La jeune femme rappelle d’entrée de jeu qu’une fausse couche est un long processus. «Ça ne se déroule pas juste en une journée. Tu vas avoir des suivis avec tes médecins, ça nécessite des congés de maladie. Je les ai comptés, parce que ça commençait à faire vraiment beaucoup», confie-t-elle.
Et en plus du stress et des douleurs physiques, les émotions sont évidemment vives sur le plan psychologique, insiste Élisabeth.
«C'est dur, parce que tu avais la vie en toi, puis tu as la mort, puis après... plus rien.»
Rappelons d’ailleurs que les familles n'ont pas droit à un congé payé pour vivre leur deuil périnatal si la fausse couche survient avant 20 semaines. Dans ce cas de figure, les femmes ont droit à un congé de trois semaines sans solde ni prestations, donc un congé à leurs frais.
Pour un arrêt de grossesse subi après 20 semaines, les congés montent à 18 semaines et il est possible d’obtenir des prestations de maternité du Régime québécois d’assurance parentale.
«On te donne le droit de pleurer et de vivre ton mal, mais on ne reconnaît pas que tu as besoin de sécurité», déplore Élisabeth.
La présidente de l’association Parents orphelins, Anie Grondin, relève justement qu’un deuil ne se calcule pas en termes de semaines. «Ça se calcule avec la grandeur du rêve qu'on a, le désir d'enfant qu'on a», laisse-t-elle tomber.
Selon Mme Grondin, ce type de congé devrait plutôt s’apparenter à ceux de la CNESST. «Tu as un congé évalué et réévalué par un médecin. Il faudrait considérer les retours progressifs aussi. C’est pas vrai qu’on est en forme à 100%», avance-t-elle.
De son côté, la psychologue du travail et des organisations Sophie Meunier dénonce un certain mythe associant la gravité du deuil périnatal au moment où il s’est produit durant la grossesse.
«Ce qu'on voit dans nos études, c'est que les personnes qui vivent un décès périnatal plus précoce, par exemple une fausse couche vers 11 ou 12 semaines, peuvent vivre autant de détresse que de souffrance», soulève-t-elle.
Pour le reportage intégral, voyez la vidéo.