti est 5 à 6 points derrière les conservateurs dans les sondages à quelques mois (12 à 18 mois selon moi) d’une élection générale? Regardez vers Ottawa la semaine prochaine ou la suivante et vous aurez la réponse: un remaniement ministériel!
En effet, les rumeurs et les analystes sont unanimes. Le gouvernement a besoin de reprendre le contrôle de la conversation avec la population et, pour ce faire, il doit améliorer la performance de son équipe ministérielle. Alors que l’inflation est toujours un enjeu, que les rumeurs de récession nous inquiètent, que l’accès au logement est rendu inaccessible et que les finances des gens sont plus instables que jamais, le gouvernement doit avoir ses meilleurs éléments à des postes névralgiques et présenter une vision claire aux gens s’ils veulent être réélus au prochain scrutin.
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En prévision de ce changement à venir, je vais me laisser un peu aller au jeu périlleux de quelques prédictions en commençant par la partie la plus «facile»: trois ministres qui ne risquent pas de perdre leur siège.
Que ce soit pour leur loyauté, leur performance ou leur expertise, il y a des ministres qui ont beaucoup moins de chances de devoir faire leurs boîtes dans les prochaines semaines. Voici trois ministres québécois qui me semblent dans cette catégorie. Mélanie Joly est la première qui me vient à l’esprit. Elle a la confiance du PM et elle se trouve dans un siège qui lui plaît beaucoup. Même si son intégration ne fut pas de tout repos, elle est bien en selle et il n’y a pas de raison majeure pour qu’elle change de portefeuille.
Ensuite, toujours chez les ministres québécois, le dynamique François-Philippe Champagne ne devrait pas changer de portefeuille non plus. Apprécié des milieux économiques, il semble très à l’aise dans son rôle de ministre de l’Industrie, équivalent fédéral au ministre de l’Économie au Québec.
Aussi, chez les ministres québécois, Steven Guilbeault m’apparaît également comme un intouchable à l’environnement. Après avoir attendu quelques années avant d’obtenir ce poste naturel au vu de son expérience, il m’apparaît inutile de créer de l’insatisfaction ou de l’instabilité à ce ministère névralgique dans la vision politique du PLC et qui sera au centre de la prochaine élection.
Pour ce qui est des ministres qui, selon moi, devraient commencer à faire leurs boîtes, j’en nommerais trois. Tout d’abord, Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique. Sa gestion du transfert de Paul Bernardo au pénitencier à sécurité moyenne de La Macaza a été catastrophique. Le manque flagrant de considération pour les familles des victimes et l’incapacité du ministre à expliquer les raisons pour lesquelles il n’a pas reçu l’information qui avait été transmise à son cabinet ne sont que deux exemples du cafouillage inacceptable dans ce dossier.
Au rayon des ministres qui «ne savaient pas», Bill Blair est un autre abonné. Alors que le dossier de l’ingérence chinoise fait rage, celui qui était ministre de la Sécurité publique en 2021 aurait dû être informé par son cabinet d’une note l’informant de renseignements qui indiquaient que le député Michael Chong et sa famille étaient «ciblés» et «menacé » par Pékin. Le SCRS aurait alors informé l’entourage du ministre qui n’aurait pas reçu cette information. Dans son cas également, que ce soit par négligence de son équipe ou par oubli, il devra porter la responsabilité de cette situation.
Finalement, dans la catégorie des ministres que je m’attends à voir démis, il y avait plusieurs choix. Cependant, j’irais du côté de Ahmed Hussen, ministre du Logement, de la Diversité et de l’Inclusion. Dans son cas, ce n’est pas nécessairement par ses actions, mais plutôt par son inaction dans un secteur qui sera certainement au centre de la prochaine élection : le logement.
Finalement, au rang des promotions, c’est toujours l’aspect le plus complexe d’un remaniement à cause des facteurs à prendre en considération. Nombreux sont ceux qui pensent faire le travail nécessaire pour devenir ministres et plusieurs le méritent certainement. Il y a aussi ceux qui ont rempli des missions périlleuses comme ministre et qui méritent une promotion. Je me concentrerai sur eux.
Tout d’abord, Pablo Rodriguez a réussi à faire adopter le projet de loi C-18 pour une meilleure répartition des revenus entre les géants du web et les médias canadiens. Même si le bras de fer n’est pas terminé, les qualités qu’il a démontrées dans ce processus seraient certainement utiles dans d’autres missions importantes de l’État.
Au même chapitre, j’ai été impressionné par la ministre Ginette Petitpas Taylor qui a réussi à faire adopter une nouvelle loi sur les langues officielles. Sa capacité à gérer ses députés à l’interne, les attentes du Québec et l’opposition dans ce dossier au potentiel «explosif» lui donnent le mérite nécessaire à une nouvelle mission.
Finalement, Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé, avait la dure mission de signer une nouvelle entente avec les provinces sur le financement. Même si la satisfaction n’était pas unanime, il peut se féliciter d’avoir rempli son mandat. Une denrée rare qui a pris de la valeur au gouvernement fédéral.
La table est mise pour ce remaniement qui apparaît comme une des dernières occasions pour Justin Trudeau de changer le ton et le fond de la discussion politique au Canada. Après un printemps catastrophique durant lequel son gouvernement semblait en perte de contrôle sur presque tous les dossiers, l’exercice devra être plus qu’un changement de communications ou d’esthétique. Il devra illustrer un changement de fond.
Quand on veut obtenir un quatrième mandat, on doit démontrer sa capacité à se renouveler de l’intérieur.
Sinon les Canadiennes et les Canadiens risquent de vouloir remanier le poste principal, celui de premier ministre.