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La coordination entre la GRC et les corps policiers municipaux pendant le massacre a été un point litigieux pendant l’enquête.
Le chef de la police régionale de Halifax a déclaré que sa proposition d'envoyer des agents pour soutenir la réponse de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) lors de la fusillade de masse d'avril 2020 avait été rejetée, même après que des officiers tactiques supérieurs de la ville eurent fait pression pour que la force policière envoie de l'aide.
Dan Kinsella a témoigné jeudi à l'enquête publique sur les circonstances des meurtres de 22 personnes par un homme armé conduisant une réplique de voiture de police dans la province les 18 et 19 avril 2020.
M. Kinsella a mentionné qu'il avait téléphoné à la surintendante Janis Gray qui était responsable de la GRC dans la région de Halifax, pour offrir son aide le 19 avril vers 8h00. Il a dit avoir demandé : «comment pouvons-nous aider?» et il a indiqué que Mme Gray avait répondu que la GRC le lui ferait savoir.
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il avait attendu jusqu'à 8h00 ce matin-là pour appeler la GRC, M. Kinsella a répondu : «J'ai cru comprendre que l'offre avait été faite plus tôt par le chef de quart de la police de Halifax, l'officier de service qui communiquait avec les officiers de la GRC sur le terrain.»
M. Kinsella a déclaré que l'offre pour de l'assistance était ouverte, mais «vous ne pouvez pas simplement monter dans votre voiture et vous rendre sur les lieux». Il a ajouté que ce n'est pas une bonne façon de faire pour la police.
Le chef de la police a dit avoir téléphoné une deuxième fois pour offrir de l'aide après que le tireur a été tué dans une station-service à Enfield, en Nouvelle-Écosse, et on lui a de nouveau mentionné que l'aide de la force policière n'était pas requise immédiatement.
M. Kinsella a également été confronté à des questions sur la pertinence de la réponse de la police de Halifax, à la suite des commentaires critiques d'un sergent maintenant à la retraite qui faisait partie de l'équipe d'intervention d'urgence de la police de Halifax, connue sous le nom d'ERT. Dans une entrevue de septembre 2021 entre des avocats de l'enquête et Charles Naugle, qui travaillait avec l'ERT pendant le carnage, il a déclaré que la police de Halifax n'avait pas fait assez pour répondre aux tirs.
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«C'est frustrant au-delà de toute croyance que nous n'ayons pas essayé; nous n'avons pas essayé du tout, et je le dirai à tous ceux qui veulent demander», a réitéré Charles Naugle.
Un autre officier tactique de la police de Halifax, Brock Brooks, a indiqué dans un courriel daté d'avril 2020, puis publié par l'enquête, que les membres d'ERT semblaient simplement compter sur le décès du tireur Gabriel Wortman.
M. Kinsella a déclaré qu'il n'était pas d'accord avec le fait que la police de Halifax n'avait pas essayé. «Nous faisions un certain nombre de choses que la GRC nous avait demandé de faire dans la région de Halifax», a-t-il affirmé.
«En fait, nous avons fait tout ce qu'on nous demandait». Il a dit que la police de Halifax avait envoyé des agents pour garder plusieurs maisons et membres de la famille, comme l'avait demandé la GRC. M. Naugle a mentionné qu'il a fallu se battre pour obtenir des ressources et du personnel supplémentaire pour la réponse à la fusillade active et que ses demandes d'aide ont été refusées.
La coordination entre la GRC et les corps policiers municipaux pendant le massacre a été un point litigieux pendant l'enquête.
Plus tôt dans son témoignage, M. Kinsella a soutenu qu'il n'était pas au courant des informations faisant état d'une guerre de territoire entre ses forces de police et la GRC.
Il a également été interrogé sur un «rapport sur le mieux-être» de septembre 2021 commandé par la GRC et complété par un groupe de consultants établi à Ottawa. Le rapport soulignait que le personnel de la GRC avait déclaré qu'il y avait une «bataille de territoire» en cours au sujet du contrôle opérationnel et du financement entre la Police régionale de Halifax et la GRC de la Nouvelle-Écosse.
Selon une version caviardée du rapport publié lors de l'enquête, le personnel de la GRC de la Nouvelle-Écosse a signalé des «dysfonctionnements majeurs» avant la cavale meurtrière.
Le rapport indique que plusieurs participants interrogés ont affirmé que les membres de la GRC faisaient de leur mieux pour établir un partenariat avec la police de Halifax, mais que les dirigeants de ce service policier faisaient tout en leur pouvoir pour miner et rompre la relation avec la GRC afin d'avoir accès à plus de ressources de la municipalité et de la province.
M. Kinsella a déclaré qu'il n'avait pris connaissance du rapport que récemment et qu'il aurait souhaité le lire au moment de sa publication. Il a ajouté qu'il savait que l'unité de police intégrée - dans laquelle les agents de Halifax et la GRC travaillent ensemble – «n'est pas parfaite». Le chef policier a dit que s'il avait été au courant de ces plaintes, il aurait entamé une discussion avec la GRC pour tenter d'améliorer la relation.
Lors de son témoignage mardi, la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, a déclaré qu'elle ignorait que le rapport sur le mieux-être était terminé et qu'elle avait vu le rapport pour la première fois en juin de cette année.
Dan Kinsella a été assigné à comparaître à la mi-juillet devant la commission. Normalement, les principaux chefs de police qui ont témoigné ont participé à de longs entretiens préliminaires avec les avocats de la commission. Cependant, M. Kinsella a annulé trois entretiens prévus avec les avocats de l'enquête publique.
L'avocate de l'enquête, Rachel Young, a déclaré dans une lettre du 13 juillet à l'avocat de la municipalité que les décisions de M. Kinsella avaient été une «occasion manquée de contribuer à une conversation sur la sécurité publique».
Lundi, la commandante à la retraite de la GRC pour la province, Lee Bergerman, s'est fait demander si des problèmes d'organisation entre la GRC et la police municipale avaient eu une incidence sur la réaction de la police à la tuerie. Elle a répondu «non».
À la suite de la tragédie, «il est devenu évident qu'il valait mieux se distancier de la GRC parce que nous recevions beaucoup de critiques publiques», a déclaré Mme Bergerman.
Selon elle, les pressions exercées par la GRC pour établir des normes de police à l'échelle de la province «ont créé un fossé entre la GRC, le ministère de la Justice et les services de police municipaux».
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi cela causerait des tensions, Mme Bergerman a répondu qu'il fallait poser la question à un chef de police municipale. Elle a cependant souligné que les normes de la police provinciale exigeraient probablement que les municipalités disposent d'unités de police spécialisées, ce qui pourrait être «coûteux».