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Échapper à mon écoanxiété en me plongeant dans les livres, c’est ça le programme. C’est toujours ça que je fais, quand je sens que je perds pied.
J’aurais pu parler de la fumée des feux de forêt qui, comme une chape de plomb, s’abat sur nous. Mais on dirait que je vais laisser ça aux scientifiques et spécialistes des changements climatiques et préférer me changer les idées.
Échapper à mon écoanxiété en me plongeant dans les livres, c’est ça le programme. C’est toujours ça que je fais, quand je sens que je perds pied. Je m’enfuis dans les livres des auteurices que j’aime et admire. Et, pour quelques heures, j’oublie tout. En plus, ils annoncent de la pluie.
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S’il y a un livre à lire cette année, c’est celui-ci. Lauréat du Prix littéraire des collégien-ne-s, la plume de Francis Ouellette est épatante. OK, les premières pages peuvent être déstabilisantes pour ceux et celles qui sont habitués à une prose plus classique, mais, très vite, on se laisse porter par la langue du Faubourg à la mélasse, dont l’écrivain est issu. C’est dur, c’est beau, c’est fort, c’est explosif. Comme les mots de Francis et l’histoire qu’il raconte. Son histoire.
La suite de Mélasse de fantaisie est publiée petit à petit dans les différents numéros du magazine l’Itinéraire. C’est original en plus de faire œuvre utile.
C’est peut-être parce que ça vient gratter un grand bobo collectif que ce roman m’a autant happée. Ça raconte l’histoire d’une jeune femme qui sombre dans l’exercice à outrance en tentant désespérément de sculpter son corps pour expier ses blessures et reprendre le contrôle de son existence (vous reconnaissez-vous?). En essayant de se «libérer», l’héroïne s’emprisonne davantage et court sur une piste sans fin. Si vous avez envie de passer un bon moment littéraire, bien qu’un brin anxiogène par moment, en réfléchissant au culte de l’apparence et de la célébrité en ligne, ce livre est pour vous.
Je le dis en partant, je connais Sébastien Diaz. C’est toujours délicat quand des gens que tu aimes sortent un livre. Tu te dis, «tout d’un coup que je n’aime pas ça, vas-tu falloir que je lui dise?». Mais moi j’ai un mantra dans mes relations de travail et d’amitié: si tu ne veux pas la réponse, ne me pose pas la question. Alors à savoir si j’ai aimé son premier roman, la réponse est oui. J’ai beaucoup apprécié ce livre, qui s’inscrit dans la littérature de genre. J’ai même eu peur par grand bout et j’ai allumé plus fort la lumière de ma table de chevet tant les personnages et l’intrigue d’Ils finiront bien par t’avoir sont efficaces. Il faut lire le roman en camping et s’abandonner à ce thriller étonnant. J’espère que ce ne sera pas le dernier roman de Sébastien Diaz.
Je suis en retard sur tout le monde quant à l’œuvre Jean-Philippe Baril Guérard. Je n’avais jamais lu un de ses livres avant cette année, et depuis, j’ai dévoré tous ses romans, que je vous conseille (Manuel de la vue sauvage est mon préféré). Si j’ai décidé de mettre l’accent sur Haute démolition, c’est que l’histoire colle à l’actualité. L’écrivain raconte l’histoire d’un humoriste de la relève qui, en pleine ascension, se retrouve au cœur de la crise générée par la vague de dénonciations du mouvement #metoo. Et comme on sait que le milieu de l’humour québécois a particulièrement été touché, disons que ça résonne fort.
Le roman a été adapté à la télévision.
J’ai tant aimé Nirliit, le précédent roman de Julianne Léveillée-Trudel. On y racontait le périple d’une jeune femme du sud jusqu’à Salluit, au Nunavut. Sept ans plus tard, l’écrivaine nous éblouit encore avec un roman sobre et lumineux, où on retrouve l’héroïne de Nirliit, qui retourne dans le nord pour donner des cours de poésie à des enfants. L’histoire est très réussie et dresse un portrait juste et humble, sans grandiloquence et sans pathos, d’une communauté qu’on préfère souvent ne pas voir ou s’imaginer comme bon nous semble.
Bonne lecture.