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Le système de santé est-il prêt à faire face à cette recrudescence?
La réponse de deux experts étroitement liés à la clinique post-COVID à Sherbrooke laisse croire que le niveau de préparation n’est pas suffisant à l’heure actuelle.
«Avant même la venue d’Omicron, on était à capacité quand même assez limitée», a souligné le Dr Alain Piché, microbiologiste-infectiologue responsable de la clinique post-COVID de Sherbrooke, vendredi en entrevue avec Noovo Info. «Sans ressources additionnelles, ça va être difficile de prendre ces patients dans nos services. Déjà, notre temps d’attente est d’environ six à huit mois.»
«La réalité, c’est que nos services de réadaptation en milieu hospitalier ne seront jamais en mesure de s’occuper de ces patients de façon optimale avec le délestage», a ajouté Simon Décary, professeur et chercheur en réadaptation à l’Université de Sherbrooke. «En communauté, les soins ne sont pas encore organisés pour faire face à ça.»
Le Dr Piché et Simon Décary s’entendent pour dire que la COVID longue fait partie des angles morts de cette pandémie et que des actions concrètes doivent être prises très rapidement, car le nombre de patients atteints de symptômes sur une longue période risque de monter radicalement.
«À toutes les vagues de COVID, il y a, un mois plus tard, l’apparition de nouveaux cas de COVID longue», explique Simon Décary. «On sait qu’Omicron a un taux d’hospitalisation plus faible mais, étant donné qu’il y a énormément plus de cas, le nombre total d’hospitalisations est le même ou supérieur aux autres vagues.»
«Je m’attends un peu à la même logique concernant la COVID longue, avec un taux plus faible à cause de la protection vaccinale mais, étant donné le total, je m’attends à un nombre très élevé de patients avec la COVID longue», prévient-il.
Le ministère de la Santé rapportait vendredi 16 176 nouveaux cas, pour un total de 712 358 depuis le début de la pandémie.
«Si on a 14 000, 15 000 cas par jour, ce qui est probablement sous-estimé étant donné que, maintenant, beaucoup de monde utilise des tests rapides, on peut imaginer que, si on a peut-être 50% de ces gens-là dans un contexte de pire scénario, ça représente beaucoup de patients qui vont développer une longue COVID. C’est très préoccupant, effectivement», s’inquiète le Dr Piché.
La santé publique ne fait le compte des cas de COVID longue au Québec, mais Simon Décary assure qu’ils sont nombreux, «parce qu’on a des listes d’attente remplies.»
«Il faudra vraiment que le ministère [de la Santé] se penche sur la trajectoire de ces patients. On comprend que l’infection aigüe retient toute l’attention, […] mais il va falloir prendre en considération cette problématique dans les semaines, sinon les mois qui viennent», conclut pour sa part le Dr Alain Piché.
D’après un reportage d’Amélie Paquette pour Noovo Info