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«Le premier ministre Legault ne peut plus fermer les yeux devant la situation», a dit Marjolaine Étienne.
Une centaine de femmes de différentes nations et communautés autochtones se sont rassemblées samedi devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la discrimination et le racisme systémique envers les personnes autochtones – en particulier, les femmes – et pour exhorter le gouvernement du Québec à adopter le Principe de Joyce.
Marjolaine Étienne, la présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), a affirmé que la mobilisation s’inscrivait dans une «démarche de réconciliation» entre les communautés autochtones et allochtones.
«Ce sont des témoignages de femmes, et pas seulement une, mais de nombreuses femmes provenant de différentes nations et communautés à travers la province. [...] Il va falloir travailler sur la source du problème pour assurer la sécurité de l’ensemble des personnes autochtones», a-t-elle déclaré en entrevue.
«Le premier ministre Legault ne peut plus fermer les yeux devant la situation. Il doit reconnaître l’existence du racisme systémique et adopter le Principe de Joyce, la qualité de nos vies et celles des générations suivantes en dépendent», a-t-elle ajouté dans son discours.
Crédit photo: Femmes autochtones du Québec
La publication de plusieurs rapports relevant des traitements discriminatoires envers les femmes autochtones au sein du système de santé illustre aussi, selon elle, le problème du racisme systémique. Le plus récent, datant du 25 novembre, recense d’ailleurs plus d’une vingtaine de femmes ayant été victimes de stérilisation imposée et de violences obstétricales au cours des dernières décennies.
«Malheureusement, c’est un rapport parmi tant d’autres: on a le rapport du coroner [de Joyce Echaquan], le rapport sur la loi 79 pour les enfants décédés ou disparus, la Commission Viens... Si l’on rassemble tous ces rapports-là, qui mentionnent souvent une discrimination systémique, on constate plusieurs recommandations qui doivent être appliquées à l’ensemble de la société québécoise», a souligné Mme Étienne.
Dans un effort de mettre en lumière la réalité des femmes autochtones, des femmes de partout à travers la province se sont donc présentées pour revendiquer, entre autres, un meilleur traitement au sein du milieu hospitalier. Certaines ont même pris l’avion et d’autres ont conduit pendant près de 10h pour participer à la mobilisation.
«Pour la mémoire de Joyce, jamais nous n’abandonnerons la mission qu’elle nous a laissé en héritage, à nous tous. Son cri, jamais il ne se perdra. C’est unis, ensemble, que nous devons travailler. Le chemin ne sera pas facile, mais il est possible. Nos cultures doivent retrouver le respect et la dignité, c’est le fondement de nos valeurs. Le premier ministre doit reconnaître que le racisme systémique existe et qu’il doit disparaitre pour permettre à nos peuples de recevoir en toute humanité les services auxquels nous avons tous droit», a rappelé Diane Dubé, mère de Joyce Echaquan, lors de son discours au rassemblement.
Le rassemblement de l’organisme FAQ visait également à enjoindre le gouvernement québécois à adopter le Principe de Joyce afin de «garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle».
«La reconnaissance du Principe de Joyce est une condition absolument essentielle pour s’assurer que toute la gamme de services soit égalitaire et équitable pour tous et toutes. C'est une lutte que nous devons mener ensemble pour la justice sociale, mais aussi pour la reconnaissance de nos droits en tant qu'êtres humains. Le racisme systémique existe bel et bien et cela doit d'abord être reconnu afin d'apporter de réels changements au niveau du gouvernement et dans l'ensemble de la société québécoise», a déclaré dans son discours, Sipi Flamand, Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan et porteur du Principe de Joyce.
Ce principe avait vu le jour à la suite du décès de Joyce Echaquan, le 28 septembre 2020, au centre hospitalier de Joliette, près de la communauté atikamekw de Manawan.
C'est pourquoi les FAQ invitent toute la population à signer une pétition pour porter ses revendications devant l'Assemblée nationale. Elle sera présentée aux élus par la députée et co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, en mars 2023.