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Est-ce que c’est bien d’initier un adolescent à une substance qui, potentiellement, peut mener à une dépendance ou qui — on s’en rend compte de plus en plus — peut favoriser le développement de plusieurs types de cancers?
Une question qui roule sempiternellement dans ma tête dès qu’il y a un souper de famille ou des festivités qui approchent.
J’ai toujours été assez libérale sur l’alcool, en ce sens où si l’un de mes enfants manifestait une curiosité pour le vin lors d’un repas, je lui permettais d’en prendre une petite gorgée, voire un petit verre selon son âge. Je ne dévoilerai pas l’âge en question étant donné que c’est à chaque parent de prendre ses décisions par rapport à l’alcool.
Sauf que depuis quelque temps, je me pose pas mal de questions sur «l’apprentissage» de l’alcool. Est-ce que c’est bien d’initier un adolescent à une substance qui, potentiellement, peut mener à une dépendance ou qui — on s’en rend compte de plus en plus — peut favoriser le développement de plusieurs types de cancers? Quel message suis-je en train de lui envoyer? Quelles habitudes de vie suis-je en train de lui inculquer?
Est-ce que, même si c’est légal, je fumerais un joint avec ma fille de 16 ans? La réponse est non. Alors pourquoi est-ce que je trouve ça correct de partager avec elle un ou deux verres de bulles au jour de l’An? Je ne dis pas que c’est mal de faire tout ça. Simplement, j’éprouve désormais un malaise que je n’avais pas avant.
Ma perception de l’alcool a changé et mes habitudes de consommations aussi. Je n’ai pas envie que mes enfants associent plaisir et alcool autant que l’ont fait les générations qui leur ont précédé. J’ai le goût qu’il soit normal, pour ma progéniture, de concevoir une fête ou un moment entre amis sans qu’il y ait nécessairement d’alcool au menu.
Pour moi, c’est difficile. J’ai très tôt assimilé qu’alcool et activités sociales allaient de pair. J’ai toujours l’impression, lors d’une soirée, que ça va être «moins le fun» si on ne boit pas. Je travaille vraiment là-dessus. Et j’aimerais qu’il en soit autrement pour mes trois enfants.
Je lisais récemment que moins un enfant est initié tôt à l’alcool, moins il risque de développer de comportements problématiques par rapport à celui-ci. Les chiffres sont significatifs et la probabilité de développer une dépendance diminue avec l’âge auquel l’adolescent aura ses premiers contacts avec l’alcool.
Je ne crois pas qu’interdire complètement l’alcool soit cependant une bonne idée. Un: ça peut faire l’effet contraire et donner envie aux esprits rebelles d’essayer de boire encore plus. Deux: ça encourage la consommation en cachette, donc ça augmente les risques. Trois: ça peut placer notre ado dans une situation où il se mettra en danger, car il craint notre réaction.
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Il est selon moi possible d’apprendre à nos enfants à consommer de façon modérée et à adopter des comportements responsables. Comme pour l’alimentation ou le sport, nous sommes le premier exemple et ceux-ci imiteront souvent les comportements observés au sein du foyer familial.
J’essaie de garder ça en tête quand, au détour d’un souper entre amis, la tentation de prendre le «verre de trop» se pointe à l’horizon ou que j’entends des gens qui, devant les ados, prétendent être «corrects pour prendre leur char».
L’une des raisons pour lesquelles je trouve ça important que l’alcool ne devienne pas un tabou dans ma maison, c’est la sécurité. La dernière chose que je voudrais, ce serait qu’un de mes enfants se retrouve en danger et état d’ébriété quelque part, et qu’il ait peur de m’appeler pour que je vienne le chercher. Ou pire encore, qu’il monte en voiture avec une personne sous influence à cause de cette même peur. Il est donc fondamental pour moi de garder la discussion sur l’alcool «ouverte» afin que ce type de scénario ne se produise pas.
Autrement dit, j’aime mieux me faire réveiller à deux heures du matin par mon enfant qui a consommé trop d’alcool à un trop jeune âge et qui me demande de venir le chercher à l’autre bout de la ville que de recevoir la visite de deux policiers qui viennent m’annoncer le pire.
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