Début du contenu principal.
La Chine a suspendu un haut responsable militaire pendant qu'il fait l'objet d'une enquête, a annoncé jeudi le ministère de la Défense.
Ce responsable, Miao Hua, est directeur du Département du travail politique de la puissante Commission militaire centrale, qui supervise l'Armée populaire de libération (APL). Il est l'un des cinq membres de l'organe qui supervise la plus grande armée permanente du monde, en plus du dirigeant chinois Xi Jinping, qui dirige la commission.
Miao Hua fait l'objet d'une enquête pour «graves violations de la discipline», a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, ce qui fait généralement allusion à des problèmes de corruption.
Il s'agit du troisième remaniement majeur récent de l'appareil de défense chinois. En juin dernier, la Chine a annoncé que l'ancien ministre de la Défense, Li Shangfu, et son prédécesseur, Wei Fenghe, étaient accusés de corruption et expulsés du parti. Ils faisaient l'objet d'une enquête pour corruption et pots-de-vin, après avoir initialement été suspendus.
L'enquête de haut niveau ne devrait toutefois pas avoir de conséquences significatives, compte tenu de la mainmise de Xi Jinping sur le pouvoir.
«La plupart des pays subiraient au moins un certain préjudice en termes de réputation internationale si des purges de personnel aussi fréquentes et de hauts niveaux avaient lieu dans leurs propres forces armées – mais la République populaire de Chine n’est pas un pays ordinaire», a expliqué par courriel James Char, chercheur à l’Institut de défense et d’études stratégiques de l’Université technologique de Nanyang, à Singapour. «Ces purges peuvent se poursuivre tant que leur commandant en chef les approuve.»
Au cours de son premier mandat en tant que secrétaire du parti, Xi Jinping s'est fait connaître pour sa campagne de plusieurs années contre la corruption qui a entraîné la chute de nombreux rivaux politiques de haut rang et des milliers de fonctionnaires. Cela a conduit certains à alléguer une purge généralisée des officiers soupçonnés de conspirer avec des forces extérieures ou simplement de ne pas être suffisamment loyaux envers Xi Jinping.
L'engagement de Xi Jinping dans sa campagne anticorruption s’est poursuivi tout au long de son règne. Les officiers de haut rang occupent une position élevée dans la politique chinoise et peuvent bénéficier de privilèges considérables, officiels ou non.
La mise en examen de Miao Hua intervient après que le «Financial Times» a rapporté que le ministre de la Défense, Dong Jun, faisait l'objet d'une enquête pour corruption.
La position de Miao Hua au sein de la commission, qui est un comité du Parti communiste chinois, surpasse celle de Dong Jun et de quiconque occupant le poste de ministre de la Défense, car les postes du Parti communiste sont plus puissants que les institutions gouvernementales en Chine.
Une éventuelle enquête sur la corruption ne serait pas une surprise, compte tenu de l'histoire de l'APL, estiment les experts.
Dans les années 1990, l'APL a été autorisée à gérer des entreprises alors que le pays s'ouvrait pendant la période de «réforme et d'ouverture», lorsque la Chine a mis fin à bon nombre de ses politiques économiques prévues et est passée à une économie davantage fondée sur le marché.
Miao Hua a gravi les échelons du département politique de l'armée et a servi comme commissaire politique de la marine de l'APL. Il était déjà assez haut placé avant l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012.
«Si l'enquête porte sur la corruption, elle n'est pas en décalage avec les attentes des gens», a indiqué Tiehlin Yan, directeur adjoint du Centre d'études de sécurité de Taiwan, qui a étudié l'APL. «Il est très difficile pour quiconque de ne pas avoir de défauts si vous étiez un cadre intermédiaire ou supérieur dans les années 1990.»
Dong Jun ne fait l’objet d’aucune enquête, a souligné le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, qui a qualifié le rapport du journal de «pure invention».
En réponse à une question sur l’identité du ministre chinois de la Défense, Wu Qian a souri et a levé les mains en haussant les épaules. «Pourquoi posez-vous cette question absurde ? Je viens de le dire plusieurs fois: ministre Dong Jun.»