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Politique

Trudeau rencontrera les premiers ministres pour discuter des tarifs de Trump

La rencontre sera virtuelle et aura lieu mercredi à 17 h, a indiqué une source gouvernementale fédérale.

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Michel Saba
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Michel Saba / La Presse canadienne

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé mardi qu'il convoque une réunion avec les premiers ministres des provinces pour adopter une réponse «Équipe Canada» à la menace de Donald Trump d'imposer de lourds tarifs sur les importations canadiennes et mexicaines. Et en soirée, la Chambre des communes en discutera lors d'un débat d'urgence.

«On doit travailler ensemble pour défendre les intérêts des Canadiens. On a déjà fait ça, on peut faire ça et on va le faire de façon responsable», a déclaré le premier ministre canadien à son arrivée au parlement, mardi matin.

La rencontre sera virtuelle et aura lieu mercredi à 17 h, a indiqué une source gouvernementale fédérale.

M. Trudeau a soutenu qu'il avait eu «un bon appel» avec le président désigné des États-Unis, lundi soir, soulignant les «relations positives» entre les deux pays. M. Trump avait indiqué quelques minutes avant la conversation que les tarifs s'inscrivent dans le cadre de ses efforts pour lutter contre l’immigration illégale et la drogue.

Le premier ministre Trudeau s'est également entretenu avec ses homologues de l'Ontario, Doug Ford, et du Québec, François Legault.

En point de presse, mardi, le premier ministre du Québec, François Legault, a affirmé que les craintes de M. Trump en matière d'immigration sont «légitimes» même si «le problème est beaucoup plus important sur la frontière du Mexique». Selon lui, l'intégrité de la frontière doit être la priorité d'Ottawa.

Son vis-à-vis ontarien a soutenu que le Canada n'aura d'autre choix que de riposter aux Américains si M. Trump met sa menace à exécution. Il a aussi affirmé que le Canada doit en faire davantage au niveau de la sécurité de la frontière, comme en donnant plus de ressources à l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

Au cours de la première présidence de M. Trump, le gouvernement Trudeau avait riposté «dollar pour dollar» aux tarifs imposés aux importations canadiennes d'acier et d'aluminium, a rappelé à Ottawa la vice-première ministre Chrystia Freeland.

«C'était un moment difficile pour notre pays, a dit Mme Freeland. Mais on était unis et nos mesures de représailles étaient efficaces. En bout de ligne, le Canada a réussi à avoir une entente avec les États-Unis et les tarifs des deux côtés de la frontière n'étaient plus en place.»

À ses côtés, le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a soutenu qu'il donnerait tous les moyens nécessaires à l'ASFC et à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour maintenir la sécurité à la jonction entre les États-Unis et le Canada.

«La ministre des Finances et moi sommes d'accord pour ajouter de nouvelles technologies, que ce soit des drones, que ce soit d'autres façons de surveiller la frontière, de donner le personnel nécessaire à la GRC et les services frontaliers, comme nous l'avons déjà fait», a-t-il indiqué.

À voir aussi : Victoire de Trump: des centaines d'entreprises de Québec sonnent l'alarme

«Un appel Zoom», raille Poilievre

Le sujet a explosé à la période des questions en après-midi. Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a reproché au gouvernement Trudeau de n'avoir comme seul plan qu'«un appel Zoom».

M. Trudeau lui a répondu coup sur coup que «plutôt que de paniquer et de se rabattre sur des slogans comme le chef de l'opposition, nous avons retroussé nos manches et nous sommes mis au travail».

En répondant un peu plus tôt à une poignée de questions de la presse parlementaire, M. Poilievre s'est dit prêt à riposter «si nécessaire» à des tarifs américains dans le cas où il serait premier ministre du Canada.

Disant vouloir offrir des «propositions non partisanes» pour que le Canada réponde au futur président américain, il a demandé dans un long monologue à M. Trudeau de «renverser toutes ses augmentations de taxes et impôts», incluant la hausse de la tarification sur le carbone.

Il appelle aussi M. Trudeau à investir davantage dans l'armée et à accélérer l'approbation de projets gaziers et pétroliers «pour pouvoir être plus autosuffisant».

Au Bloc québécois, le porte-parole en matière de commerce international, Simon-Pierre Savard-Tremblay, a réclamé que M. Trudeau présente «une démarche claire» pour protéger l'économie québécoise, notamment celles du bois, de l'aluminium et de l'aérospatiale, et qu'il protège la gestion de l'offre de toute négociation commerciale.

La formation exige aussi qu'Ottawa «corrige sa passoire de frontière» d'ici l'entrée en fonction de Donald Trump, en janvier. «Aujourd'hui, le fruit de l'inaction du premier ministre, c'est les tarifs de 25 % qui menacent l'économie du Québec», a-t-il reproché.

Au Nouveau Parti démocratique, le chef Jagmeet Singh a reproché au premier ministre d'avoir «préféré fermer les yeux et dire que tout allait bien» alors que M. Trump avait annoncé ses couleurs. «Des milliers d'emplois sont en jeu. Pourquoi il est resté les bras croisés face à la menace de Donald Trump?» a-t-il lancé.

Un peu plus tôt, les ministres qui arrivaient à la réunion du cabinet ont plaidé que les préoccupations de M. Trump ne sont pas fondées, tout en jugeant que sa menace ne doit pas être prise à la légère.

Le ministre de l'Industrie, François-Philippe Champagne, a appelé à «éviter de faire des amalgames» entre les frontières du Mexique et du Canada.

M. Champagne a insisté sur le fait que des forces de l'ordre sont présentes à la frontière. Il a du même souffle reconnu que le Canada et les États-Unis ont «un intérêt commun (...) à arrêter ce trafic-là qu’on peut constater», sans toutefois préciser sa pensée.

Son collègue ministre de l'Immigration, Marc Miller, a plaidé que les enjeux migratoires survenant en une année entière à la frontière canado-américaine sont «l'équivalent d'un week-end important à la frontière mexicaine». Il a signalé avoir lui aussi «des revendications» quant à la manière dont les Américains gèrent leurs propres frontières.

Quant aux menaces de tarifs, M. Miller appelle à les prendre au «sérieux», même si cela pourrait être un prétexte pour négocier. «Un tarif de 25 %, ça a la capacité de faire du mal au Canada. Ça va faire du mal aux Américains, a-t-il dit. Avec nos économies qui sont intégrées, ils vont se tirer dans le pied, puis à répétition d'ailleurs.»

Le ministre du Logement, Sean Fraser, a pour sa part expliqué qu'à l'heure actuelle, le gouvernement canadien travaille à «tendre la main» à ses contacts aux États-Unis.

«Les Canadiens et les Américains des deux côtés de la frontière veulent s’assurer d’avoir des frontières renforcées qui favorisent l’intégrité, mais qui permettent également la libre circulation des personnes qui alimentent notre économie, ainsi que le commerce entre les entreprises des deux côtés de la frontière», a-t-il expliqué.

- Avec des informations d'Émilie Bergeron

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