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On pourrait se croire dans un film de zombie, mais...
On pourrait se croire dans un film de zombie, mais en réalité, les bactéries qui causent le syndrome de la «bactérie mangeuse de chair» sont plutôt banales, même si elles disposent de pouvoirs particuliers.
C’est vrai, il s’agit réellement de bactéries courantes. On trouve en première ligne les streptocoques du groupe A, la cause fréquente (loin derrière les virus) de la pharyngite. Un second joueur est le staphylocoque doré, que plusieurs d’entre nous portent sur la peau sans s’en rendre compte.
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Toutes les deux peuvent vivre en « harmonie » avec les autres membres de la flore normale et en équilibre avec nos défenses immunitaires. Jusque-là, pas de problème.
Mais à l’intérieur d’une même famille, elles ne sont pas toutes égales entre elles : des variations génétiques rendent certaines souches plus virulentes — donc agressives — que d’autres. Certaines émettent aussi des toxines, véritables armes d’attaque qui détruisent les tissus.
En de tels cas, notre réponse immunitaire, fortement stimulée par la présence de ces bactéries dans les tissus, est contrecarrée parce que les transporteurs habituels (comme les petits vaisseaux sanguins) qui amènent nos troupes au front se nécrosent.
Ces toxines creusent de véritables tranchées de guerre, empêchant l’accès des globules blancs et anticorps aux bactéries. C’est là que tout peut partir en vrille.
Un autre facteur est circonstanciel. Sur une peau intacte, ces deux bactéries ne causent habituellement ni dommage ni symptôme.
Même dans une plaie ordinaire, qu’elles infectent souvent, le problème est d’ordinaire facile à soigner. Le vrai trouble arrive quand elles choisissent de s’attaquer aux tissus plus profonds, comme les enveloppes des muscles.
Le terme médical d’une attaque de « bactérie mangeuse de chair » est la « fasciite nécrosante », désignant une atteinte infectieuse de nos « fascias » qui enveloppent et protègent nos muscles.
Comme ces fascias requièrent peu de sang, moins de cellules défensives y montent la garde et moins d’anticorps y sont disponibles pour neutraliser les ennemis. Ce qui en fait un tissu plutôt vulnérable pour les infections bactériennes.
L’autre problème, c’est que l’infection d’un tel fascia peut d’abord passer inaperçue. La fasciite est secondaire à une blessure à la peau, par où la bactérie pénètre, 80 % du temps.
Sauf que l’infection peut se propager rapidement dans les tissus internes sans donner de signes externes visibles.
En présence d’une fasciite nécrosante, on pourrait ressentir une douleur musculaire localisée et rapidement progressive.
Les autres symptômes d’une infection courante l’accompagnent : fièvre, frisson, faiblesse — comme avec toute infection sérieuse. Des rougeurs à la peau, signes d’une atteinte des tissus plus superficiels, apparaissent éventuellement.
Face à de tels symptômes, une consultation urgente s’impose. L’infection profonde est confirmée par un scan des tissus mous, qui dévoile l’atteinte des fascias et des autres tissus profonds (muscles, tendons, etc.) affectés.
Comme avec toute infection bactérienne, des antibiotiques courants sont rapidement débutés pour limiter les dommages.
Mais de même que les défenses immunitaires se rendent mal jusqu’au foyer d’infection, il est parfois difficile pour les antibiotiques de pénétrer les tissus, leur efficacité étant alors limitée.
Dans bien des cas, une chirurgie s’impose. Le chirurgien doit retirer les tissus dévitalisés par l’agression bactérienne. Parfois, l’intervention requise extensive, menant hélas, dans certains cas, à l’amputation.
Habituellement, l’infection est contrôlée par la combinaison de ces traitements, et le patient atteint s’en sort très bien.
Ceux et celles qui ont été en contact avec la personne malade recevront des antibiotiques en prévention de l’infection, tout de même moins transmissible que les infections virales habituelles.
Quant à la situation actuelle de hausse des cas, elle s’explique peut-être par la circulation d’une souche plus virulente de la bactérie. Avant de s’inquiéter, il va falloir beaucoup plus de recul dans le temps.
Cela dit, si vous présentez des symptômes comme ceux décrits plus haut, n’hésitez pas à consulter rapidement!