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Québec passe à l'action et interdira la vente des produits de vapotage comportant une saveur ou arôme autre que celle du tabac, a annoncé le ministère de la Santé mercredi.
Québec passe à l'action et interdira la vente des produits de vapotage comportant une saveur ou arôme autre que celle du tabac, a annoncé le ministère de la Santé mercredi.
Avec cette nouvelle mesure, le gouvernement Legault estime que les populations, principalement les plus jeunes, qui sont davantage vulnérables aux effets nocifs du vapotage et du tabagisme seront mieux protégées.
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Les changements nécessiteront une modification du règlement d'application de la Loi concernant la lutte contre le tabagisme. La publication du règlement sera suivie d'une période de consultations de 45 jours.
Outre l'interdiction des saveurs dans les produits de vapotage, Québec entend aussi limiter à 20 mg/mL la concentration maximale en nicotine dans les vapoteuses en plus de restreindre la capacité des réservoirs et des capsules à 2 mL et le volume maximal des contenants de recharge de liquides à vapoter à 30 mL.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, affirment que ce projet de règlement fait suite aux recommandations du groupe spécial d'intervention sur le vapotage, notamment composé de représentants de divers ministères et organismes gouvernementaux, de l'Institut national de santé publique (INSPQ), de cliniciens et de directeurs de santé publique.
Des données citées par le gouvernement du Québec démontrent que l'usage des produits de vapotage chez les jeunes est en hausse. La proportion des jeunes ayant vapoté dans les 30 jours ayant précédé une enquête a quintuplé en six ans, de 4 % en 2013 à 21 % en 2019.
Il se trouvera peu d'intervenants des milieux de la santé et communautaire pour décrier l'annonce. La Société canadienne du cancer (SCC), le Conseil québécois sur le tabac et la santé et la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) sont parmi les groupes qui sont sortis publiquement pour mettre la population en garde sur les effets néfastes des produits de vapotage avec des saveurs ou encore presser Québec d'agir.
Appuyés par des données en provenance de Statistique Canada, certains de ces groupes dénoncent le fait que le vapotage crée davantage de nouveaux accros qu’il n’aide d’anciens fumeurs à décrocher. Selon les chiffres, entre 2017 et 2021, on dénombrait une hausse de 48 700 anciens fumeurs ayant décidé de se tourner vers les vapoteuses. Or, au cours de la même période, ce sont 61 500 non-fumeurs qui ont succombé au charme des saveurs et du marketing de l’industrie de la cigarette électronique.
Jusqu'ici, il n'existait aucun permis particulier pour vendre au détail des produits du tabac ou de vapotage. Le gouvernement Legault a reçu de la pression de l'opposition officielle pour agir prestement, de la part d'Enrico Ciccone, porte-parole libéral en matière de Saines habitudes de vie.
Quant aux opposants à la mesure, qui invoquent constamment le fait que le vapotage est aussi reconnu comme une aide à la cessation tabagique, Christian Dubé répond que le tabac lui-même est passé par le même chemin: «rappelez-vous la question du menthol il y a quelques années. Il y avait le menthol, il y avait les petits cigares aux cerises, etc., et ç'a été vu comme la bonne mesure à faire d'enlever cet attrait-là par de fausses saveurs pour les gens qui avaient besoin peut-être d'arrêter de fumer», a-t-il fait valoir, en invoquant aussi les diverses mesures et programmes déjà en place.
Christian Dubé reconnaît que les défenseurs des saveurs dans le vapotage, derrière qui se cachent les cigarettiers, ont livré une intense partie de bras de fer dans l'espoir de bloquer cette décision: «C'est excessivement payant pour les lobbys de cigarettes de s'adjoindre avec le vapotage, parce que c'est une façon d'encourager les nouveaux fumeurs. Alors c'est normal qu'il y ait du lobby», a-t-il simplement affirmé.