Le cabinet Plante a organisé pour Noovo Info une visite dans l’un des pires immeubles acquis par la Ville en 2020 grâce à son droit de préemption. Il est situé dans Parc-Extension. Avant d’y entrer, il faut revêtir une combinaison, des couvre-chaussures, un masque N95 et un casque.
Janos Courville, chef de division de la Gestion immobilière à la Ville de Montréal a dirigé la visite. Il nous a d’abord prévenu de le suivre à la trace dans l’immeuble. «Il n’y pas de risque d’effondrement, mais je vous demanderais de ne pas toucher aux matériaux sur place, parce qu’il y a des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante ou du plomb.»

L’ancien espace à bureau a été détruit par les squatteurs. Il y a des trous les murs, des graffitis un peu partout et des fuites d’eau. Les conduites de plomberie et les fils électriques ont tous été arrachés. Son état est jugé «très mauvais»; il est barricadé et non chauffé.
Après la visite, le spécialiste explique que cet actif de la Ville est «rénovable», mais qu’il faudra de gros investissements. «On préserve son état d’origine jusqu’à ce qu’on trouve un projet.»
Des édifices sans projet, il y en a une quarantaine, mais ils ne sont pas tous dans ce piteux état. Par exemple, l’ancien couvent de Pierrefonds–Roxboro est chauffé depuis 13 ans et est pourtant jugé «salubre» et dans un état «moyen». Pour le responsable du dossier de l’itinérance, Robert Beaudry, la Ville doit avant tout trouver des partenaires.
«Quand on regarde ça on dit: "aille, ça, c’est vide, ça pourrait l’accueillir". Oui, on est en crise du logement et on a besoin de lieux appropriés, mais on a aussi besoin de soutien communautaire qui nous permette d’opérer les bâtiments», explique-t-il.
Pour M. Beaudry, l’un des meilleurs exemples de la réaffectation d’un édifice est celui de l’Accueil Bonneau. L’ancienne structure a été démolie pour construire du neuf. Le directeur général adjoint de l’organisme, Guillaume Lessard-Nadon, trouve qu'il est mieux pour les personnes en situation d’itinérance de se retrouver dans un nouvel endroit plutôt que dans du vieux, histoire de leur donner un nouveau souffle et de se «rebâtir» elles-mêmes.
«Les structures, les bases, n’étaient pas assez viables», à l'Accueil Bonneau, se souvient-il. «On a préféré tout détruire. Ça été un gros investissement de la Société d’habitation de Montréal, mais les gens sont heureux de vivre dans du neuf.»
Dans le contexte de la crise humanitaire actuel, était-ce une bonne idée de consacrer 330 000 $ stabiliser une écurie qualifée «en très mauvais état»? Robert Beaudry pense qu’étant donné que la Ville investit en logement social, il ne faut pas évacuer l’aspect patrimonial. «On a développé en urgence 1600 places avec le réseau de la santé», rappelle-t-il.
Noovo Info a cherché à connaître le montant de la facture d’électricité relative aux bâtiments chauffés par les taxes des contribuables. Nous attendons toujours une réponse.