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L’application, malgré qu’elle soit encore en développement et en période de tests, est déjà accessible à la population sherbrookoise. Elle est destinée d’abord et avant tout aux personnes qui se déplacent de la maison vers le lieu de travail, ou encore le lieu d’études et fonctionne avec un système de géolocalisation.
«Ça permet aux gens qui utilisent le transport durable d’être récompensés pour ces déplacements-là avec des points dans l’application», explique Jonathan Desroches-Pichette, chargé de projet en mobilité durable à la STS. «Au niveau des gaz à effet de serre, on peut aller chercher des gains et au niveau de la STS il y a des aspirations aussi à augmenter l’achalandage et à améliorer le service en comprenant mieux les habitudes des utilisateurs», poursuit-il.
Par exemple, un trajet aller-retour entre les bureaux de la STS, près du parc Blanchard, et l’Université de Sherbrooke permet de récolter une vingtaine de points, selon ses dires.
«C’est quatre points par kilomètre parcouru à la marche ou en vélo, ce qui est la meilleure économie de gaz à effet de serre, si on veut. Quand on prend l’autobus, on est à trois points par kilomètre», explique le chargé de projet.
Lorsqu’un utilisateur a accumulé suffisamment de points, il peut les échanger contre des cartes-cadeaux de commerçants locaux. L’un des défis avoués pour le succès à long terme du projet sera d’ailleurs de nouer plusieurs partenariats variés avec ces entreprises locales.
Et serait-il possible de croire que certaines personnes de mauvaise foi puissent tenter de déjouer l’application, par exemple en roulant très lentement en voiture et en faisant croire qu’il s’agit d’une marche ou d’un transport en vélo ?
«On s’est questionné pas mal là-dessus et on veut éviter ce genre de situation-là, répond-t-il. L’algorithme a vraiment été bien réfléchi pour analyser les sommets, les vallées, la vitesse par rapport aux différents déplacements qui peuvent être exécutés», poursuit le chargé de projet.
Pour le professeur spécialiste en urbanisme à l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche, l’idée du projet en soi n’est pas mauvaise. Il estime toutefois que les objectifs doivent être clairs et alignés sur la réduction du nombre de déplacements en véhicule.
«On donne des bonus pour ceux qui ont de bons comportements, plutôt que d’utiliser le malus, soit de mettre des contraintes à l’utilisation de l’automobile. C’est des politiques qui sont gentilles, mais souvent beaucoup moins efficaces, parfois même pas efficaces du tout», analyse M. Meloche.
«Ce qu’on cherche à faire, c’est des conversions. D’amener les gens à marcher, ou à prendre le vélo, le transport en commun, plutôt que la voiture. Si on fait juste multiplier les déplacements en transports en commun et à pied alors qu’on garde le même nombre de voitures, on aura juste gaspillé des fonds publics à la fin», pense-t-il. Le projet actuel, d’une valeur de 300 000$, a en effet bénéficié du soutien de la Ville de Sherbrooke et de la Fédération canadienne des municipalités.
Sondés près de la promenade du Lac-des-Nations, des citoyens de Sherbrooke avaient des opinions partagées quant aux chances de réussite d’un tel projet.
«Je ne pense pas que ça va changer grand-chose, car c’est quand même assez difficile de se promener à Sherbrooke d’un bout à l’autre», estime l’un d’entre eux. Une étudiante mise au fait de l’existence de l’application a toutefois estimé le contraire, se montrant intéressée à la télécharger.
«Honnêtement, je prends l’autobus tous les jours pour aller à l’école. C’est une bonne initiative justement pour éviter aux gens de prendre leur auto», croit-elle. Moins confiant, un troisième citoyen rencontré a dit croire qu’il faudrait d’importantes récompenses dans l’application mobile pour voir une différence. «Les gens qui voyagent en voiture, par exemple, ça leur en prendrait beaucoup pour modifier leur mode de transport», a-t-il argué.
«Je pense qu’il y a quand même peu d’initiatives qui existent pour venir vraiment encourager les gens à prendre l’autobus, d’aller au travail à la marche, à vélo, répond toutefois Jonathan Desroches-Pichette. Si on regarde les bénéfices pour la société en général, je pense que pour nous, c’est quand même clair qu’on peut aspirer à avoir des retombées vraiment positives avec ce projet-là», conclut-il.