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C’est de cette manière que la ministre des Transports a réagi à l’avertissement des municipalités, qui craignent devoir faire fermer le service de métro après 23h pour faire face à une éventuelle réduction du financement du transport en commun.
«Si on met l’argent dans le déficit de transport, je le prends où? Je coupe où? Dans le logement? Dans les services publics? Dans la santé publique? Dans les équipes mixtes qu’on paie à Montréal pour les ressources psychosociales dans la police?»
C’est de cette manière que la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a réagi à l’avertissement de la Ville de Montréal et d’autres municipalités, qui craignent devoir faire fermer le service de métro après 23h pour faire face à une éventuelle réduction du financement du transport en commun par le gouvernement du Québec.
La ministre Guilbault trouve «qu’il y a des manières d’économiser de l’argent ou de revoir la manière de gérer les opérations, l’organisation et les ressources humaines avant d’en arriver à fermer le métro». En d’autres mots, le gouvernement Legault estime que si la Société des transports de Montréal (STM) et les autres entreprises de transport en commun ont des «déficits structurels», elles doivent en assumer la responsabilité. Québec maintient que les municipalités sont responsables du transport collectif.
«Vous demandez si on doit fermer le métro, couper dans le gras, renvoyer des gens, geler des salaires… Ce n’est pas moi qui décide!» a lancé Mme Guilbault vendredi en marge d’une annonce en lien avec Mobilité Montréal.
«Vous voyez les négociations avec le Front commun et le secteur public», a-t-elle continué.« On a déjà énormément de dépenses au gouvernement. On a déjà des postes budgétaires importants en termes de prestations de services aux citoyens. Est-ce qu’on doit en plus éponger des déficits d’organisation qui ne relèvent même pas de nous?»
«À quel point le gouvernement doit éponger des déficits d’organisation qui ne relèvent pas lui et sur lesquels il n’a aucun contrôle de gestion?»
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Ceci dit, la ministre Guilbault avance que son cabinet est «au rendez-vous» dans cette situation difficile. Actuellement, le gouvernement propose une enveloppe d'environ 500 millions de dollars pour aider les sociétés de transport collectif, ce qui permettrait d'éponger environ le cinquième de leur déficit appréhendé sur cinq ans.
Dans un scénario révélé jeudi par Radio-Canada et La Presse, certaines sociétés de transport ont averti qu'elles seraient forcées de réduire la fréquence de passages de certaines lignes d'autobus en l'absence d'une aide supplémentaire de Québec. Les déficits du service actuel pourraient cumuler 2,5 milliards $ dans cinq ans si rien n'est fait.
«On trouve ça très important le transport collectif, la mobilité durable, en particulier à Montréal et dans les alentours», d’où la volonté du ministère des Transports de pallier pour le trou dans les revenus usagers. La première offre, déposée le 13 octobre, proposait de pallier les 150 millions de dollars «manquants», puisque l’achalandage dans les transports en commun a repris en moyenne à 80% dans la communauté métropolitaine de Montréal au retour de la pandémie.
«Après ça, on tombe dans les déficits structurels, liés à des salaires augmentés, à des décisions opérationnelles de gestion, pour lesquels le gouvernement n’est ni consulté ni concerné», a dit Mme Guilbault. «Ce sont des décisions qui se prennent en toute indépendance du gouvernement.»
«Il y a des déficits et on s’attend à ce que le gouvernement vienne payer. Tsé, je veux dire…», a dit la ministre.
Mme Guilbault a indiqué que le gouvernement Legault avait reçu une contre-offre le 24 octobre, et qu’une nouvelle proposition gouvernementale viendra.
Pour l’heure, «on ne s’entend pas sur le montant du déficit». «Nous, on évalue le déficit à 424 millions de dollars cette année», a déclaré la ministre, mais elle se dit «convaincue qu’on va trouver un terrain d’entente».
«De toute façon, on n’aura pas le choix», a-t-elle commenté. Et ce n’est que le début.
Pour l'organisme Vivre en ville, qui contribue au développement de collectivités viables à l'échelle du Québec, l'achalandage dans le transport au Québec est pourtant revenu à des niveaux plus qu'acceptables, et il est normal aux yeux du directeur des affaires publiques, Samuel-Pagé Plouffe, qu'il y ait un rattrapage financier après le trou de la pandémie.
«Ce qu’il y a sur la table présentement, c’est franchement une catastrophe», croit M. Pagé-Plouffe, comme il l'a déclaré en entrevue avec la cheffe d'antenne Marie-Christine Bergeron au bulletin Noovo Info 17. «Vous savez, dans les années 1990, il y a eu la réforme Ryan, où le gouvernement s’est complètement retiré du financement des opérations de transport en commun.»
«Les conséquences ont été une diminution de l’offre de services et de l’achalandage», a continué le DG de Vivre en ville. «On avait donc une espèce de cercle vicieux où on a eu un recul majeur des services de transport en commun. On a peur de se retrouver dans la même situation.
L'organisme craint qu'on se base actuellement sur les transports en commun pour construire des quartiers, «mais qu'on ne pourra pas les desservir».
Avec de l'information de La Presse canadienne.